Ce matin je me suis réveillée à 4 h 45... Et le sommeil ne revenait pas.

Et une chanson s'est mise à chanter dans ma tête (ça m'arrive souvent, vous l'aurez remarqué, et si je chante moyennement fort sous la douche, c'est de peur que les voisins m'entendent !)...

Il est cinq heures, Paris s'éveille, il est cinq heures, je n'ai pas sommeil.

Bien sûr c'est une chanson éternelle, intemporelle, mais si elle revient, c'est qu'il y a quelques jours, sur télé matin, toute l'équipe a fait une vidéo sympa avec cette chanson en toile de fond, j'ai d'ailleurs attiré l'attention d'Artémis occupée devant le miroir du salon sur l'originalité du générique et la beauté de la chanson. À la fin de la chanson, on voit Jacques Dutronc sur un écran et William Leymergie lui demande si ça lui a plu.

Ça c'est l'anecdote qui m'a ramenée cette chanson en mémoire, mais tandis que dans mon lit je chantonnais les paroles, je m'attardais un instant sur cette chanson et ce qu'elle représente.

Très jeune j'étais déjà tombée amoureuse de la voix sensuelle et polissonne de Jacques  Dutronc avant même de connaître son image, la radio tenait plus compagnie que la télé à l'époque.

J'étais jeune la première fois que j'ai entendu cette chanson (1968), et je me demandais comment Paris pouvait se lever si tôt ! Bien sûr à Versailles les boulangers se levaient tôt et les maraîchers étaient à 6 h sur le marché, mais à 5 h !

C'est cette chanson qui a rendu Paris magique, qui m'a fait comprendre que cette grande ville, tout près de la mienne, ce n'était pas seulement la tour Eiffel et les champs Elysées.

J’aime ce contraste entre le Paris de la nuit Les travestis vont se raser, les stripteaseuses sont rhabillées et celui que les touristes connaissent peut être moins : une ville qui se lève tôt, qui travaille À la villette on tranche le lard.

Ce Paris des ouvriers, des chauffeurs de camion, des forts des Halles…

Hélas, c’est peut être mieux pour la circulation, mais j’aurais aimé connaître ces Halles, dont me parlait mon grand père. Jeune homme, il se levait tôt, car il était facile de se faire quelque argent, en proposant de l’aide pour décharger les camions. Ensuite tous les forts des halles, les maraîchers, bouchers, charcutiers mangeaient ensemble la soupe à l’oignon pour se donner des forces et du courage pour la journée avant l’ouverture.

Tous les lève tôt y sont cités, j'ai un oncle qui a travaillé au Parisien libéré, à l'imprimerie, et qui prenait sa voiture de bon matin pour être à 6 h au travail.

Ce Paris des blouses bleues, des bleus de travail, des blouses ou tabliers blancs tachés de farine ou de sang de bœuf...

Les lève tôt y sont cités, mais aussi les couche tard, c'est ça que j'aime !

Bien sûr les temps changent, mais Paris reste une fourmilière, une ville qui se lève tôt, une ville magique par ses contrastes.

Je suis sûre que dans 20 ans, cette chanson chantera encore dans toutes les têtes, et comme dit le dicton : Paris sera toujours Paris.

Les sites qui donnent les paroles n'ont plus le droit de les donner, aussi je vous laisse savourer :

Je suis l'dauphin d'la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d'balais

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n'est plus qu'une carcasse

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

La tour Eiffel a froid aux pieds
L'Arc de Triomphe est ranimé
Et l'Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher

Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n'ai pas sommeil