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Enfin ! J’ai signé, enfin j’ai les clés de mon nouvel appartement. Il est là au premier étage, un appartement déguisé en maison, charmant, non ?

Au siècle dernier, j’avais eu un mal fou à quitter Ville Natale. Et non seulement Ville Natale mais aussi son département.

Comme je l’ai déjà dit, MaVille est à la frontière d’une petite ville, banlieue de ville natale, il va falloir que je lui trouve un nom d’ailleurs, et aussi à la frontière du département. Quand je vais à pied dans mon petit quartier commerçant, en traversant la rue principale, (dont la frontière est au mileu de la chaussée), je peux changer deux fois de département. Passer du quatre vingt douze au soixante dix huit sans m’en rendre compte.

Oui j’ai eu du mal et pourtant je me suis très vite habituée. Non seulement parce que je me suis rapprochée de Paris, donc de mon travail, trois stations de train en moins, et une zone de carte orange (oui on disait comme ça) en moins ce n’est pas négligeable !

Mais en plus en me rapprochant, j’ai connu curieusement une amélioration du cadre de vie digne d’une petite ville de province !

Ville Natale, Versailles, malgré son château, son parc immense et sa verdure est devenu un peu comme Paris. Sauf si on roule sur l’or, on habite au 3ième sans ascenseur, ni cave, ni parking, on gare la voiture où on peut, et encore si on arrive à trouver une place gratuite, et on se fait livrer les courses car on ne peut pas se garer près des supermarchés.

Dans MaVille je peux aller à pied dans le quartier trouver tous les commerces de proximité, et j’ai aussi deux supermarchés avec des parkings.

Et j’ai découvert avec un grand plaisir, la forêt, les étangs, mes balades du dimanche, 156 hectares de forêt. Le muguet des bois devenu célèbre grâce à une chanson alors qu’en réalité ces bois n’existent ” géographiquement ” pas ! Ils portent d’autres nom ! les forêts domaniales de Meudon et de Fausses-Reposes,

Aussi c’était inenvisageable pour moi de quitter mon quartier… Et si possible je voulais rester dans Ma Ville ! Car j’ai toujours été passionnée par l’histoire de MaVille et MaVille a une histoire. Alors que Belle Voisine (ben ça y est je lui ai trouvé un pseudo de ville) n’a pas d’histoire. C’était juste un grand domaine forestier que se sont disputés au cours des années, le Roi de France et le Comte de MaVille.

Belle Voisine a été coupée, recoupée, redécoupée, cédée. C’était moins problématique qu’aujourd’hui d’ailleurs puisque le soixante dix huit s’appelait Seine et Oise et que MaVille en faisait partie. Mais comme on dit, il faut bien mettre la frontière quelque part…

Le plus étrange est que depuis quelque temps, je fais partie d’un groupe de jeunes et de moins jeunes passionnés par ma ville et qu’une fête est prévue pour se retrouver… Moi qui déteste déménager, raison de plus pour ne pas en avoir envie !

Mais voilà dès décembre je me suis heurtée à la difficulté de trouver ” dans mon quartier “, même si j’étais prête à choisr Belle Voisine pour y rester. Belle Voisine et MaVille, sont traversées par la voie royale qui va de Ville Natale à Paris. C’est l’axe principal, les centres villes. L’endroit où je n’ai pas envie d’être : du bruit, de la circulation, des places payantes. Alors que mon quartier est pavillonaire et au bord de la forêt, des stades, de l’église.

La recherche a été très difficile. Taper MaVille ou Belle Voisine dans un moteur de recherche, c’est me retrouver presque systématiquement sur ce grand axe. Ou alors près des autres gares qui ne sont pas celles qui m’arrangent le plus.

Mon quartier est pavillonnaire, donc peu d’immeubles, ou alors très vieux.

J’ai visité de tout. J’ai vu des horreurs. J’ai quand même visité dans des quartiers qui ne me plaisaient pas pour voir. J’ai vu les pièges quand les annonces vont disent : ” pas loin de la gare machin ” alors que c’est à 20 minutes à pied. La marche ne me gêne pas, mais j’en ai déjà en arrivant à Paris. Et puis j’ai toujorus habité près des gares, donc…

J’ai visité aussi bien sûr des appartements à Belle Voisine. Un peu moins cher curieusement; Petit à petit j’essayais de me faire à l’idée que j’allais devoir changer de ville, de département, ce qui, à part ” sur le papier ” ne change pas énormément puisque le quartier est le même. Je n’ai plus d’enfants à l’école, donc pas de problèmes de zone scolaire, j’aurais la galère des impôts, à voir plus tard.

Ma carte grise, mon passeport, ma carte d’identité sont récents, donc pas de visites à la maire à prévoir. Reste la poste, et là il va falloir trouver une solution car j’adore la mienne et je déteste l’autre, mal placée, petite, impossible de se garer.

Mais en attendant toutes ces visites m’ont désespérée, sapé le moral. J’ai visité de l’ancien mais c’était trop vieillot. J’ai visité du moderne, mais je m’y voyais pas.
Les rares qui me plaisaient faisaient 60 m² mais je ne pouvais pas me permettre une telle dépense.

Un jeudi où j’étais en congés, j’avais visité un appartement le matin et j’étais complètement découragée : moche, la chambre donnant sur la rue, la cuisine soi disant équipée totalement vide, une terasse soi disant dinatoire minuscule !

Lorsqu’arrive le coup de fil inattendu : ma voisine qui travaille dans une agence ! Elle a un appartement pour moi, tout près de chez moi à Belle Voisine ! Vite je cours le voir de loin, car les locataires y sont encore.

Il a fallu attendre de longs mois pour le visiter enfin. De longs mois à m’angoisser, à craindre que ça ne se fasse pas, à le meubler dans ma tête d’après les photos.

À cela bien sûr s’est ajouté le stress des cartons à faire, les multiples questions qui en fait n’en sont qu’une : mais où est ce que je vais mettre tout ça ?

Et puis la nostalgie aussi. Ma maison est délabrée, insalubre, mais j’y ai 24 ans de souvenirs. Ranger les armoires, trouver des photos, des souvenirs, les sourires de mes filles quand elles étaient petites. J’y ai été heureuse avec mes filles. Et c’est surtout pour elles que je suis restée si longtemps, car j’ai souvent eu envie de partir. Pour où je ne savais pas mais pour du neuf, du moderne, des placards qui ne sont pas coincés, des murs qui ne suintent pas l’humidité, des plafonds propres.

Toujours aussi contradictoire, j’avais envie de foncer ou de partir en courant.

Mais l’attente a été longue et j’ai enfin ma clé. J’ai eu tout le temps de me faire à l’idée que je vais changer de ville et de département. Et cela ne m’empêchera pas de me balader dans MaVille. D’ailleurs je crois qu’il me faudra du temps pour dire : j’habite Belle Voisine, plutôt que MaVille.

Je déménage le week-end prochain. J’attends avec impatience le jour où je me lèverai un matin en me disant : aujourd’hui je n’ai rien de spécial à faire !