Mais c’est un chagrin d’amour. Un vrai, un premier d’amour. Ces moment terribles à regarder le plafond la nuit, cette envie de hurler : que quelqu’un m’aide, que quelqu’un…
Lisa pense qu’elle va mourir d’amour, alors qu’elle pensait que ça n’arrivait que dans les chansons ou dans les livres.
Cette haine violente qui remplace l’amour fou, ces moments où elle rêve de le tuer, pour arrêter de souffrir, tout en sachant que ça ne changerait rien. Ces moments où elle rêve de partir au bout du monde pour oublier…
Vivant mais mort, n’être plus qu’un corps, que tout me soit égal… Il faut que quelqu’un m’aide, je n’ai qu’une seule vie…
Et puis quand on pense qu’il n’y en aura pas d’autre, qu’il n’y a que lui, qu’il est impossible d’en aimer un autre. Ces moments où elle voudrait qu’il la console, lui le monstre, car c’est par lui qu’elle souffre.
Parfois elle l’appelle. Et s’étonne qu’il soit si bien remis, lui qui refusait la rupture : “tiens comment tu vas”.
Il veut la voir. Elle tient bon.
Heureusement ses filles ne verront rien de ses souffrances.
Elle souffrira 4 ans. Le reverra un jour et s’étonnera de l’avoir sublimé.
Pourtant cette histoire d’amour a profondément changé Lisa. Elle a enfin confiance en elle, elle ne doute plus de son pouvoir de séduction. Elle a muri, elle est moins égocentrique, plus attentive aux autres…
Elle commencera alors à réfléchir vraiment sur ce qu’elle veut être, sur ce qu’elle est. Avec l’aide d’un psy.
Les gens lui demandent pourquoi elle n’est pas avec quelqu’un ils pensent qu’elle se sacrifie pour ses filles.
Mais personne ne sait qu’elle a aimé, qu’elle a souffert, que cela prend des années…
C’est alors qu’elle se rappelle quelque chose qu’elle avait oublié : cette vaste question : mariage, enfants, ces rêves là étaient ils les miens, ou est-ce qu’on me les a imposés ? Son rêve d’avoir un groupe d’amis qui lui ressembleraient. Certes elle est tombée amoureuse, il fallait bien que ça arrive un jour, mais pourquoi avoir rêvé de retomber dans le même schéma, la famille mononucléaire, ou plutôt recomposée ? Car elle doit bien se l’avouer si Sébastien avait quitté son épouse, elle n’aurait pas résisté à l’envie d’un enfant commun !
L’amour pas question d’y renoncer, mais pourquoi envisage t-on toujours le couple de la même manière ?
Sa connaissance d’elle même dure des années. Années pendant lesquelles elle est plutôt heureuse avec ses filles, et surtout libre. Elle avance, elle grandit, elle s’épanouit. Elle n’a pas son âge, dans sa tête. Elle a au moins 20 ans de moins. Elle fait à 40 ans ce que d’autres font à 20.
Durant cette période, elle connait quelques belles aventures, mais très courtes. Dans des conditions exceptionnelles, homme de passage, vacances. Des hommes pas forcément libres, mais parfaitement conscients, qui profitent de l’instant et ne promettent rien, et qui s’étonnent qu’elle ne demande rien de plus.
Jamais devant ses filles. Cela l’arrange.
Hélas Lisa ne parvient pas à se faire d’amis. Les gens sont en couple, avec enfants le plus souvent. Ceux qui divorcent, comme ses sœurs, ne pensent qu’à se recaser vite, quand ce n’est pas déjà fait, sa sœur quitte son mari pour un autre… Et puis bien sûr Lisa ne roule pas sur l’or. Voyager, sortir, faire des activités le champ est réduit par le portefeuille.
Les filles de Lisa grandissent, elles ne sont pas encore parties, mais Lisa n’a pas envie d’être seule. Pas forcément en couple, mais pas seule.
A l’approche de la cinquantaine, Lucas son ami se fait mettre à la porte par sa femme qui a découvert ses infidélités, presque trop tard, car l’âge aidant, les occasions se raréfient et Lucas s’était presque décidé à se calmer, las des mensonges, las de se cacher, là de ses maîtresses qui voulaient le faire divorcer.
Pour couronner le tout, il est menacé de licenciement. Il est complètement désespéré, se sent vieux, ses enfants sont grands et se passent facilement de lui, de plus ils lui en veulent. Lisa le “ramasse” en quelque sorte, le console, elle l’hébergerait bien chez elle, mais c’est trop petit, et elle ne veut pas d’ambiguïté.
Dans le même temps Lisa se rapproche d’un collègue qu’elle a toujours bien aimé. Un peu original, drôle, cultivé, il est ho*mosexuel et lui aussi vit une mauvaise passe : son ami, un architecte avec qui il a fait construire une gigantesque maison tarabiscoté, vient de le quitter après 20 ans de vie commune, lui laissant sur les bras une maison qu’il ne peut plus entretenir mais à laquelle il est attaché.
Lisa lui parle de Lucas, lui présente. Et les trois compères préparent un projet : vivre en communauté. Lucas ne vivra plus dans un petit studio où ses ados n’auront aucune envie de rester plus de 5 minutes quand ils passent le voir, Lisa ne tirera plus le diable par la queue, et Anthony ne sera plus seul pour assumer les frais de la maison.
Lisa est la plus sérieuse, et c’est une femme, elle prépare un vrai dossier comme pour le travail. Pour les comptes, pour édicter des règles de vie : par exemple ce n’est pas parce qu’elle est la seule femme qu’elle fera le ménage et la cuisine. Pas question non plus que des intrus, les conquêtes des uns et des autres se croient en terrain conquis et s’installent. Chacun doit pouvoir recevoir sa famille, même si probablement les trois amis connaitront forcément les familles de chacun. Les filles de Lisa seront chez elles, mais devront respecter le territoire des deux hommes… etc…
Lisa espère même que leur entente ira au délà, qu’ils partiront en voyage ensemble. Ils font déjà beaucoup de sortie ensemble.
Lisa a 50 ans mais elle n’a pas son âge. Elle ne prépare pas sa retraite, au contraire elle prépare sa jeunesse, sa vie. Elle prépare des voyages, des découvertes, sa liberté. Elle va vivre ce qu’elle a toujours rêvé de vivre.
Vu de loin on pourrait la croire immature, et certains pensent même qu’elle veut vivre la même vie d’ado que ses filles… Sauf que ses filles se cherchent et que Lisa s’est trouvée…