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Cette semaine c’était ma deuxième séance. Je n’avais pas encore parlé de la pre­mière !

Je me suis lan­cée, c’est bizarre ! Je suis allée voir une psy !

Pour tout dire, j’y ai pensé pres­que toute ma vie, mais je ne l’ai jamais fait. Je n’ai pas de mépris pour ce métier, ni pour ceux qui en ont besoin, bien sûr. Bien au con­traire, je pense sou­vent que Mar­tine et beau­coup de per­son­nes de sa géné­ra­tion en aurait eu besoin.

Non si je ne l’ai pas fait, c’est sans doute par orgueil. J’aime me débrouiller seule, et je l’ai dit je suis une femme forte.

Je suis une bat­tante, un phœ­nix, une éter­nelle opti­miste plus je tou­che le fond, plus je renais de mes cen­dres. Et puis l’adver­sité, c’est mon moteur ! Com­bien de fois, ai-je pensé, même en pleine crise de lar­mes, même quand ma famille m’a enfon­cée au lieu de me sou­te­nir : “ils ne m’auront pas ! Per­sonne ne me détruira ! Je suis indesc­truc­ti­ble !”

Et puis plus le temps pas­sait, moins j’y pen­sais. J’ai lu tel­le­ment de livres psy­cho, j’ai tel­le­ment écrit, tel­le­ment fait de che­min. Ma grosse crise, elle est loin der­rière moi, je sais depuis peu de temps qui je suis, qui je veux être. Alors pour­quoi main­te­nant, pour­quoi devrais-je y aller alors que j’ai pres­que tout fait toute seule ?

J’ai fait un grand pas aussi le jour où j’ai écrit ici “L’amour sans fin”.

Le temps passe. J’ai beau­coup évo­lué. Par­fois j’ai encore par réflexe des réac­tions que je croyais loin der­rière moi. Alors qu’est ce qui m’a pous­sée à fina­le­ment y aller ?

Il y a mon pro­blème avec l’argent. Je suis une cigale, ce bon­heur éphé­mère quand on achète mais qui ne com­ble pas le vide.

C’est ma petite sœur qui m’a pous­sée à y aller ! Elle me disait qu’il y avait des cho­ses que je n’avais peut être jamais dites. C’est étrange, c’est la seule à s’en inquié­ter. Et puis il y a autre chose. Depuis quel­que temps je me sens triste. Pas déprimé, non juste triste. Mon éter­nel opti­miste n’arrive plus à pren­dre le des­sus. Le départ d’Athéna qui me fait pen­ser qu’un jour Arté­mis par­tira aussi.

L’impres­sion que jusqu’à main­te­nant j’ai tenu le coup grâce à mes rêves.
Ce n’est pas que j’arrête de rêver, mais j’ai subi la cruelle mor­sure de la réa­lité.

La seule que j’avais fré­quenté c’est celle que voyait Arté­mis. Je n’étais pas tou­jours d’accord avec elle. Je n’aime pas qu’on parle de médi­ca­ments pour la plus petite déprime. Pas besoin de psy pour ça, mon ancien méde­cin vou­lait tout le temps me don­ner des anti-dépres­seurs, sous pré­texte que j’éle­vais seule mes enfants. Et puis je n’aime pas non plus cette obses­sion de la com­mu­ni­ca­tion : exem­ple clas­si­que : je repro­che à mon père ça et ça. Réponse : il faut com­mu­ni­quer, allez par­ler à votre père ! Oui sauf que mon père, il est tel­le­ment borné que si je pou­vais com­mu­ni­quer ça se sau­rait !

Je n’y con­nais rien au Laca­nien ou Freu­dien, je cite­rai plu­tôt Nicole de Buron : ten­dance Freud : les mères ont tou­jours tort, ten­dance Lacan : les mères ont tou­jours tort !

La seule chose que je savais c’est que je n’avais aucune envie de “cher­cher” un psy. Trop peur de me décou­ra­ger, si le cou­rant ne passe pas. Alors cette dame là avec qui je n’étais pas tou­jours d’accord me plai­sait bien quand même. Mais Arté­mis n’était pas d’accord. Elle n’y allait plus, elle ne vou­lait pas que j’aille la voir. Peur que j’apprenne des cho­ses sans doute. Puis elle a fini par dire oui.

Je ne sais pas trop ce que j’en attends. Si j’en attends quel­que chose, j’ai l’impres­sion de savoir de quoi j’ai souf­fert, et pour­quoi.

La pre­mière séance, elle m’a demandé de tout balan­cer en vrac. J’avais même fait un plan écrit, il n’y a que moi pour faire ça. Bizarre sen­sa­tion. Par moment j’avais tant à dire que j’avais l’impres­sion que je n’aurais pas assez de temps. Puis à d’autres moments, je me disais “mais je vais dire quoi là, j’en suis où déjà ?”.

Et puis je me dis que même si je n’attends rien, même si il n’y a pas de résul­tats, c’est un espace à moi. Un endroit où je peux par­ler de moi. Pas si cou­rant. Je rigole avec mes ados bien sûr. Impos­si­ble de par­ler avec ma mère. J’ai peu d’amis avec qui je peux vrai­ment par­ler, en tout cas pas quo­ti­dien­ne­ment. Et si je me lasse, si ça ne m’apporte rien, je n’ai pas d’obli­ga­tion.

La deuxième séance on essaie deca­drer un peu, refaire un ordre chro­no­lo­gi­que. J’ai passé un bon moment, mais je me pose des ques­tions quand même.

Je suis à l’aise pour racon­ter mon passé, beau­coup moins quand il est ques­tion du pré­sent ou de phrase comme “et votre vie amou­reuse, vous n’en avez pas depuis quand ?” Tout comme je l’ai remise à sa place, quand elle a dit “vous cher­chez au moins, si on ne cher­che pas on trouve pas”. J’ai répondu ce que je dis à tout le monde : Oui et on dit aussi qu’on trouve quand on ne cher­che pas, et qu’on ne s’y attend pas ! En tout cas ces phra­ses là ne sont pas dignes d’un psy ! D’autre part je ne vois pas pour­quoi on pré­sume d’office que c’est ce que je veux, ce que tout le monde dit, il ne sem­ble pas l’avoir pré­cisé ! Si encore j’étais venue en disant : au secours je ne trouve pas l’homme de ma vie, ou au secours je suis aso­ciale aidez moi !

D’un autre côté je ne me vois pas face à un ou une psy qui ne dit pas un mot ou pose des ques­tion miroirs : A votre avis ? Posez vous la bonne ques­tion !

Enfin on verra je n’ai pas de con­trat !