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Gwenaël arrive quand le cours est déjà commencé. Souvent il me demande : mais pourquoi on vient là ? Je lui réponds : on aide les débutants parce qu’on nous a aidé quand on débutait !

C’est vrai que ce n’est pas facile de danser avec des gens qui ont un niveau débutant moins zéro. On change de danseur et j’attends avec impatience le moment où je vais tester la passe avec mes amis. Il n’y a que Tom qui débute aussi. Je le connais peu. Il est très timide, il a essayé de danser il y a deux ans, une amie commune lui avait suggéré d’essayer. Il a arrêté puis il a repris depuis peu, je le croise parfois en soirée.

Enfin le cours se termine et las d’avoir décomposé tous les mouvements au ralenti, nous avons une furieuse envie de nous défouler quand la musique commence. Gwenaël me fait virevolter, voler, bouger. À la fin de la danse une dame nous dit que nous dansons très bien tous les deux que c’est très fluide, je dis merci, car malgré les années j’ai toujours l’impression de faire des erreurs !

Gwenaël se fait aussitôt embarquer sur la piste, j’ai remarqué que les femmes osent l’inviter quand je danse, moins quand il est à côté de moi. Gwenaël me parle toujours beaucoup même quand la musique est forte.
Je lui ai crié tout de même : ne traîne pas trop pour manger, sinon il n’y aura plus de makis !

Puis je papote et je danse avec Philippe, Marin, Tom. Comme toujours je réponds à beaucoup de questions sur les soirées, les cours de danse, les meilleurs profs, depuis quand vous dansez ? nous demandent-on à Marin et moi : Marin 8 ans et moi 6. Les gens sont toujours impressionnés comme je l’étais au début : 2 ans ! GRR J’enrage ! Je voudrais déjà avoir deux ans d’expérience !
Un jour Marin m’a dit : et je ne souhaite à personne de repartir de zéro ! Ah non, on en a bavé pour apprendre !
Et je répète toujours les mêmes choses aux petits nouveaux : il ne faut jamais jamais arrêter ! Même après un mois de vacances, je suis rouillée ! 
J’ai vu des gens qui avaient huit ans de danse derrière eux, qui ont arrêté deux ans, ils ont beaucoup perdu !
Dans ma bande de potes, tous jurent leur grands dieux qu’ils ne tomberont pas dans le piège classique : je suis en couple et mon conjoint ne danse pas, alors je ne sors plus.

Et tous ont tenu parole : c’est mon univers, je ne t’empêche pas de faire une autre activité, ne m’empêche pas de danser !

Je m’égare comme d’hab !

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La soirée se termine, la salle doit être rangée à 22 h 30. Je papote un peu avec Tom et Philippe car bientôt nous avons un anniversaire et les garçons veulent que je me charge de la cagnotte et du cadeau : vous les filles, vous savez faire ça !  Ben voyons.

Puis je pars avec Gwenaël, Tom nous suit. Quand nous arrivons dehors il nous demande où nous sommes garés.
Moi j’espère qu’il va partir d’un côté et nous de l’autre, j’ai envie de papoter seule avec Gwenaël.

- Moi je suis à pied ” dit Gwenaël, mais je la raccompagne à sa voiture “

Pas de chance, Tom est aussi garé dans le parking des pins. Nous commençons à descendre les marches, Gwenaël descend en courant, en sautant comme un cabri, Tom est devant moi, je prends tout mon temps, je n’ai pas envie de glisser. Tom se retourne souvent pour m’attendre. Il me dit que j’ai déménagé il y a peu et me demande où j’habite (nous avons une amie commune qui était invitée à ma crémaillère), il me demande où je travaille, je réponds, je ris un peu, mais je ne lui pose pas de questions, j’attends qu’il parte, qu’il nous laisse seuls.

En bas des marches, il part à droite, nous à gauche : bon retour au revoir.

Arrivés à ma voiture, nous restons debout Gwenaël et moi, comme si insconsciemment nous attendions pour parler que la voiture de Tom s’éloigne. Puis Gwenaël me dit :

- Là Lousianne, tu as un type qui est très intéressé par toi !

Je tombe des nues : non tu crois ?

J’éclate de rire ! Je lui dis que je n’ai rien vu, je parle à tout le monde, je ne vois même pas quand je me fais draguer. Gwenaël le trouve un peu neuneu, trop timide. Il me dit que dès qu’il m’a vue partir, Tom a mis son manteau.

- Maintenant que tu me le dis, la dernière soirée il est parti en même temps que moi !

Nous montons dans la voiture. Le pare brise est plein d’eau on ne voit rien. Nous parlons. De nos amoures mortes, de nos amoures déçues.
Parfois avec des larmes dans la voix. Je parle de Tristan, ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps.

J’aime ces moments, cela nous arrive souvent, ma vie de femmado.
Allez je te ramène. Je démarre, l’eau disparait sur le pare-brise, je m’arrête devant chez lui et nous parlons encore et encore.
Demain le réveil va être dur.

Au retour dans la voiture, j’ai presque envie de pleurer, nous avons parlé de choses tristes, mais mon optimisme reprendra le dessus très vite.
Dans mon lit j’ai envie d’éclater de rire en repensant à Tom : je n’avais rien vu !

Le lendemain je dis à Gwenaël : devine un peu, il a 35 ans ! J’ai encore plus envie de rire !

- Quoi il a mon âge ? Je lui en donnais 10 de plus !
- Non quand même pas ! Moi je lui donnais 40 ! À force d’être avec toi, les gens doivent croire qu’on a le même âge !