La soirée tire à sa fin, les invités vont se coucher, tout le monde a bien dansé. Laurent est parti, je ne l’ai pas vu partir.

Pour le mariage, un ami de mon beau père nous a prêté une voiture, une R 25 blanche. Bien sûr ça n’avait rien d’une limousine, mais nous avions fait trop de dépenses par ailleurs pour louer une voiture.

C’est Cédric qui était mon chauffeur, mais là en fin de soirée, nous devons rentrer seul à l’hôtel. Ma voiture, ma vieille R 5, c’est Camomille qui l’utilise avec son futur mari. Elle a tant klaxonné dans le cortège qu’elle a cassé le klaxon ! Ma voiture adorée s’appellait Jo (pour les intimes), j’ai toujours donné des noms à mes voitures, j’ai eu d’ailleurs deux Jo, diminutifs de Joséphine et Joanna !
Si j’insiste sur les voitures, c’est que c’est important pour la suite !

Je salue la bande de jeunes surexcités de ma tribu, Camomille et Luc, Cédric, un cousin Sébastien, une cousine Caroline, et enfin Servane, quand j’y pense, Servane n’avait que 17 ans ! Le frère de Benjamin Patrick, celui qui est marié à la fameuse belle sœur casse pied !

Ils n’ont pas l’intention de dormir, non mais c’est la fête ou quoi !


Donc mon mari et moi partons nous coucher à l’hôtel. Je ne connais pas la chambre de Laurent, mais je la trouve sans difficulté. Je regrette un peu, elle est petite et beaucoup moins belle que ma chambre de mariée !

Je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je suis en admiration devant mon alliance. Elle est superbe avec ses épis de blé. Je n’ai jamais aimé avoir plusieurs bagues au même doigt, je l’ai choisie un peu large.

Très vite nous entendons du bruit dans les couloirs. Une bande d’excités frappe à toutes les portes. Sébastien me racontera plus tard : je frappe à une chambre et je tombe sur qui ? Ma mère ! Elle croyait que je ne savais pas où dormir, que je voulais dormir avec elle ! 

Je parle à Benjamin : Allez on leur ouvre ! Ils vont réveiller tout l’hôtel !

- Non pas question !

Camomille toute contente, avait emmené les jeunes directement à la chambre 1, la chambre des mariés. Pas de réponse, comme elle avait un balcon, Sébastien escalade le balcon et regarde par la fenêtre :

- Je vois un mec qui dort avec un caleçon rouge et noir ? C’est le marié tu crois ?

Camomille : Je n’en sais rien, moi, j’ai habillé la mariée, pas le marié !

Il faut croire que Laurent avait vraiment le sommeil lourd !

Finalement je désobéis à mon mari (ça commence bien) et j’ouvre la porte. Je vois ma cousine qui appelle tout le monde. Ils débarquent tous dans notre chambre avec le fameux pot de chambre qu’ils veulent me faire gouter ! Beurk ! Mais si c’est bon, c’est du vin blanc et des boudoirs !

Ma sœur se moque de ma chemise de nuit rose, ils nous aspergent de champagne, Benjamin râle un peu, moi je ris,  le champagne ça ne peut que porter bonheur.

Mon cousin proteste : “Eh c’est mon premier pot de chambre, on ne fout pas assez le bor*del là, je veux garder un super souvenir !”

Puis la petite troupe s’en va, nous laissant dormir dans nos draps trempés de champagne.

En coulisse ça se dégrade, Benjamin me fait une scène, je n’aurais jamais du leur ouvrir, tout ça c’est de ma faute, je fais n’importe quoi.

Je proteste, c’est nul on ne se marie qu’une fois, on s’en fout d’avoir perdu une heure de sommeil, pourquoi me gâcher mon mariage !

Je pleure. Je ne peux plus m’arrêter. Et j’ai une furieuse envie de me faire consoler. De dire à quelqu’un : il est méchant, il m’a fait pleurer le jour de mon mariage.

Laurent dort un étage en dessous. C’est une habitude tellement ancrée de pleurer sur son épaule. Je me visualise déjà en chemise de nuit rose, pied nus dans les couloirs, frappant à la porte de la chambre de Laurent… Benjamin ne remarquera même pas mon absence, j’en suis sure.

Mais c’est ma nuit de noces tout de même ! En général je me moque pas mal du politiquement correct, oui mais là quand même ? 

à suivre