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Le dimanche, Alice se demande si elle va de nouveau retourner au grenier. Le matin elle fait un peu de ménage, puis après un déjeuner rapide, elle s’installe dans le salon avec la pile qu’elle a préparé. 

Tout en regardant les photos, elle se repasse le film de sa vie. Mais pas comme elle le fait d’habitude, dans le désordre avec des souvenirs qui viennent sans qu’on les appelle, les bons souvenirs en général…. Non là elle essaye de faire venir ses souvenirs en analysant les situations. Pourquoi je n’avais pas d’amis ? 

Elle se revoit enfant au milieu de ses sœurs. Elle se rappelle vaguement une amie de l’école primaire. Elle se rappelle surtout que la maison familiale était toujours pleine des amis de ses sœurs. Alice la timide s’amusait avec ceux qui étaient là, ce n’était pas vraiment son choix, mais c’était la facilité.

Le temps passe vite. Que se passe t-il ensuite ? Quand elle rencontre Jean-Marie, très vite il la présente à ses propres amis, à sa famille aussi, et Alice sympathise avec sa belle sœur. Mais là encore était-ce son choix ?

Secrètement elle rêve d’avoir sa propre vie. Elle avait été la fille de… la sœur de… et puis la femme de… Et enfin elle devint la mère de…

Et le temps a filé. Le temps passe vite quand on a des enfants. Et puis le divorce, banal lui aussi, mais un premier pas vers la liberté. Pourtant l’illusion a été de courte durée. Si elle voulait garder la maison il fallait faire des sacrifices, et donc les sorties et loisirs étaient limités !

De toutes façons, Alice ne savait pas trop ce qu’elle avait envie de faire…Elle n’avait jamais pris le temps d’y penser. Elle aimait lire, mais un club de lecture lui paraissait sinistre. Qu’aimait-elle d’autre ? Le cinéma ? Le théâtre…

La fin du dimanche fut plutôt terne et sinistre. Alice voyait tout en noir. En fin de soirée, son fils aîné l’appela. Cela la ramena à la vie. En racontant des petites choses sans importance, en disant que tout allait bien, qu’elle avait rangé le grenier, et bien cela allait bien, vraiment !

Le lundi il faut aller au travail. Alice prend sa voiture pour aller jusqu’à la gare et se dit que c’est une raison de plus pour déménager : se rapprocher de son travail et ne plus avoir autant de temps de transport.

Le lundi elle prend des rendez-vous chez le coiffeur, l’esthéticienne, elle est jolie, mais elle oublie souvent de se regarder dans la glace.

Le mardi elle commence à regarder les petites annonces immobilières. Elle se sent aussi heureuse qu’une jeune fille qui prépare son premier bal…