rocaille2Donc Laurent est de nouveau avec Brenda, quand à moi mon histoire avec le sosie de Laurent ne dure pas longtemps. Je n’ai pas vraiment envie de me caser, et surtout pas de devenir un couple qui ressemblerait à Laurent et Brenda : ils passent leur temps à se disputer !

Le temps passent. Nous avons 18 ans. Laurent passe le permis, moi aussi, petit à petit les plus âgés de la bande se mettent à conduire. Le jour où j’ai le permis, Laurent veut me faire conduire la 2 CV de ses parents, il m’emmène dans les petits chemins creux de campagne, je suis complètement paniquée, c’est quoi ces vitesses au tableau de bord ?
À cette époque Laurent avait pris un peu plus de liberté avec Brenda, il allait où il voulait prenant le risque de la voir débarquer et faire une crises d’hystérie. Il était prudent tout de même,  me disait souvent “ne dis rien”. Pas vraiment téméraire. Lui parler, le voir, restait tout de même difficile. Souvent quand il y avait une soirée, nous aimions nous retrouver après pour en parler, c’est comme ça l’amitié. Le besoin de s’isoler pour partager.

J’achète ma première voiture une R5. Peu de temps après avoir massacré la 2 CV de ses parents, Laurent s’achete la même voiture que moi, sauf la couleur. Alors il passe beaucoup de temps chez moi ou chez lui à bricoler sa voiture ou la mienne. C’était l’époque bénie où on pouvait encore ouvrir un capot sans voir une collection de boîtes en plastique (elle est cachée où la batterie ?) et où le contrôle technique n’existait pas !

Je m’égare, mais on peut être une grande rêveuse et aimer les voitures, j’en parlerai un jour.

Lorsque quelque chose cassait dans la mécanique de Laurent (sa voiture pas lui) il venait vérifier si il n’y avait pas la même panne sur la mienne.
Le temps passe, je me souviens de l’année du bac de français. Époque où nous lisions les mêmes livres Laurent et moi. Nous en parlions. Lui bien sûr n’en parlait pas avec Brenda. Les crises de Brenda étaient devenues légendaires, pire la risée de la bande !
Je me souviens d’un soir où nous étions réunis chez Laurent. Caroline et Camomille avaient décidé (après en avoir averti tout le monde en douce, sauf les principaux intéressés) de faire semblant de draguer Laurent.  Caroline crie haut et fort : “Laurent, je te plais, j’ai une chance avec toi ? Ça te gênerait quelqu’un que tu connais depuis si longtemps ?”.  Puis ma sœur en rajoute une couche. C’était gros, mais Brenda a fait sa crise de jalousie ! Les garçons riaient, proposaient de fournir les armes !
Laurent ne réagissait pas trop. Des années durant je lui ai reproché sa lâcheté dans les relations humaines. On ne se ressemblait pas pour ça, et souvent ma franchise et mon franc parler lui faisaient peur ! Aux abris !
Avec le temps j’ai appris à faire avec. Je me moquais gentiment de lui : tu es aussi dégonflé que mon vélo ! Ou encore : c’est vraiment la honte pour moi d’aimer un poltron. Bien sûr je parle de relations humaines. Il n’était pas poltron pour le reste ! Je me souviens qu’un jour il est venu à mon secours quand un ivrogne m’avait harcelée dans une fête !

L’année scolaire où j’ai eu 19 ans, j’ai changé de milieu scolaire et je suis allée à l’école à Paris. Lui aussi venait de changer d’école. Un jour il vint me surprendre à la récréation. Il me dit que son école était à deux rues de la mienne. À partir de ce moment nous nous sommes vus toutes les semaines. J’allais le chercher à la sortie des cours le mardi, jour où nos emplois du temps concordaient. Nous allions dans un café boire un chocolat et parler. Parfois on se voyait aussi le mercredi après midi. Ou il venait m’attendre à la sortie des cours. Bien sûr tout cela en cachette. Par ses crises et son hystérie, Brenda avait réussi cela : nous nous voyions en cachette.

Personne dans la bande ne le savait, un jour Patrick frère de Caroline me dit innocemment : “je ne savais pas que ton école était si près de celle de Laurent”.
- Ah bon ? moi non plus !
Vu que j’habite en banlieue, et que c’était ma première année d’école à Paris, je pouvais faire semblant de ne pas savoir lire un plan de métro.
Regard échangé entre Laurent et moi ! Ouf ! Bien sûr il y en eut de ces regards complices, et de ces fous rires plus tard quand nous nous retrouvions après !
- Tu as vu, tu as pensé la même chose que moi, non ?

Et c’était drôle !