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Dans toutes les fêtes de village, il y a un repas campagnard, souvent le soir du bal musette. De grandes tables en bois, au milieu des champs ou du village. Ce sont souvent des bénévoles qui font la cuisine. 

J’y suis allée une ou deux fois il y a quelques années, et quand j’étais ado, mais ça n’a d’intérêt que si on est dans un groupe. Si on y va à deux ou trois, autant aller au restaurant. 

La fête à Petite Colline, c’est différent. Le repas se passe dans la ville. Il est organisé par les trois cafés du centre ville, ils mettent des grandes tables dehors, en plus des terrasses. Il y a un repas tous les soirs de la fête, et le menu change à chaque fois, un soir moule frites, un soir barbecue etc. 

J’ai toujours rêvé d’y aller. Mais ma tribu n’a jamais voulu. Et puis seule avec mes filles, on risquerait de se retrouver à une table ou personne ne nous parle. 

Il y avait bien les petits djeuns, mais ils n’ont pas de sous. Quand à ma tribu ils n’ont jamais voulu en entendre parler, je trouve ça bien dommage ! 

Mais cette année les choses ont changé. Artémis a un petit copain depuis le début de l’été. C’est un garçon que je connaissais un peu, de loin. Il était déjà venu à la Sauvageonne, mais nous avions peu parlé. Là j’ai appris à le connaître et il est parfait ! Intéressant, affectueux, il s’intéresse à plein de choses, il n’est pas le genre à passer une soirée avec nous et le lendemain nous dire bonjour et disparaître… Et oui il était déjà comme ça avant d’être dans les bras de ma fille ! Il travaille depuis longtemps, il est gentil avec sa famille, sympa et protecteur avec Athéna et moi. Attentionné avec Artémis, il a sa voiture, ça ne parait pas mais ça change tout, je n’ai pas à faire le taxi ! C’est un ami proche d’Edelweiss ce qui ne gate rien ! 

Nous passons de supers soirées avec lui, il nous présente ses copains, ses parents.  Bref nous sommes une famille, mes filles, Jérémy et moi. Du coup je me dis que nous allons enfin pouvoir manger à la fête tous ensemble. 

Nous réservons donc la table pour la soirée moules frites, mes filles, Jérémy et un copain à lui, et moi. 

Tout avait l’air parfait, mais le destin s’en mêle. 

Durant cette période, Monsieur Ex Benjamin est en vacances avec sa femme et ses enfants chez mes beaux parents (je pourrais dire ex beaux parents mais ce serait trop long et j’ai de bonnes relations avec eux).

Et ce jour là, Benjamin et mes filles décident de se retrouver au lac l’après midi. Jusque là tout va bien, dans ces cas là mes filles vont au lac, et je n’y vais pas. Seulement Athéna a la bonne idée de dire à son père de se joindre à nous pour le repas de village. En rajoutant ses enfants et les grands parents, ça fait 6 personnes en plus à notre table. 

Je comprends les filles qui veulent voir leur père, mais je râle ! Je n’ai aucune envie de manger avec mon ex et sa femme parfaitement insipide. Il y aura aussi mes beaux parents, gentils mais pas des gais lurons, et moi je voulais manger à la fête pour profiter de l’ambiance…. Bonjour l’ambiance ! 

Je dis à mes filles de se débrouiller pour que je ne sois pas du même côté de la table. Et que je sois plutôt du côté des petits djeuns. 

Mais comme je dois aller payer pendant qu’ils s’installent, elles font un “plan de table” plus que fantaisiste. Jeremy et son pote en face de mes beaux parents, Artémis à côté. Moi je suis en face d’Artémis, avec à ma gauche mes beaux parents, à ma droite les enfants. 

Que vont pouvoir dire les garçons à mes beaux parents ? Alors qu’on aurait pu mettre Artémis à côté de Jéremy, et en face, le copain et moi ! Un côté jeune, un côté adulte…

Athéna est au milieu près de son père, les enfants au bout, et Mme Benjamin tout à fait au bout. Appelons la Augustine… 

Tout se passe à peu près normalement, je discute un peu avec tout le monde. Je ne suis pas du genre à faire la tête, ou à faire des “différences”, c’est comme ça, ça me plait moyen, mais si mes filles sont contentes, alors tout baigne ! 

Parfois je m’adresse à Benjamin, qui fait celui qui n’entend pas, ou fait tout pour regarder ailleurs ! Il ne fait ça que quand il est avec madame, et ça m’insupporte. Je dis même à ma belle mère : dîtes à votre fils d’arrêter de faire semblant de ne pas me voir ! C’est ridicule ! Ça fait 15 ans qu’on a divorcé ! 

Je ne sais pas si ma belle mère a passé le message, mais j’ai fait passé le même à Artémis ! 

Benjamin passe la soirée à engueuler ses enfants, Augustine ne réagit jamais. 

Puis nous allons vers la fête et là Augustine me parle. C’est tellement incohérent que je me demande si elle n’a pas trop bu, pourtant elle n’a bu qu’un verre de rosé. Je me souviens d’une phrase : la fête est pas grande, normal la ville est pas grande… 

Euh ! Que répondre à ça alors que c’est une des plus grandes fêtes du canton ? 

Plus tard j’en parlerai à mes filles qui me disent que c’est normal, elle n’a jamais su tenir une conversation ! 

Puis après un passage au manège, nous nous dirigeons vers la piste de danse. Mon frère doit normalement arriver, je dis à Benjamin de l’attendre. 

Les beaux parents fatiguent, ils veulent partir. Benjamin décide donc que ses enfants partiront aussi. Les deux petits se mettent à pleurer. Je trouve ça très dommage pour Priscilla et William, les pauvres, je les comprends. 

Je dis à mon ex, que non il ne faut pas les coucher. C’est les vacances, et puis ils peuvent aussi attendre mon frère et sa famille. Benjamin croyant m’impressionner dit : “c’est moi qui décide”, sauf que ça fait longtemps qu’il ne m’impressionne plus. Je lui réponds qu’on est pas à l’armée, le couvre feu n’a pas sonné. 

Augustine pendant ce temps ne dit rien. Je me demande comment elle fait, si j’étais elle je ne m’aimerais pas du tout ! 

Mais Benjamin finit par céder et laisse les beaux parents partir sans les enfants. Les petits ne pleurent plus, tant mieux ! Et ils n’arrêtent pas de demander par où va arriver Cédric, et à quelle heure, bref mon frère devient le messie ! 

Car bien sûr dès qu’il est là, Benjamin ne songe plus à partir, et va à la buvette avec son beauf, enfin ex-beauf !

Athéna me dira ensuite que tout de même, je pourrais le laisser élever ses enfants comme il veut… 

Ben non parce que ses enfants, c’est moi qui les ai élevés, justement ! Enfin une partie… 

Et je ne voulais pas voir les petits pleurer !