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Il y a long­temps, une amie m’avait dit : “je me suis long­temps réfu­giée dans le som­meil”.

Chose que je peux par­fai­te­ment com­pren­dre, bien que je n’ai pas eu la vie dif­fi­cile qu’elle a eu. Je ne vais pas racon­ter son his­toire en détail, mais cette femme avait souf­fert de son phy­si­que dis­gra­cieux et de la pro­mis­cuité d’une sœur jolie, extra­ver­tie et adu­lée par ses parents.

La vie, sur­tout à l’ado­les­cence, n’est pas tou­jours celle que l’on vou­drait, celle que l’on rêve­rait.

Et bien sûr quand on pense “ado­les­cence” on pense aus­si­tôt à des cho­ses gra­vis­sime comme échap­pa­toire : dro*gue, alcool, sui*cide.

On oublie qu’il y a des échap­pa­toi­res bien plus sim­ples, bien plus acces­si­bles, et qui bien sûr pas­sent ina­per­çus pour l’entou­rage.

Le rêve bien sûr, et ce n’est pas une grande rêveuse qui vous dira le con­traire. On peut rêver debout, en classe, en lisant, en groupe. Et il y a les “vrais” rêves, ceux qu’invente le cer­veau à l’ima­gi­na­tion sans limite la nuit.

Et il y a le som­meil. Par­fois la jour­née n’a pas été géniale, rien de bien triste, mais rien de bien gai non plus. Rien de nou­veau, juste la rou­tine, bien loin de tout de ce qu’on rêve de voir arri­ver ! Pas seu­le­ment quand on est ado, mais plus tard aussi !

Alors le lit, le som­meil, est cet échap­pa­toire, ce sas entre deux mon­des. J’écri­vais quel­ques lignes dans mon jour­nal, et je me cou­chais en espé­rant faire des rêves géniaux. Et même si je n’en fai­sais pas, au moins le som­meil serait le terme de cette jour­née blan­che , et peut-être que demain ce serait mieux.

Le som­meil comme un décou­ra­ge­ment, le som­meil comme une red­di­tion. Trop d’heu­res pas­sées à dor­mir, cou­chée trop tôt pour cet âge, sensé être l’âge des nuits blan­ches

Par­fois un bain chaud pré­cé­dait le rituel du som­meil.

Il y avait aussi ces soi­rées, tou­tes ces soi­rées où je m’ennuyais en groupe. Si il n’y avait pas quelqu’un qui me pas­sion­nait, si il n’y avait pas Lau­rent, tou­tes ces soi­rées de “glan­douillage intense” m’ennuyaient à périr. Je baillais à 22 h 30, pré­fé­rait un bon livre ou un bon film à ces soi­rées là.

Je pas­sais pour la cou­che tôt, voire la “mémé” pour mes sœurs ! Alors que ce n’était pas vrai­ment moi, j’étais une luronne con­tra­riée !

Je ne dis que ma jeu­nesse a été sinis­tre bien au con­traire ! Il ne s’agit là que d’une courte période, de cer­tai­nes soi­rées ! Je me suis heu­reu­se­ment bien sou­vent amu­sée, plus sou­vent en vacan­ces et dans le Sud comme je l’ai déjà dit. Et dans ces soi­rées d’ennui je parle aussi bien sou­vent des dis­co­thè­ques ! L’age où l’on attend tout, et où je chan­tais sou­vent cette phrase d’une chan­son de Johnny :

”S’il fal­lait te racon­ter ma vie, on res­te­rait là toute la nuit ! Car pour quel­ques sou­ri­res alors, moi j’en ai connu des temps morts !”

Et le temps passe. Et j’avais oublié com­plè­te­ment ce refuge, cette période de ma vie.

Il est vrai que je passe plus faci­le­ment une nuit blan­che si je m’amuse, si je suis avec des gens que j’aime que si je n’ai rien de spé­cial qui me motive ! Peut-être aussi qu’avec le temps sans m’en ren­dre compte, j’ai appris à dire “non”. Non merci ça me barbe, je suis aussi bien au lit avec un livre, chose qu’on ose pas for­cé­ment faire quand on est jeune, de peur de pas­ser pour une rabat-joie !

Cet été, alors que je venais de faire 7 heu­res de route avec Athéna pour rejoin­dre la Sau­va­geonne, (Athéna n’avait pres­que pas con­duit), j’étais dans la salle à man­ger avec mes neveux et Arté­mis qui se pré­pa­rait. Nous devions sor­tir, vu que c’était ven­dredi soir.

Luigi mon neveu me dit : “j’aime­rais bien plus tard, avoir un dixième de ton éner­gie”.

J’ai failli écla­ter de rire, en me rap­pe­lant ma jeu­nesse, en me rap­pe­lant ce que mes sœurs disaient de moi ! Loui­sianne éner­gi­que ? Sure­ment pas !

Mes filles ne sont jamais fati­guées, pas­sent des nuits blan­ches sans pro­blè­mes. Arté­mis a ten­dance à détes­ter le “glan­douillage” quand ses potes res­tent assis des heu­res à racon­ter des bêti­ses et met­tent des heu­res à se déci­der à aller quel­que part, mais elle ne se réfu­gie pas dans le som­meil pour autant.

Je n’ai jamais rêvé de revi­vre le passé, mais il y a quel­ques jours, je me suis deman­dée en regar­dant la bande de potes du Sud de mes filles com­ment je vivrai tout ça si “j’y retour­nai” avec mon état d’esprit d’aujourd’hui.

Je pense que je le vivrai “mieux” c’est à dire que j’appré­cie­rai plus le groupe pour avoir connu la soli­tude, que je le vivrai “mieux” car je ne mon­tre­rai pas mes pen­sées pro­fon­des à tout un cha­cun.

Mais je ne le vivrai pas “bien” non plus, car dans cette joyeuse bande de fêtards, je cher­che­rai tou­jours celui qui a des cho­ses à dire, celui qui s’inté­resse à d’autres cho­ses qu’à la fête per­ma­nente, celui qui est plus dis­cret et que j’ai envie de con­naî­tre mieux car plus com­plexe !