Réédition du 23 juin 2010

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À l’époque à la Sauvageonne il n’y avait que deux pièces habitables.
La pièce principale et la chambre. En fait la maison d’origine (pour ceux qui ont suivi la description détaillée).

Je devais avoir 10 ans. Dans la chambre il y avait le lit de mes parents, et trois lits alignés comme dans les dortoirs, Camomille, Cédric et moi.

Nous nous sommes souvent demandé comment nos géniteurs avaient réussi à fabriquer notre petite sœur Servane, avec si peu d’intimité, puisque d’après nos calculs, elle a été conçue à la Sauvageonne en été…
Oui nous sommes des cochons et des curieux !

D’après mes souvenirs cela devait être une période d’installation, voire peut être la première année à la Sauvageonne, car Martine faisait sécher les draps sur l’herbe, pas encore de fils à linge ! Le détail a son importance.

Une nuit très chaude comme souvent. La fenêtre est ouverte. Je ne dors pas. Mon lit est contre le mur, près de la fenêtre

Puis tout à coup, je sens une chose étrange courir sur moi.

Tout se passe très vite, je bondis, je hurle : ” Papa il y a une bête dans mon lit “, en même temps j’ai eu le réflexe de mettre le drap tout froissé sur la bête.

Je suis debout sur mon lit, dans l’angle de la pièce.
Eugène, en tenue d’Adam, a bondi, seuls mes parents avaient accès à la lampe de chevet. J’ignore comment il s’y est pris pour cacher son intimité, d’ailleurs si ma mère ne l’avait pas dit plus tard, je ne l’aurais jamais su, j’étais trop préoccupée par la bête.

Mon père regarde partout et dit qu’il ne voit rien, cela ne m’étonne pas, nous l’avons souvent appelé Saint Thomas, mais je lui montre le drap froissé, la bête bizarrement ne s’est pas échappée.

C’est une énorme sauterelle verte. Eugène la met avec précaution dans le drap et la jette par la fenêtre. La sauterelle a du profiter du soleil et du drap toute la journée, et être très dérangée de se retrouver dans un lit !