85592930

Même jeune (j’ai été jeune, si si !) je n’ai jamais aimé les expressions jeunes, et pas seulement jeunes, mais “nouvelles” ! 

Sans doute que j’aime trop la langue pour la massacrer ! Mais attention, je ne rejette pas tout en bloc ! Certaines sont tellement bien trouvées et tellement drôles que je les adopte ! Exemple : il a deux de tension ! À condition de ne pas en faire “2 de tens…” ce qui ne veut plus dire grand chose et n’est pas compréhensible par tous (toutes tranches d’âges, tout milieu, etc.)

J’aime aussi à l’Ouest quoique je n’ai jamais compris d’où venait l’expression, sans doute le vent d’Ouest rend t-il fou ? 

Ouh la vilaine, je n’aime que les expressions pour me moquer de mon prochain ! Comme mou du genou !

La métaphore peut être drôle et utile ! Parfois ce n’en est pas une, mais juste une exagération volontaire : mes filles m’ont toujours fait rire avec leur cassos abréviation de cas social ! Je ne l’emploie pas, mais ça m’amuse !

Quand on me dit “il y a baleine sous le gravillon” je ne vois pas l’intérêt ! Anguille sous roche suffisait largement !

À l’heure où j’étais encore à l’école (même si ce n’était plus la primaire) les expressions nous faisaient déjà retourner à l’école !

Même hors contexte, comme si ce n’était pas possible de trouver mieux ! J’ai tout faux avec cette fille !  Je me suis trompé d’heure, tout faux !

Nous voilà infantilisés, notés, jugés, par nous même ou par un autre, comme si tous nos actes méritaient une évaluation !
Le “tout bon” ou “tout juste” je ne l’ai jamais entendu !

De même j’ai toujours détesté le zéro de mon époque : ce mec est un zéro, ou encore une phrase jugée par un zéro définitif, on faisait aussi à l’époque le signe zéro du pouce et de l’index pour bien te faire comprendre que tu étais une nullité !
À l’époque de l’adolescence, les timides, les peu sûrs d’eux se faisaient noter par ceux qui n’avaient guère que leur grande gueule pour mériter de jouer les profs face aux élèves !

Ce langage scolaire n’a fait que se développer avec les années ! Dans le travail : il faut que je revois ma copie, reprenez votre copie, je dois rendre ma copie !

Ridicule  ! Je dirais bien “n’importe quoi” mais c’est encore une expression bidon !

Comme si les mots manquaient dans le milieu professionnel ! Dossier, synthèse, mémoire, rapport et j’en oublie !

Les expressions à la mode pourraient rester dans les cours de lycée, mais non, même les journalistes les adorent, et ne se rendent pas compte qu’ils sont censés être compris par la mamie du Larzac et par le Maire d’une ville moyenne !

En voilà une que je déteste : ça va le faire, ça va pas le faire, ça le fait, ça le fait pas !

Le “le” est censé se rapporter à quoi ? le “ça” est douteux aussi mais bon !
Exemple pour ceux qui ne suivent pas :

- Oups ! Si j’oublie mes clés, ça va pas le faire !

- Tu me proposes un théâtre vendredi ? Moui, ça peut le faire !

Grr ! ça m’énerve !

Une autre aussi le “qui va bien” ! J’achète la robe bleue et la ceinture qui va bien !
Vous ajoutez les oignons et le persil qui va bien !

Tout va bien merci ! L’ordinateur et l’écran qui va bien, le stylo et le capuchon qui va bien.
Le plus souvent l’expression me donne l’impression de se débarrasser de l’autre :

- Vous n’avez qu’à acheter le chargeur qui va bien …c’est plus rapide que le modèle X201-fx33 et le vendeur a la paix !
Sauf que moi j’adore insister : et quel est le modèle du chargeur qui va avec ce téléphone je vous prie ?

Idem pour l’émission de cuisine, on abrège, on abrège ! Vous mettez dans le plat qui va bien plutôt que “un plat creux, un plat ovale”

Le verbe gérer a changé d’habit ! On gère tout ! Ses émotions, ses désirs, ses enfants, son mariage, ses dossiers, ses vacances, sa grossesse, sa rupture, ça gère, ça gère ! 

Faut gérer ta grossesse, faut gérer ton couple, tu ne gères pas ton nouveau statut de mère ! Gère tes affects, ton handicap, ton trajet PARIS ORLY, que diable !

Ouf ! À quand des contrôleurs de gestion pour tous nos actes et même nos crises de larmes ?
En deuil depuis peu, cherche un contrôleur pour m’aider à gérer (c’est mon premier deuil, j’étais trop petite quand mes grands parents sont morts, merci !

Pire parfois on entend : Maxime il gère !
Il gère qui que quoi dont où ? Rien, il gère c’est tout !

je n’ai rien contre (je sais je suis tordue) l’emploi actuel du verbe assurer”. Tu as assuré ! Sans doute parce qu’il marque un compliment plus que “tu t’es bien débrouillé” !

Vos yeux sortent de vos orbites chaque fois que vous croisez une femme, jolie ou pas ? Vous essayez de séduire toutes celles que vous croisez, même si elles ne sont pas libres ? Ne cherchez pas ! Vous êtes mort de faim ! Rassurez vous ça peut s’accorder au féminin ! C’est plus joli qu’en manque de se*xe je vous l’accorde, mais pas forcément aisé à comprendre. Si vous dit “Alain quel mort de faim” et que vous n’avez pas remarqué son comportement, vous allez demander si il est au chômage !

Ce ne sont pas des expressions mais des adjectifs employés mal à propos !

De l’exagération encore et toujours !

Quand j’étais jeune on était GÉANT ou GÉANTE ce qui ne voulait même pas dire que vous aviez fait un exploit, mais qu’on vous aimait bien !

Aujourd’hui nul besoin d’être gros pour être ÉNORME ! Soit parce que vous avec fait une vanne trop drôle, soit parce que vous êtes le boute en train du coin, ou encore le “cuité” de service sur qui on a des “dossiers” mémorables pour chaque soirée !

Tiens là c’est l’inverse c’est le langage bureau qui s’invite chez les ados, des dossiers sur tous mes potes ! Ça veut juste dire des potins, en particulier quand le copain en question est ridicule, inutile d’en faire un fromage ! 

Mais énorme ce n’est pas seulement une personne, ça peut être un spectacle, un film, une émission, et quand ça ne suffit pas, on peut même ajouter un suffixe énormissime !

De même aujourd’hui tout le monde est EXCELLENT ! je me souviens d’un formateur qui s’écriait “Excellent !” à chaque intervention même banale, d’un stagiaire !
Nous en avions ri à la pause et au bout de deux jours nous étions tous pliés de rire à chaque fois qu’il le disait !