Lorsque j’étais une jeune fille insouciante je lisais énormément, d’ailleurs je m’en veux d’être devenue aussi paresseuse, au point de mettre parfois deux mois pour finir un livre. 
Je me faisais la réflexion, puisque je vais jouer une pièce d’Agatha Christie, en discuttant avec un pote de théâtre des œuvres de la dame, que je repense souvent non pas à des livres que j’ai lu mais à des collections entières.
Et hier le sujet d’un ancien billet de Bleck m’a rappelé une de ces collections. 

Je lisais beaucoup ” Guy des Cars ” chez ” J’ai lu “.
Les illustrations de couverture étaient toujours très réussies. J’aime bien quand la couverture me fair rêver, quand je ferme le livre et que je regarde l’image en me disant : oui c’est bien comme ça que je l’imagine l’héroïne. 

C’est fini depuis longtemps les couvertures ne ressemblent plus à rien : une photo d’une base de données, un dessin informe. Et puis maintenant je lis le plus souvent sur ma liseuse. 
Je me souviens de tous les titres aussi. Comme pour les couvertures, je trouve que les titres sont aujourd’hui si peu parlant que je n’arrive plus à m’en souvenir, même si je me souviens de l’histoire !

Ces livres nous les dévorions, Martine, Camomile et moi, nous nous les passions, il y en avait beaucoup dans la maison, et beaucoup dans la maison de campagne. À bien y réfléchier je ne sais même pas si nous les achetions, durant mon enfance il y a eu énormément de livres donnés par cartons entiers par des amies de ma grand-mère. Eugène recevait aussi des dons des ses collègues dès qu’il disait que sa femme lisait beaucoup.
Eugène lisait parfois un des livres de Guy des Cars quand nous lui disions : celui là il faut le lire  absolument !
Et Martine se moquait de lui quand à la question : ” tu l’imagines comment l’héroïne physiquement ? “, il répondait : ” je ne l’imagine pas ! “


Guy des Cars était assez critiqué : lire Guy des Cars c’était un peu comme lire un ” Harlequin ” pourtant ce n’est pas le même niveau. Bien sûr il y avait toujours une fin heureuse, bien sûr il y avait toujours une histoire d’amour. À part quelques exceptions on pourrait aussi lui reprocher comme à Françoise Sagan de ne parler que des milieux aisés. Même les pauvres finissent toujours par voir la chance leur sourire et se retrouvent dans les beaux quartiers. 

Et pourtant ! Les sujets abordés étaient toujours intéressants. Moi qui étais une jeune fille de bonne famille, j’ai appris des choses que j’ignorais sur certains sujets de société, des sujets qui à l ‘époque ne passaient pas sur toutes les chaînes de télé. 

L’Impure qui aborde le thème de la lèpre ne fait pas partie des choses que j’ignorais, je le cite car la couverture est belle.  

Les sujets étaient toujours abordés avec une grande délicatesse, sans voyeurisme et bien documentés. Je me souviens  d’ Une certaine dame, l’histoire d’un jeune homme qui veut devenir femme. Elle devient même mannequin et l’opération est expliquée avec précision, sans détails sordides. Bien évidement je ne savais absolument rien de ce phénomène et personne n’en parlait. 

Autre thème L’insolence de sa beauté l’histoire d’une femme très laide et des conséquences sur sa vie. Sujet un peu tabou aussi, avec les éternelles phrases rassurantes qu’elle entends. Une femme qui travaille dans un magasin de vêtements de luxe et ne fait pas d’ombre à ses clientes, mais dont le but est d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Là aussi tout est expliqué, pour le chirurgien c’est un vrai cas d’école. Je ne vous raconte pas la fin, ce serait dommage. 

Sang d’Afrique une histoire en deux tomes qui nous avait bouleversée Camomille et moi, sur les couples mixtes, couverture très réussie aussi, il fallait coller les deux livres pour faire l’image entière. C’était aussi un sujet peu abordé. 


La tricheuse un roman incroyable qui commence comme un roman banal, mais dont le suspense vous emporte à la fin. Il pourrait faire un film génial. 
Les filles de joie, inutile que je vous précise de quoi il retourne, sujet toujours traité avec délicatesse et bienveillance. 
Cette étrange tendresse parle d’un jeune homme, les sujets sont multiples. 

Tous les romans n’étaient pas égaux bien sûr. Il y en a même un que je n’ai jamais voulu lire La demoiselle d’Opéra ma sœur adore la danse classique, moi je déteste ça !

Je me souviens pas de tous, mais en cherchant sur la toile, en reconnaissant les couvertures, je sais si je les ai lus ou pas. 


Non je n’ai pas tout lu, je suppose qu’à un moment j’ai du me lasser. Il y a sûrement un phénomène de mode aussi. Nous en parlions, nous en entendions parler, c’est comme ça que je sais que certaines de mes camarades de classe jugeaient cet auteur trop fleur bleue.
Et puis il est tombé dans les oubliettes, la preuve je n’y ai pas repensé jusqu’à hier ! Je suppose que les livres sont au grenier de notre maison d’enfance. 
Ce n’est pas comme la collection Le masque, SAS ou les Harlequins de ma grand-mère que je vois tous les ans à la Sauvageonne. Non  les Guy des Cars, je ne les ai pas revus ni tenu entre les mains. 

Ah les livres ! Ils nous font vivre de belles aventures ! La preuve, me souvenir de livres, même sans les relire, même en pensant à la couverture m’a fait faire un petit voyage dans mon enfance ! Je revois ma chambre, la bibliothèque qui montait jusqu’au plafond, je me vois même rire et sourire avec ma mère et ma sœur et discuter à bâtons rompus de nos lectures.