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Quand j’étais enfant et que mes parents recevaient dans l’appartement exigu, rien à signaler. C’était exigu.

Puis plus tard nous avons emménagé dans une maison. Et récemment je ne sais pourquoi je me suis rappelée d’une chose, la visite guidée.

D’où venait cette étrange coutume familiale. Elle venait de Martine bien sûr, Eugène de lui-même n’aurait pas eu cette idée. La fameuse phrase de fin de repas : vous voulez visiter ?

Non pas la cave avec le fantôme, ni le vignoble, ni la cave à vins, juste visiter la maison.

Entendons nous bien, je ne parle pas de la visite guidée classique : vous achetez une nouvelle maison ou un nouvel appart, vous invitez pour la première fois vos proches famille and co  : viens on va visiter ?

Cela se fait aussi quand on vient faire de faire des travaux. Et souvent cela se fait quand les plâtres ne sont pas secs, dans les gravats. On fait visiter aussi la maison vide parce qu’on vient de signer chez le notaire, et que l’on a même pas encore lessivé le sol pour y mettre nos nouveaux meubles.

Non la visite guidée ce n’était pas ça. Martine était-elle fière d’avoir enfin une maison ?
Bref cela se passait un dimanche ordinaire, oui il faut préciser qu’à l’époque les invitations se faisaient souvent le dimanche, rarement le samedi soir et encore moins en semaine. Bref un dimanche ordinaire, nous avions des invités. Pas des très proches genre frère ou sœur de mes parents, pas non plus des très éloignés… Des cousins que l’on voit deux fois l’an, ou des amis que l’on voit tous les deux ans. 

La chose arrivait à la fin du repas, après le café. Bon le rez de chaussée, le plus souvent c’était déjà fait, à part la cuisine, et puis on passait à l’étage. 

Vous voulez visiter ? J’aurais ri si un jour quelqu’un avait dit non merci !

Le plus dingue c’est que dans ma tête, c’était une obligation de faire visiter quand on invitait à manger, une politesse quoi !

Le temps passant, pré-ado puis ado, je commençais à trouver lourdingue cette pratique !  J’avais quitté la table bien poliment à la fin du repas en ayant demandé la permission, j’étais dans ma chambre en train de lire, ou autre, et j’entendais des pas dans l’escalier : OH NON !

Et là il fallait attendre, comme un singe dans une cage qu’on me lance des cacahouètes, en maudissant les invités si ils avaient l’indélicatesse de traîner : ah oui pas mal le papier peint, ah oui c’est la plus grande, et la fenêtre elle donne côté mer ?

Mes parents n’ayant pas des millions de relations, forcément cela s’est calmé un jour, car on ne va pas refaire la visite guidée tous les ans !

Plus tard j’ai compris à mon grand soulagement que la visite guidée n’a rien d’obligatoire, ouf ! Et je suis ravie de garder ma chambre fermée, de ne pas me demander si j’ai fait mon lit ou si je n’ai pas laissé trainer un collant, le jour où j’ai des invités. 

Bien sûr il y a des lieux qui se prêtent plus à la visite guidée, ne serait-ce que par nécessité : quand un petit nouveau arrive à la Sauvageonne, avec toutes ses granges, il faut lui donner un minimum d’indications :
La salle de bains, c’est par là, les toilettes, ici, la piscine là bas derrière, et ta chambre, troisième grange à gauche en mezzanine, porte de droite. C’est ici que l’on mange, ou dehors si il fait beau, le garde manger est là, et les bouteilles ici… Les pleines, les vides, tu les met là ! 

Si on connaît bien l’invité, on peut aller jusqu’à lui montrer les autres chambres, mais bon, elles sont occupées et puis c’est intime une chambre.

Mais “vous voulez visiter” après le café, non merci pas chez moi !