menage

J’étais très jeune. J’avais moins de 4 ans, puisque ma sœur n’était pas encore née.

J’habitais encore au numéro 16, au troisième étage pour ceux qui suivent.

Martine, ma maman était en train de nettoyer les carreaux et je trainais derrière elle, car je n’avais pas le droit de me pencher à la fenêtre, et que là, vu que la fenêtre était ouverte c’était génial de regarder ce qui se passait dans la cour !

Martine pose le genou sur une petite table basse. Le plateau est fait de verre trempé très épais.
Je l’ai toujours connue cette table.

Soudain le drame. Le genou de ma mère s’enfonce dans la table. Sa jambe se plie, le verre s’enfonce profondément. Elle ne peut plus sortir tant sa jambe est encastrée dans les énormes morceaux de verre.
Le sang gifle, une cicatrice est particulièrement impressionnante. Je crie “Maman” !

Mais ma maman reste relativement calme. Elle me dit de me pencher à la fenêtre et de crier “au secours” !

Terriblement impressionnant.! Au secours c’est dans les livres, dans les films, quand on joue mais dans la vraie vie, jamais je n’aurais cru crier cela ! Et qui va me croire ?

Un voisin lève la tête, et finalement je n’ai plus grand chose à faire. Martine n’est pas loin de la fenêtre, elle peut lui expliquer ce qu’elle a.

Je ne souviens plus du tout du reste. Comment ma mère est sortie de là, comment elle est descendue.
Je sais juste qu’une vieille voisine est venue me garder et que j’ai regardé, désespérée, ma maman partir dans la voiture du voisin, à l’hôpital, proche heureusement.

La vieille voisine me disait que ce n’était pas grave, de ne pas m’inquiéter.
Mais si c’était très grave, c’était horrible, on emmenait ma maman et il y avait du sang partout !

Martine s’en est tiré avec des points de suture et une cicatrice très profonde encore visible. Eugène s’en est voulu d’avoir acheté cette table. Il a remplacé le verre par une planche en faux bois, elle est beaucoup plus légère depuis !

Nous l’avons encore !

Martine depuis déteste les tables basses en verre. Elle passe son temps à dire, non ne vous appuyez pas dessus, non ne laissez pas les enfants s’asseoir dessus. Même les tables hautes en verre, elle n’ose pas poser le coude dessus, on la comprend !

Réédition de 2009, accident évoqué dans le numéro seize