127685655

Je me souviens d’un dimanche où je cherchais sur Dix heures des chansons de Michel Sardou et Michel Polnareff…

Comme dit la chanson de Bénabar, ils s’appelaient presque tous Michel, ça me fait hurler de rire, oui je sais NUL comme diraient mes filles ! 

Je ne me souviens pas quelles chansons j’ai ajouté dans la liste Dix heures…

Mais lundi matin, je suis partie, l’Aïe-Fone dans la poche et les écouteurs dans les oreilles, et j’ai fait un bond dans le temps, en entendant Te souviens tu d’un slow….

Oh la la ! Oui je m’en souviens ! Je me vois, quel âge déjà ? Je suis assise dans l’herbe, devant la maison de campagne, au milieu de mes copains. J’ai les cheveux longs et noirs, je suis habillée en rouge je crois. C’est la fin de l’été, septembre, les vacances scolaires durent longtemps. Laurent tient le magnétophone et Michel Sardou chante.

Laurent est plus calme que les autres, appuyé contre sa voiture. Les voitures sont garées n’importe comment sur la bordure herbeuse de la route. Mon père n’aime pas ça, nous bloquons les tracteurs, et puis nous pourrions rentrer les voitures dans le jardin, fainéants que nous sommes ! Mais c’est impossible, nous bougeons tout le temps et nous ne savons jamais ni où, ni quand !

Nous rions, nous racontons des blagues. Les filles sont assises, les garçons debout, l’un d’eux fait le clown.

Mon père n’aime pas ces heures à ne rien faire, aujourd’hui nous appellerions cela “glander”… Pourtant nous ne buvons pas, à  part du coca, et il n’y a que 4 garçons qui fument, des vrais cigarettes, rien d’autre !  Mes cousins sont là, rieurs. Je me souviens encore de cette pensée que j’ai eu : nous sommes trop heureux. Ça ne va pas durer ! L’année prochaine les garçons seront à l’armée, et nous serons tous séparés !

J’ignorais que c’était la mort qui allait emporter mes deux cousins l’année suivante !

Je me vois encore, sans me voir parce que je suis moi. C’est à dire que je peux voir mes cheveux mes mains, entendre ma voix, mais pas me voir bien sûr, je ne suis pas face à un miroir.

Puis la chanson se termine et je ne me vois plus du tout.

Je me demande même comment j’ai pu voyager dans le temps ! Car en général quand les souvenirs m’assaillent, je les vois un peu de l’extérieur en me disant : mais comment ai-je pu vivre sans mes filles ?

Là c’était un vrai voyage dans le temps !