Je parle peu de mon travail et de mes collègues, pour une fois, je vais le faire… l

En tout nous sommes 10, dont 3 chefs que je mets un peu à part…
On verra plus loin pourquoi.
Nous ne sommes pas dans des bureaux, mais dans un centre fermé, sans contact physique avec les autres. Nous avons en quelque sorte notre “domaine” aussi bien géographiquement que dans le travail.

À cause de nos horaires, et malgré la badgeuse, nous arrivons presque tous en même temps, repartons presque tous à la même heure, et le midi, n’ayant qu’une heure pour manger, sauf exception, nous déjeunons tous ensemble. Nous avons une salle où nous prenons le café le matin, souvent l’un de nous amène des croissants, des gâteaux, une spécialité de l’endroit où il est allé en vacances, une bonne ambiance en somme, à priori ! 

Je mets les chefs à part, je m’explique : la responsable, celle qui chapeaute tout le monde, souvent en réunion, ou dans son bureau, se joint très rarement à nous pour le café ou pour déjeuner. Parfois pour faire la gentille, elle nous demande des nouvelles de nos enfants, mais s’emmêlent dans les ages, croit que le fils de l’une est celui de l’autre etc…
Les deux autres “chefs” ne le sont que par le grade, et ne devraient même pas être là, mais comme on ne sait pas trop où les mettre, ils sont là, supervisent vaguement notre travail, histoire d’avoir quelque chose à faire, et surtout pas la même chose que nous… Situation curieuse qui ne durera surement pas, une sombre histoire de “corps” administratifs qui n’a rien à voir avec notre Ministère, mais bon je ne vais pas vous saouler avec ça ! Si on est pas de la maison, on n’y comprends rien !
L’un deux est un homme à priori gentil, mais dénué de personnalité. Il ne parle jamais de lui, il a fallu un an pour qu’on j’apprenne qu’il avait des enfants, et encore en le questionnant… Lui vient parfois déjeuner avec nous, mais parle peu, à part du travail. La troisième est plutôt froide, se plaît avec nous, mais l’inverse n’est pas vrai. Elle aime nous faire sentir qu’elle est supérieure à nous. Elle devrait dans ce cas se trouver des copines de son rang, mais ne le fait pas !

Donc chefs mis à part,  nous avons tous entre 35 et 55 ans, un homme, 6 femmes. Tous des enfants, déjà grands ou encore petits. Bien sûr le fait d’être toujours ensemble, depuis plusieurs années, nous savons tout les uns des autres, le bac de la fille de l’une, le brevet des collèges de la fille de l’autre, les bêtises des fils du collègue, d’ailleurs tous les enfants ou presque sont passés voir leurs parents au bureau.

Je raconte donc beaucoup de choses, comme la fugue de mon petit neveu Luigi, ou la moto d’Athéna, ou encore cette fois où la maison a failli brûler !

Sans vouloir me vanter, je n’ai pas l’impression quand je raconte de “barber” les gens, j’aime bien raconter les histoires, surtout si c’est amusant ! Et bien sûr parmi ces collègues, il y en a avec qui j’ai plus d’affinités, dont je me sens plus proche, à qui je raconterai plus facilement les choses plus personnelles ou tristes.

Mais finalement sans qu’on s’en rende comptes, toutes les petites histoires trouvent leur aboutissement le lendemain… Sauf…

La moto d’Athéna… Volée à Pâques, elle a été retrouvé en octobre. Ce qui fait qu’un matin d’octobre, j’arrive au café, en disant “on a retrouvé la moto de ma fille”. Quelle ne fut pas ma déception d’entendre :

- ah bon on lui avait volé ? de la part de 2 des collègues les plus proches justement !

Comme je ne suis pas du genre à avoir la langue dans ma poche, et que je peux être une vraie garce si je veux, je réponds :

- hein ? OK si c’est comme ça je ne dis plus rien !

Mes collègues se justifient d’une manière pathétique, oui mais ça fait longtemps… on ne savait pas !

Je proteste :
- arrêtez vos bêtises ! Ce n’est pas une mobylette volée au coin de la rue ! Je vous ai parlé de la maison cambriolée, de la grange, des copains des filles que je soupçonnais ! De la plainte à la gendarmerie !

Arrive l’homme du groupe. Lui, qui a pourtant deux fils, et qui m’a aussi raconté des histoires de mobylette volée me dit “mais ça ne s’était pas arrangé cet été ?”.

- Tu as la mémoire courte ! Je t’ai même raconté au retour de mes week-ends, comment j’avais croisé les copains des filles que je soupçonnais !

Les collègues arrivent une par une au café, et j’enfonce le clou en refaisant le test ! Et à chaque fois en rajoutant : toi non plus et bien c’est incroyable, vous n’en avez vraiment rien à faire !

Une seule s’en souvient ! Je l’applaudis : ah ! Toi au moins tu écoutes !
Et j’ai bien insisté en disant  : je suis vraiment déçue par mes collègues ! 

Têtue, j’ai refusé de dire ce que je voulais raconter (comment on l’avait retrouvée) même si j’en étais frustrée !

Rancunière, j’ai boudé, ne répondant plus pendant une semaine, aux questions banales : “non je ne raconte plus rien maintenant”.
Plus tard, sur le point de raconter une histoire, je disais : non je ne vais pas raconter, ça vous intéresse si peu !
Mais j’ai continué à écouter, à poser des questions…
Ben oui on ne se refait pas, je ne suis pas comme eux moi ! et fière de ne pas être comme eux justement !

Et pourtant ce n’était rien que des petites choses, car il y a bien sûr tout un pan que je garde secret !

Bien sûr, cela peut paraître banal, bien sûr, dans d’autres services, d’autres endroits, cela ne m’aurait pas surprise. Mais là, cela a vraiment cassé quelque chose… Une telle indifférence !

À ce moment là je m’étais dit que j’avais plus d’écoute sur mon blog ! Plus d’attention, plus de mémoire !

Des petites choses que j’aimerai bien dire à quelqu’un, il y a peu je me demandais si j’allais laisser ce sous titre, si je devais changer ma bannière, et puis je me suis rappelée cette histoire…

Le blog a aussi cette fonction là… Et je vous remercie au passage d’être là !