crise

La vie ne se déroule pas toujours comme on l'aurait voulu. C'est ainsi qu'après moult débat intérieurs, moultes souffrances cachées, je décide de divorcer. Athéna a 7 ans, Artémis 5 ans.

J'avais choisi de ne pas en parler à ma tribu. Ce sont des gens très bien, mais très bavard, inutile de dire "garde le secret". J'aurais surement eu droit à une conférence un dimanche pour tenter d'en savoir plus ou tenter de me faire changer d'avis, Martine restant très à cheval sur la religion, et sûrement qu'un petit malin, tout en gardant le secret, aurait tenté de donner de bons conseils à Benjamin qui ne voyait pas sa femme partie dans ses rêves depuis longtemps. Et qui ne voyait rien venir.

Je mets donc la tribu devant le fait accompli, c'est comme ça et c'est tout.

C'était  ma première décision d'adulte et je ne le savais pas. La première fois que je faisais quelque chose qui ne plaisait pas à mes parents.

La réaction ne se fit pas attendre. Au lieu du soutien attendu, des questions attendues : "mais tu souffres, mais tu étais malheureuse et tu ne le disais pas ?"

Je n'eus droit qu'à des jugements, des leçons de morale, Eugène qui aimait bien mon mari, refusa de me parler plusieurs jours, ne voyant que les conséquences pour lui. Perdre son bras droit, son gendre préféré.

Martine me fit mille discours bien pensant, axés sur la religion, je lui raccrochais au nez. Ou alors elle me reprochait de vouloir faire le malheur de mes filles, même quand je lui expliquais que c'était tout le contraire :

Je préfèrais être une mère seule et épanouie, qu'une épouse malheureuse pleurant depuis 5 ans en cachette.!

Même Cédric et Camomille se montraient furieux d'avoir "une sœur divorcée" et ne prirent jamais ma défense lors des clash familiaux.

La seule à avoir un comportement normal fut Servane, ma petite soeur. Sans doute parce qu'avec 10 ans d'écart, on évite la rivalité. Elle n'aimait plus Benjamin depuis longtemps, elle ouvrit les yeux à mon père sur certains comportement que mon mari avait avec moi. Et quand mon père disait "moi je", elle lui répondait :

- Quoi moi je ? Tu penses à Louisianne ? Tu ne te demandes pas pourquoi elle prend cette décision ?

Il y eut quelque scènes épiques, comme celle où Martine voulut venir un soir me faire la morale, Eugène se trouva un peu gêné une fois dans la place. A bout d'arguments Martine me dit des tas de méchancetés : je n'étais jamais contente, la preuve je ne voulais pas porter le nom Amour, je ne méritais pas ma chance etc.

Je ne répondais plus, je pleurais assise sur un tabouret. Eugène, gêné se mit à tourner en rond et dit à Martine qu'ils se mêlaient de ce qui ne les regardait pas. Puis je dis "allez vous en", ce que Martine prit très mal.

À ce moment Athéna et Artémis pourtant au lit depuis longtemps, mue par une intuition, descendirent en chemise de nuit et m'entourèrent de leurs petits bras pour me consoler.

Martine demanda alors à Athéna si sa maman pleurait souvent. Athéna ne répondit pas.

Plus tard Athéna aura cette belle phrase : "je les aime quand même, mais quand ils sont méchants".