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Décembre a été une période noire, enfin il me semble que cela a du commencer en novembre.

Plusieurs choses m’ont perturbée. Pas seulement celles dont j’ai parlé dans ce billet triste, juste avant Noël.

L’idée que Artémis et Jérémy quittent définitivement l’Ile de France entre autres. J’ai également eu quelques inquiétudes, une suspicion de maladie, de celle qu’on a pas envie d’avoir…

Des jours à se dire ” non pas maintenant c’est trop tôt “. Des jours à se dire ” mais pourquoi on se plaint de tout ça, le travail, les transports, la fatigue, le manque d’argent”. Oui tout ça promis je ne m’en plaindrais plus, mais pas maintenant ! Par pitié pas maintenant !

Ce n’était qu’une fausse alerte ! Ouf !

Seules mes filles et Tristan étaient au courant. Période difficile également car Tristan était pour deux mois loin de France pour des raisons professionnelles. Au début je ne voulais même pas lui en parler. Puis finalement si.

Gwenaël, mon ami le plus proche, celui avec qui je sors le plus souvent, celui que je peux appeler pour dire : tu n’as pas envie d’un petit resto, je n’ai vu personne de la journée et qui ne demande pas mieux, devait partir en province. Au chômage depuis trop longtemps, désepérant de retrouver du travail, il ne pouvait plus payer son loyer et avait prévu de retourner chez ses parents, quitte à revenir en Ile de France si une opportunité se présentait. J’en étais malade, je lui proposais même de l’héberger. Mon ami le plus proche, mon danseur préféré allait me quitter, ainsi que les autres de notre petite bande. Je n’étais pas la seule à craindre son départ.

Je savais aussi que c’était mon dernier Noël dans la maison, qu’en 2015 je dois partir pour de bon. Et même si ma maison est devenue insalubre, humide, avec des fuites partout, des rallonges électrique partout car plus rien ne fonctionne, une toiture limite, j’ai vraiment du mal à partir.

J’aime trop ce quartier, j’aime trop cet environnement.

Malheureusement ça va être difficile de trouver un logement dans ce quartier. D’abord parce que mon quartier est à cheval sur deux communes et deux départements. Quand je traverse la rue principale, je change de ville et de département.

Alors les recherches sont difficiles : je tape  MaVille et je trouve des offres de l’autre côté de la ville, côté rive droite où habite Artémis, le long de la grande rue, la nationale très bruyante qui va à Paris.

Je tape Villevoisine, idem, je me retrouve sur le même axe, Paris Ville Natale, très loin de chez moi, même en tapent le nom de la grande gare que j’emprunte tous les matins, c’est rare d’avoir de la chance et de trouver quelque chose dans mon quartier. 

Autre raison : mon quartier est pavillonnaire. Il y a surtout des maisons. Les immeubles sont rares. Parfois on voit des pancartes à vendre sur l’un deux, mais ça ne dure jamais bien longtemps. Plus de vente que de locations. Ce quartier est très recherché : proche de tous les commerces, des transports, des étangs et de la forêt. De plus on rejoint très rapidement l’A86 ou la N12 quand on veut quitter la ville en voiture, c’est aussi ce que j’aime.

Il reste quelques immeubles anciens, mais là c’est vraiment vieillot. J’ai visite plusieurs appartements qui m’ont donné envie de fuir, même si ils étaient remis à neuf et bien entretenus. MaVille a une hauteur limité, les immeubles font rarement plus de 4 étages. Avantage c’est joli, inconvénients, les ascenseurs sont rares.Et puis sans parking dans mon coin c’est impossible. Je ne travaille pas en voiture, ma voiture doit pouvoir rester la journée sur une place gratuite (rare) mais ça ne suffit pas : quand je sors le soir et que je rentre tard, je n’ai aucune envie de tourner en rond et de me garer à 200 mètres de chez moi.

Je ne parle pas des prix ! L’horreur ! Ma maison n’est pas très grande, mais elle est mal foutue. Je ne veux qu’une chambre, mais j’aimerais un salon plus grand, pour pouvoir recevoir. Un salon double, et là les prix ça fait peur ! 

J’ai beau savoir que je vais y gagner : en confort, financièrement (fini de me ruiner en chauffage car la maison est mal isolée), c’est un traumatisme pour moi, presque autant que quand j’ai du changer de voiture.

23 ans de souvenirs dans cette maison. Souvent j’ai cru partir, j’ai voulu partir. Mes filles ne voulaient pas en entendre parler. Après c’est moi qui n’avait plus ni l’énergie, ni la motivation.

Le jardin ? Non je ne le regretterai pas trop. J’en avais assez de tondre la pelouse. Et puis j’en profitais si peu : l’été il fait rarement beau et les seules périodes où il fait chaud, je suis à la Sauvageonne. Et puis un si petit jardin, si près des jardins voisins, avec toutes les fenêtres des voisins qui ont une vue plongeante. Je m’entends bien avec mes voisins, aucun problème de ce côté, mais je n’ai jamais aimé ça, profiter des conversations de barbecue des voisins et savoir qu’ils entendent tout ce qu’on se dit à table. 

Et puis si il n’y avait que la recherche difficile : déménager, je l’ai déjà dit : c’est l’horreur pour moi ! J’ai entassé tant de choses ! Et j’ai beaucoup de meubles, assez gros. Non je ne les vends pas, ce n’est pas du trukea mais du vrai beau, des antiquités. 

Mes filles, je l’ai déjà dit m’ont laissé un bazar incroyable, ne serait que les 200 paires de chaussures d’Artémis. Athéna est trop loin pour venir ranger, Artémis trouve toujours une excuse. Jette tout, me disent elles, sauf qu’il y a des choses qui ne peuvent pas se jeter !

Certes j’ai du bazar moi aussi, mais si je n’avais pas celui des filles !

J’ai commencé à jeter. Si vraiment on se contentait de garder uniquement ce qui nous sert au quotidien, un peu de déco et des beaux livres, parce que ça, je ne peux pas m’en passer, même si je lis sur la kindle !

Exit les DVD qu’on ne regardera plus jamais, idem pour les VHS, au pire on télécharge ce qu’on a envie de revoir, vive la technologie ! Exit les livres qu’on ne relira pas, idem, de toutes façons si je veux relire, ce sera sur la kindle.

Exit les jouets de filles, de toutes façons, si un jour je suis grand mère, les petits voudront une PStruc box à 6 mois et se moqueront pas mal des lego et des barbies !

Mais la tache est ardue quand même. Quelques amis très chers me proposent leur aide, je n’ose leur dire que le jour J, soit le jour du déménagement, n’est pas le seul jour où j’aurais besoin d’aide.

Je suis seule pour faire les cartons. Artémis a changé de travail et est épuisé, Jérémy a mal au dos. Athéna va venir me voir un week-end, mais ce sera court.

La solitude toujours. Quand j’ai cherché mon premier studio, mon père adoré était là pour m’aider. Quand je l’ai quitté pour un appartement c’était avec mon mari. Idem quand nous avons quitté l’appartement pour la maison. Là je suis vraiment seule.

Mes filles n’ont aucune nostalgie de la maison de leur enfance, tant mieux.

Mais pour le moment je déprime pour d’autres raisons. Ne rien trouver dans les petites annonces qui m’intéresse. Ou alors être déçue lors de la visite, ou plus rarement, une seule fois à vrai dire, avoir le coup de foudre, mais ne pas être l’heureuse élue.

Les questions débiles des agences pour qui vous ne gagnez jamais assez, ou les ” pour vous toute seule ? “, ben oui , désolée mais je n’ai plus l’âge d’avoir envie d’un studio !
Ceux à qui ça fait peur un seul salaire, comme si un couple ne pouvait pas se retrouver au chômage en même temps !

Ou ceux qui vous disent : décidez vous vite, parce que lundi ce ne sera plus à louer !

Tu parles Charles, ça fait trois mois qu’elle est sur le site ton annonce, même que tu viens de baisser de 100 € en désespoir de cause !

Je sais, je sais il y a les particuliers. Mais il y a moins de choix et certains ont de bonnes raisons de ne pas passer par agence : chauffage électrique et vieux radiateurs plus du tout aux normes !

Un mauvais moment à passer, comme le dit Gwenaël. Pas faux !

Je n’ai aucune envie de déménager. Ce n’est pas de quitter la maison, non c’est l’acte en lui même, tout ce stress !

Je veux vivre tranquille, les pieds sur la table du salon, le pc sur les genoux. Je veux me préparer pour aller danser, profiter de ma liberté maintenant que mes filles ne vivent plus là.

Mais tout ce travail… Ouf !

Et puis Tristan est revenu et j’ai pu retrouver notre complicité; In extremis Gwenaël a signé pour un CDI, et je commence à m’habituer à l’idée de devoir partir, même si l’empleur de la tâche me vole encore mon sommeil.