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Lundi 3 août,

Je me réveille ce matin en pensant à toi. Loin de Paris, loin de mon quotidien, après quelques jours de fêtes intenses. Ton image s'impose et les souvenirs me harcèlent. Où es tu ? que fais-tu ? Si près, si loin.

Je me demande si je t'aime encore, parce que je sais que je peux t'appeler à tout moment et te dire que je veux te voir, dîner avec toi. Je le sais et je ne le fais pas, ou si rarement.

Tu étais la personne la plus importante de ma vie avec ma famille. Mon amour d'enfance, mon ami mon confident, mon frère, mon port d'attache.

Je suis tombée amoureuse si tard. Trop tard.

Mais durant toutes ces années où mon cœur était en sommeil ces années où j'avais trop de problèmes psychologique à régler, ma place à chercher. Durant ces années, dans mon cœur en sursis, la place était sans doute déjà prise. Toi aussi tu avais surement des problèmes à régler.

Après quelques années d'un deuil douloureux, j'ai pu m'ouvrir aux autres, m'intéresser à d'autres. J'ai pu faire puérilement la liste de tes défauts, me convaincre que c'est mieux comme ça, car il faut bien avancer, survivre. Après la période de crises de larmes, d'envie de se cogner la tête contre les murs, de rêver de partir au bout du monde pour oublier. Après avoir rêvé de mourir ou de te tuer pour arrêter de souffrir, après t'avoir haï en sachant très bien que c'était toujours de l'amour... Il a fallu avancer. Tu deviens flou, absent. Quel Laurent ? Mes filles, Gaël, de nouveau amis, je suis heureuse de vivre, heureuse d'être devenue sociable. Je ne suis pas la belle au bois dormant. Je connais d'autres numéros de téléphone par cœur, je suis très occupée, je ris et si je pleure, ça n'a plus rien à voir avec toi.

Je me demande si je t'aime encore, parce que je sais que je peux t'appeler à tout moment et te dire que je veux te voir, dîner avec toi. Je le sais et je ne le fais pas, ou si rarement.

Pourtant un jour où je crois que tout est mort, y compris les photos jaunis que je ne jette pas, il suffit d'une chanson à la radio ou d'une éolienne pour que le souvenir revienne et me plonge dans un état proche du "bad" comme dirait Artémis.

Alors je me dis que si demain tu étais libre, même si j'ai fait la liste de tes défauts, je te donnerai une chance, que dis-je un million de chance.

Mais peut-on parler de chance d'ailleurs ? Je redeviendrai ta meilleur amie, ta confidente. Je tisserai de nouveau les fils distendus entre nous. J'occuperai le terrain, je ne laisserai aucune place à la concurrence. Je me battrai jusqu'au dernier sang, moi que tu appelais la guerrière.

Je te re-dirai un jour cette phrase que j'ai déjà dite : "je t'aime, je n'ai jamais arrêté de t'aimer, et je n'arrêterai jamais".

Si je perds je perdrai, mais au moins je me serai battue.

Laurent, il y a pire qu'un chagrin d'amour : un amour inexploré.