Sujet de désaccord récurrent dans la tribu, l’héritage. 

Cela part d’un ami connu de toute la tribu, Robert, la soixantaine. Robert, retraité a perdu son épouse il y a quelques années, ses enfants la quarantaine sont mariés, deux enfants chacun. Robert et son épouse défunte ont eu une vie confortable, un appartement à Paris, une maison de campagne. Pas trop de sorties et de voyages, c’est peut être la génération qui veut ça, en tout cas mes parents étaient comme ça. 

Plus voilà que Robert après quelques années de veuvage, tombe amoureux d’une femme de son âge, divorcée. Heureusement pour lui que la dame n’a pas 20 ans de moins que lui, sinon ses oreilles siffleraient encore plus ! 

Du coup Robert se dit qu’il n’a pas vraiment vécu, et sa Dulcinée aime les voyages et rêve d’une maison aux Antilles. 

Alors Robert vent l’appartement parisien, achète un petit studio pour venir voir ses enfants de temps en temps, et vend la maison de campagne, où ses enfants ne mettaient plus les pieds, ils préfèrent le ski l’hiver et la mer l’été.
Robert projette de se remarier et d’acheter une maison aux Antilles avec sa nouvelle épouse. 

Et c’est là que le désaccord commence au sein de la tribu ! 

Martine et Cédric trouvent que c’est scandaleux : il dépense l’argent qui aurait du revenir à ses enfants, il dépense l’héritage ! Ce n’est pas normal ! Tout ce que les parents ont amassé durant une longue vie de labeur doit revenir aux enfants ! D’ailleurs dit Martine, vous serez bien contents d’avoir un peu d’argent à ma mort ! 

Moi je ne suis pas d’accord ! C’est sa vie, c’est son choix, c’est son argent ! Et pourquoi devrait-il garder une maison de campagne, où ses enfants ne veulent même plus aller ? 

Martine : Et bien qu’il la vende si il ne veut plus en assumer l’entretien, mais qu’il donne l’argent à ses enfants ! 

Louisianne : Mais c’est son argent ! Il n’est pas encore mort ! Et si il a envie de profiter de la vie ! Et si son nouvel amour lui redonnait des ailes, qu’il profite ! Et ses enfants devraient respecte ça ! 

Cédric : Moi je ne respecterai surement pas un père qui ne pense qu’à aller boire des cocktails sous les palmiers à 60 balais ! 

Louisianne : Tu connais la Pina colada ? Et le Mojito ? Miam ! Moi j’espère bien boire tout ça à 60 ans sous les palmiers ! 

Martine : Oh toi tu ne penses qu’à dépenser ! Je me demande bien ce que tu vas laisser à tes filles ! Tu pourrais au moins leur laisser ce que ton père t’a laissé à toi, mais c’est mal parti ! 

Louisianne : De mieux en mieux ! On saute une génération maintenant ! L’argent des grands parents est destiné aux petits enfants ! Qu’est ce que je vais laisser à mes filles ? Le souvenir d’une mère qui les a adoré, qui a croqué la vie, et leur a appris à en faire autant. Et puis vous avez l’air d’oublier que certains parents sont déçus par leurs enfants ! Alors si ils n’ont pas envie de leur laisser un magot, ça se comprend ! 

Ma petite sœur est d’accord avec moi. Servane va se remarier. Son appartement lui appartient, elle a pu racheter la part de son mari. Avec Pierre, ils veulent acheter une maison de campagne. Elle sait que son ex mari, remarié qui a eu un troisième enfant ne risque pas de laisser d’héritage à ses filles. 

Servane : Je suis désolée, mais je suis d’accord avec Louisianne ! Moi je veux penser à moi d’abord ! Je ne vois pas pourquoi je devrai me saigner pour laisser des sous à mes filles, alors que leur père claque tout ! Les choix que je fais actuellement c’est pour mon couple, pour mes filles aussi bien sur.
Tant mieux si le jour où je meurs il reste des sous pour elles, mais si un jour j’ai envie de tout vendre, je ne leur demanderais pas leur avis ! 

Martine : C’est ça qui est lamentable ! Avec les nouvelles lois, quand on a des enfants, on ne devrait pas se remarier ! Si demain il t’arrive quelque chose, Pierre sera usufruitier, il restera chez toi, même si l’appartement était à toi !
Tes filles devront attendre sa mort pour vendre ! Et toi qui connait l’exemple de ta copine Flora[1] , tu devrais en avoir conscience ! 

Servane : Je sais quand même qui j’épouse ! Quant à mes filles, je les aime, mais je les élève seule et j’en ai bavé quand j’étais vraiment seule ! Et quand elles seront grandes, elles partiront ! 

Repas du dimanche animé comme d’habitude ! 

Le sujet n’est pas trop revenu sur le tapis. Mais quand Martine tient un sujet, il est rare qu’elle lâche l’affaire comme ça ! 

Récemment à la Sauvageonne, voilà qu’elle repart sous le regard amusé d’Athéna au petit déjeuner :

- Mais Louisianne, tu ne comprends rien ! Imagine que demain je rencontre un homme qui m’emmène à Saint Tropez, au casino, qui me fasse euh.. boire de la co*caïne… (éclat de rire d’Athéna : ça ne se boit pas grand mère !)
Et que je claque tout mon argent, tu dirais quoi ? Et que je vende la Sauvageonne ? 

Je ris : 

- Je trouverai ça très rigolo que tu ailles à Saint Tropez !
Si tu refaisais ta vie, je serai la plus ravie, et la plus tolérante de tes enfants ! Quand à vendre la Sauvageonne, laisse moi rire, tu  n’en as pas plus envie que moi ! Et même si tu voulais, tu ne pourrais pas, tu le sais ! 

Notes :

[1]La mère de Flora s’est remariée avec un homme à 50 ans. Elle habitait la maison qu’elle avait hérité de sa mère. Hélas elle est décédée. Le gentil mari, resté dans la maison, est devenu odieux, il en a interdit l’accès à Flora, qui n’a même pas pu récupérer les affaires personnelles de sa mère.