Vendredi je ne travaillais pas, les filles sont parties. Athéna repartait pour GrandevilleduSud et sa sœur l’a accompagnée pour rester quelques jours avec elle.

Le week-end a été plutôt occupé, rangements, courses, passer voir Martine. Plutôt contente d’être seule, de remettre de l’ordre de me détendre, une petite balade aux étangs.

Jusqu’à dimanche. Je suis allée au cimetière, c’était la fête des pères. Et puis le dimanche a été très long : zapper devant la télé, Internet, plateau repas, même pas envie de prendre un livre.

Puis le dimanche crise, la crise, le désespoir, les larmes.

Athéna étais sur MSN, je me suis mise à pleurer sur l’épaule de ma fille, ce que je déteste faire et qui est très rare, mes filles peuvent pleurer sur mon épaule mais pas l’inverse !

Je lui énumérais tout ce que j’avais fait depuis quelques années pour rencontrer des gens, me faire des amis, faire des activités. Je disais que je ne baisse jamais les bras, que je me bats. 

Mais que soudain j’avais l’impression que tout ça ne sert à rien, que j’aurais tout aussi bien pu rester à me lamenter au coin du feu (je n’ai pas de cheminée) enfin à rester devant ma télé.

Et puis à quoi ça sert d’être trop gentille, le bon Dieu te le rendra, il ne me rend rien du tout, et toutes façons je ne crois pas en Dieu !

Athéna me disait les choses qu’on dit habituellement dans ces cas là, se demandait si elle me servait à quelque chose, et elle m’a dit :

- Mais tu n’es pas une victime ! Tu es une battante !

Je lui ai répondu que bien sur je suis optimiste à 95 % voire plus, que bien sur je vais me relever, que demain sera un autre jour…

Mais comment dire : ce soir je n’ai pas envie d’être une battante, je n’ai pas envie d’être optimiste, j’ai juste envie de me plaindre, juste envie d’être désespérée, de pleurer sur mon sort, de voir tout en noir, d’être pessimiste !

Mais si tu me sers à quelque chose, détrompe toi, tout ce que tu me dis je le sais déjà : en particulier que j’ai des filles formidables ! Et je vous jure que jamais je ne pèserai sur vous quand vous serez parties toutes les deux !

Un jour j’avais lu un livre sur Jeanne d’Arc, j’avais été étonnée d’apprendre que la guerrière avait eu des moments de grosse déprime, de découragement.

Les guerrières ont le droit aussi de poser les armes pour pleurer.

Nous sommes tous à facettes multiples, pas seulement un personnage, un seul rôle. Et je ne parle pas de personnage public, celui qu’on pourrait être au travail par exemple. Même pour nos proches nous avons finalement une image.

Après Athéna, Artémis a pris le relais sur MSN. Artémis les pieds sur terre, la tête sur les épaules, pas romantique comme sa mère et sa sœur, le genre qui fait marcher les garçons à la baguette. 

Cela a duré tard dans la nuit. Encore quelques larmes au coin des yeux ce matin. Et puis réveil, douche, travail.