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L’autre jour, sur le blog de Calpurnia il était question de vitesse de frappe, et nous étions quelques anciennes, formées ” à la dure ” (c’est à dire sur des machines à écrire où il fallait vraiment frapper les touches), à parler de notre vitesse de frappe et du fait que cela est de plus en plus rare dans les jeunes générations.

Ce qu’il y a d’amusant, c’est que la plupart des femmes avec qui j’en parle (oui les hommes je n’en ai pas connu) ont débuté comme secrétaire ou dactylo…

Et moi cela n’a jamais été mon métier !

Petite je rêvais déjà d’une machine à écrire. Pour moi c’était un objet magique. J’ai toujours écrit des histoires, et la machine à écrire c’était mon rêve.
Pas seulement parce qu’une machine à écrire ça sert à écrire ! Mais aussi parce que j’aime les machines, la technique.

Le sujet de ce billet c’est la machine à écrire, mais j’ai été passionnée par bien d’autres machines, dont les appareils photos, les magnétophones etc.

Une méchante maîtresse avait dit à mes parents de ne pas m’acheter de machine à écrire car j’allais devenir paresseuse et ne plus vouloir écrire à la main ! La vieille institutrice, la garce ne savait probablement pas ce qu’était une machine à écrire, elle fait partie de mes pires souvenirs, celle là !
Heureusement mes parents ne l’ont pas écoutée.

Un jour à la caverne des particuliers, mon père m’a trouvé une machine remington  “portable “. Le “portable” est plutôt drôle vu la taille de l’engin qui se rangeait dans une valise solide et lourde La machine était accompagnée d’une méthode pour apprendre les touches et je me lançais courageusement, musclant mes petits doigts, autant dire qu’un auriculaire a besoin de se muscler pour frapper ces touches là !

J’ai bien entendu écrit des tonnes de lignes, acheté des petits papier “correcteurs” pour effacer la dernière lettre. Plus tard j’ai eu des cours de dactylo au cours de mes études, je savais déjà taper, cela m’a cependant servi à corriger quelques mauvaises habitudes.

Plus tard dans l’administration, je disais que je ne savais pas taper !
Pourquoi ? Parce que le monde d’alors était très hierarchisé et encore très macho ! Les dactylos travaillaient dans des pools qui étaient de vraies usines à fournir des lignes au kilomètre. Les secrétaires étaient un peu les esclaves des chefs qui prenaient deux heures pour manger le midi et avaient une note à taper à 17 h 30 quand tout le monde partait. Une ou deux fois on m’a demandé de taper une lettre pour rendre service, ce qui aurait bien évidement été mettre le doigt dans un engrenage infernal…
” Je ne suis pas dactylo “.Je disais cela sans orgueil, mais d’autres y mettait un accent outré : enfin je ne suis pas dactylo MOI !

Plutôt rigolo ces batailles d’égo entre D et C, les D ayant totalement disparu de la circulation d’ailleurs.

Bref les années passent, les machines prennent de la mémoire il a fallu beaucoup de temps encore. Beaucoup de temps pour en arriver au traitement de texte tel que nous le connaissons et à sa facilité pour écrire, modifier, stocker.

J’avais fait un stage sur une machine qui était l’ancêtre du traitement de texte qui s’appelait Questar il me semble. Cela ne m’avait pas du tout interessée. C’était trop réducteur, trop basique, trop réservé aux travaux de secrétariat.

Nous avons eu des terminaux qui ne servaient qu’à saisir, rien d’intéressant pour moi que seule l’écriture intéresse. Enfin les vrais PC sont arrivés. Au début il y en avait un par bureau pour 3 personnes. Bien sûr ma vitesse de frappe, je ne la cachais plus, je m’occupais du journal interne, et j’étais très souvent celle qui explique aux autres comment ça marche. Je n’avais pas encore de PC à la maison mais je maitrisais parfaitement le traitement de texte et j’écrivais tout sur des disquettes que je gardais chez moi.

Ensuite la révolution est venue très vite. À cause de la messagerie, et du fait que les directeurs voulaient tout envoyer par messagerie, les convocations aux réunions et les ordres du jour, très vite nous avons eu un micro par personne.
Certains freinaient des quatres fers : mais pourquoi faire ? La messagerie, mais je sais pas taper, comment je vais répondre ?
Quelques zombies faisaient le pied de grue devant le bureau du personnel : trouvez-moi un poste où il n’y a pas d’informatique ! Je suis en retraite dans 2 ans !
C’était encore possible à l’époque : on les casait à a coopérative pour faire la caissière, à la bibliothèque ou à l’accueil des salles de cours.

Bref le temps est venu où plus personne ne prend un papier et un crayon. Les cadres ont fait des stages pour apprendre les touches, même si certains ne tapent qu’avec 2 ou 6 doigts.

Aujourd’hui il n’existe pas un seul poste où on ne travaille pas sur un PC. Même pour commander des fournitures. Aujourd’hui parce que je suis curieuse et perfectionniste, j’en sais plus que les secrétaires qui maitrisent mal l’outil, ne savent même pas faire des modèles ou des insertions automatiques.

Je me souviens de mon frère en BTS compta, qui râlait à cause des cours de dactylo : c’est pour les filles ça ! (sale macho) aujourd’hui il est content de savoir taper avec les dix doigts !

Le clavier est le prolongement de mes mains. D’ailleurs je l’ai déjà dit, c’est jouissif pour moi ! Les touches sont devenues bien plus douces que sur ma vieille Remington mais les gestes sont les mêmes. Je peux écrire les yeux  fermés.

J’ai très vite fait comprendre à mes filles l’importance du clavier : Je t’interdis de regarder tes doigts, je t’ordonne de taper avec les dix doigts, même quand tu es sur msn, surtout sur msn c’est un bon entraînement !

Toutes deux s’en servent pour leur travail. Et à voir la vitesse à laquelle on ” mini-chat ” toutes les trois sur Face de bouc, elles n’ont rien à m’envier !

Pour cette génération, le clavier fait partie du quotidien, pour moi c’était une passion et ça n’a jamais été mon métier ! Hihi !