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Le matin Ludmilla est à la fois nerveuse et excitée en pensant à ce qui l’attends. Elle prépare son sac, et prend le volant. Il fait beau, elle roule en regardant la campagne, surveillant le GPS et l’heure, comme si l’heure avait une importance et qu’elle risque d’être en retard ! Elle a promis d’arriver dans la matinée et d’être là pour le repas du midi, mais elle sait très bien que personne ne regarde sa montre pour savoir où elle en est !

Elle se trompe pourtant ! Alors qu’elle s’arrête sur une aire pour un besoin bien naturel (si elle était moins nerveuse, elle n’aurait pas envie tous les quart d’heure) son portable sonne. C’est Enguerran !

Il lui demande si elle a n’a pas de problèmes, si elle a bien compris ses explications, et à quelle heure elle arrive. Elle lui réponds que le GPS lui promet d’arriver à 11 h. Enguerran lui dit bonne route et lui dit de ne pas hésiter à appeler si elle se perd en arrivant au village.

En remontant en voiture, Ludmilla est toute guillerette ! Il pense à elle ! Il l’attends !

Elle trouve sans difficulté l’ancienne ferme. Elle entre dans une grande cour fermée par un mur, où sont déjà garés plusieurs véhicules. Elle voit des enfants courir partout, des adultes qui discutent. Elle descend de sa voiture un peu intimidée, cherchant des yeux la chevelure rousse de Carola, cherchant quelqu’un pour l’accueillir. Car tous ceux qui sont présents, ont jeté un œil curieux vers elle, puis sont repartis à leurs occupations. Enfin occupations, façon de parler, à part parler entre eux et surveiller les enfants, les invités n’ont pas l’air très occupés !

Ludmilla râle intérieurement ! N’importe quoi ! À leur place je viendrais me voir, en me disant, venez je vous emmène voir la maîtresse de maison, ou au pire, je me crierai : bonjour, je vais chercher Carola ou Cunégonde, que sais-je !
En tout cas je ne ferai pas comme si je n’existais pas !

Quelle éducation ! conclue t-elle.

Mais visiblement une femme assez corpulente vient vers Ludmilla.

- Bonjour, vous êtes Ludmilla ? Vous travaillez avec mon gendre, c’est bien ça ! Je suis la mère de Carola ! Venez nous sommes tous derrière la maison, il y a plus de soleil pour le barbecue.

Carola suit l’épicière. Elle a pris son sac de voyage avec elle et se demande si elle n’aurait pas du le laisser dans le coffre en attendant de savoir où elle va dormir.

Les deux femmes traversent la maison, et sortent par la porte de la cuisine. Là Enguerran vient faire la bise à Ludmilla :

- Désolé ! Je ne t’ai pas entendu arriver ! Je serai venu t’accueillir !

Carola arrive à son tour. Des gens saluent Ludmilla de loin, un homme s’approche et lui tend un verre de kir.

Carola lui dit : ” tu auras le temps de faire connaissance plus tard, mais voilà mes frères, et mes parents là bas ! “.
Ludmilla est soulagée, elle n’aurait pas aimé qu’on la présente à chaque personne, et devoir entendre des prénoms qu’elle ne retiendra pas pour la plupart. Par contre elle a bien retenu les visages de ceux qui lui ont tourné le dos dans la cour en arrivant !
Rancunière, elle ? Non !
Elle compte environ une quinzaine de personnes. 

Elle se dit qu’il va lui falloir un peu de temps pour se mettre dans l’ambiance, avoir des conversations normales. Mais Enguerran lui sauve la mise :

- J’y pense, personne ne t’a montré ta chambre ! Il en profite pour jeter un regard noir à Carola qui manque à tous ses devoirs, je vais te la montrer, emmène ton sac, tu pourras te rafraichir avant le repas.

Ludmilla suit son hôte. Il l’emmène dans l’escalier, un étage, puis deux. L’escalier devient plus étroit après le premier étage. Il pousse la porte d’une petite chambre. Le lit est un lit ancien avec tête et pied de lit, une largeur comme on les faisait avant, ni petit, ni grand, 110 cm environ, avec un couvre lit à fleurs. Les tables de nuit sont dépareillées, une armoire brinquebalante complète le tout. 

- Mes beaux parents ont emménagé en juin, ils ont récupéré des meubles à droite à gauche. J’espère que le matelas est bon !

Il se dirige vers une porte près de la fenêtre :

- Il y a un petit cabinet de toilette, juste un lavabo.

Ludmilla remercie et pose son sac sur le lit. Enguerran s’approche de la fenêtre, elle donne sur le grand pré où sont disposés les grands tables pour le barbecue.

Puis il se tourne vers elle et lui dit : je te laisse, redescends quand tu veux, Carola te montrera où est la salle de bains plus tard.

Puis il passe près d’elle, tout près, et pose les mains sur ses épaules, en la regardant droit dans les yeux :

- Je suis content que tu sois là ! Très content !

On dirait que le temps s’est arrêté.