C’est bientôt l’été. 

Romain sifflote au volant de sa fourgonnette et prend la départementale pour se rendre à son travail. Un pâle soleil darde sa lumière sur la route encore mouillée par la pluie de la nuit.

La route serpente entre les collines. Romain ralentit à l’entrée du lieu dit “La Bergeronette” où quelques maisons sont groupées au bord de la route et sur les deux collines, de chaque côté de la route.

Bien sûr il est prudent, il l’a toujours été, quand il y a des maisons, il peut y avoir des enfants, des chiens, des passants et il n’a pas envie d’écraser quelqu’un.

Il est prudent mais pas seulement ! La Bergeronette c’est un lieu particulier pour lui. Un lieu de souvenirs heureux, un lieu magnifique et magique.

Il lève les yeux vers la colline, vers la maison perchée.

Tout à coup, il a un coup au cœur ! Il voit un camion descendre de la maison, sur le flan de la colline. Non il n’a pas pu voir c qu’il a vu !

Il roule un kilomètre ou deux peut-être, dans ses pensées, dans le brouillard. Puis il s’engage dans un chemin de traverse et fait demi tour, il y a peu de monde à cet heure ci.

Il retourne vers la maison sur la colline, et prends le chemin d’en face, celui qui monte sur la colline d’en face. Il sait qu’au troisième virage, il peut s’arrêter et qu’il aura une vue imprenable sur la maison.

Il sort de sa fourgonnette, nerveux. Il fouille dans sa boite à gants et trouve ce qu’il cherchait, un paquet de gauloises : il se remet à fumer pour l’occasion. Il observe, il écoute. Des bruits, des portières qui claquent, des hommes qui s’interpellent. 

Il n’a pas rêvé, ce n’est pas un, mais deux camions de déménagements qui descendent la colline.

Non pas maintenant ! Pas avant qu’il ait eu le temps de la revoir, pas avant qu’il ait pu s’expliquer, faire la paix avec elle ! Non pas maintenant, juste avant l’été, où il savait qu’elle allait revenir pour les vacances.

L’été arrive, mais ce sera surement d’autres personnes dans la maison sur la colline !