Cela se passait à Pâques. Les filles et moi étions à la Sauvageonne. Ce soir là nous avions fait une soirée raclette. 

Exceptionnellement nous gardions Whisky, et ce n’était pas vraiment pratique, car il n’est pas habitué à la campagne, et nous le tenions toujours en laisse, de peur qu’il ne se sauve sur la route. Et bien sur Athéna censée s’en occuper, sortait souvent et me le laissait ! 

J’avais mis la barrière devant l’escalier de pierre, celle qui était censée empêcher les enfants de se sauver quand ils étaient petits, mais là elle reprenait du service pour Whisky.

Mais le soir même, avec une troupe de grands gaillards à la Sauvageonne, plus Whisky a surveiller, la pièce paraissait bien petite. Heureusement nous finissons toujours les soirées dans la grange.

Le repas se passe bien, bien arrosé comme d’habitude.

Je débarrasse la table tout en surveillant Whisky. Pas parce que j’ai peur qu’il ne fasse des bêtises, mais je me méfie des garçons ! J’ai menacé Candide :

- Je ne plaisante pas, je te jure que je te gifle si tu essayes encore de faire boire de l’alcool à Whisky !

Puis je descends dans la grange, laissant Whisky dans la pièce principale.

Les garçons ont commencé à décorer la grange : ils ont ouvert tous les parasols, mis la musique à fond. Ils ont sorti toutes les poupées, les jouets pour les enfants, et font un combat de poupées, deux garçons sur la mezzanine, deux autres en bas. J’ai l’habitude, un jour ils ont cassé en deux le lit de ma sœur en montant à 10 dessus, j’ai du le remplacer avant l’été et ma sœur n’a rien vu ! 

Ils ont aussi trouvé les “bombes”, pour ceux qui ne savent pas, ce sont les casques de protection des cavaliers, et avec ça sur la tête, ils font des combats, l’un fait le taureau, l’autre le toréro. Donatien toujours très calme, joue de la guitare et les filles rient du spectacle offert par les joyeux drilles.

Athéna part dormir dans l’autre grange avec un copain. Artémis est allée se coucher dans la chambre avec sa copine qui vomit dans une cuvette, allongée sur le lit.
Elle fait ça à chaque soirée, c’est normal ! 

Bref, il n’y a plus aucune de mes filles pour surveiller Whisky, ni la petite troupe. Je descends Whisky dans la chambre, il lèche le vomi, sympa ça me fera ça de moins à nettoyer ! Il lèche même les babines de le jeune fille, serviable et tout ! Je suis pliée de rire, car la demoiselle, à jeun et en temps normal a une peur bleue de Whisky !

Candide passe la tête dans la chambre et se met à hurler : Biscuit mange le vomi ! Oui il avait décidé que le chien s’appelait Biscuit !

Dans la grange les garçons ont trouvé les trottinettes de mes nièces, ils s’amusent à descendre l’escalier de la mezzanine avec. Puis Candide en tête, bien sur, ils font une pyramide avec des chaises, dans laquelle il faut foncer, pour la démolir. Sauf qu’il y a deux chaises de style, qui se cassent aussitôt. Je récupère les chaises, et leur donne à la place tous les fauteuils en résine du jardin. Pas contrariants, il continuent à jouer.

Puis j’en ai assez et je pars me coucher. Le bruit continue un bon moment. Martine s’est barricadée dans sa chambre, en mettant un meuble devant sa porte. Elle a bien fait, les djeuns sont tous montés dans la pièce de la Sauvageonne et Candide a essayé de rentrer dans sa chambre. Je monte en entendant le bruit, ils me photographient dès que je pousse la porte. Ils sont en train de se restaurer avec les céréales. Je leur dit de continuer leurs bêtises dans la grange. Ils ont trouvé mon apn sur la cheminée, enfin l’un des deux.

Je me recouche. Je ne me souviens plus de la fin de la soirée. Certains sont partis tôt je crois. Je crois aussi que d’autres ont dormi à la maison.

Mais je souviens du lendemain. Et de ma tête quand j’ai découvert les dégâts.

Je constate au saut du lit qu’ils sont allés dans la cave, et j’ai peur vu le nombre d’outils dangereux qui s’y trouvent.

Dans la grange ils ont agrafé des poupées aux poutres, tellement haut qu’il est impossible de les décrocher (enfin pour moi), ils ont pris l’agrafeuse murale dans la cave. Heureusement ils les ont agrafé par les cheveux, les pauvres choses !
Ils ont aussi agrafé des pages de BD, dans un des tiroirs de la commode, il y avait des BD pour enfants. Il y en a partout. 

Quand Artémis se lève, je suis en larmes dans la grange. Avec elle je continue de découvrir les dégâts. Un fauteuil en rotin cassé, c’était celui de mon père. En allant à la cave, ils ont pillé la trousse à maquillage d’Artémis, on retrouve un poudrier vide, elle venait de l’acheter.

Il y a partout des capsules de bière, beaucoup trop, elles ne viennent pas que de cette soirée, j’ignore où ils les ont trouvé. Dans un tiroir de la commode, je trouve des feuilles de BD froissées, à moitié enflammées !

Si ils avaient mis le feu à la Sauvageonne, je les aurais expédié tout droit en enfer, sans les faire passer par la case départ, sans toucher les 20 000  frs !

C’est pas méchant Madame Louisianne, on voulait juste embêter Donatien qui dormait ! On a mis des journaux sur lui et on a mis le feu !

Mon apn a disparu, ce n’est pas le plus beau des deux, mais quand même ! J’ai peur qu’ils l’ait cassé et planqué dans un coin pour que je ne remarque rien !

Plus tard j’envoie un SMS groupé, en disant que d’accord ils ont tout cassé, mais qu’il me rende mon apn !

Artémis quand à elle, leur envoie un SMS furax, en les accusant d’avoir fait pleurer sa mère, et en faisant la liste de la casse.

Mes filles sont furieuses, elles m’en veulent, c’est de ma faute, je suis trop gentille, j’accepte tout. Elles veulent que je jure, que je crache, qu’il n’y aura plus de soirées à la Sauvageonne.

Plus tard je reçois des SMS d’excuses, ils sont invités le soir chez Solène, et me disent qu’ils passeront pour ranger avant. Solène me répond qu’elle est partie avant les dégâts et qu’elle a emmené l’apn par inadvertance.

Quand les garçons viennent, Candide est le seul à me parler : Madame Louisianne on est venu s’excuser !

Il est tellement craquant que je ne peux pas lui en vouloir quand je le vois ! C’est pas grave Madame Louisianne, c’était pas méchant…

Une autre de ses phrases que j’adore : c’est pas moi, c’est mon double maléfique !

Il n’y a plus grand chose à ranger, ils balayent et je leur demande de décrocher les agrafes trop hautes pour moi.

Les filles boudent, mais Athéna finit par venir leur dire bonjour.

Quand j’accompagne les filles à la soirée, Athéna me ramène l’apn qu’elle a récupéré.

Je pleure presque de rire en regardant l’apn : ils ont pris des photos, et ils ont filmé toutes leurs bêtises ! Donatien toujours calme joue de la guitare, quand aux autres, j’ai les noms. Tiens tiens, lui qui n’a jamais l’air d’y toucher, c’est lui qui joue avec l’agrafeuse, je t’y prends !

Candide chante avec Donatien, il a inventé une chanson qui aurait pu entrer au Hit parade :

Ya Louisianne qui nous regarde au travers de la fenêtre ! Louisianne regarde nous !

J’ai montré le film à mes filles, elles voulaient que je les détruise, et m’ont interdit de leur montrer ! Je ne les ai pas détruit. Candide me les a réclamés cent fois, j’ai dit que je ne pouvais pas, mes filles m’auraient tué !

Je savais que je les retrouverai sur les skyblogs, sur Youtube ou autre, et que mes filles forcément, le saurait !

J’ai du les supplier des mois pour les montrer, rien à faire.
Elles m’en voulait : tu as vu comment tu es ! Tu pleurais, tu étais révoltée sur le coup, et maintenant tu ne leur en veux plus ! Tu leur pardonnes tout !

- Mais oui ! J’étais fâchée sur le coup, mais je ne suis pas rancunière ! Il faut bien qu’ils s’amusent ! Et puis ce n’était pas si grave que ça !

Il y eu une soirée, l’été à la Sauvageonne. G*aël et Candide m’ont entrainée dans la maison, loin des autres pour que je leur montre les photos et les vidéos de la pire soirée à la Sauvageonne. Quand j’ai dit : elles sont cachés dans un dossier “Pâques privé” sur mon pc portable, ils étaient morts de rire :

- Super la cachette ! Si tu mets privé, personne ne va y aller, c’est sur !

Il a fallu encore beaucoup de temps de négociation pour que je puisse leur donner les vidéos et les photos !