Il est dans un hôtel sinistre à l’autre bout de la France. Pour quelques soirs après une journée harassante, des réunions, des conciliabules. 

Vendre et se vendre, convaincre encore et encore !  Faire le guignol oui ! 

Il se regarde dans le miroir de la salle de bains. Il a trente ans, il est plutôt beau gosse. Il ne se posait même pas la question avant, il plait depuis l’école primaire. Il prend soin de lui. 

Mais là il perçoit ça plutôt comme une fatalité. À quoi ça peut bien lui servir maintenant ?

Maintenant qu’il est amoureux !

Il pense à elle, il aimerait qu’elle soit dans leur salon, sur le canapé, en train de regarder un vieux film en buvant un verre, et qu’elle pense à lui. Et puis elle l’appellerait parce qu’il lui manque. Mais il sait qu’il n’en est rien.
Il l’a appelée à 18 h, elle lui a dit qu’elle ne sortirait pas ce soir. Mais ce soir il a rappelé elle n’est pas là. Il sait qu’elle est partie ailleurs.
Où ? Avec un autre surement !

Alors sa belle gueule il n’en rien à faire ! Il sait que plusieurs copines veulent bien le consoler, occire la garce et lui jurer leurs grands dieux que elles, elles sauraient l’aimer, lui être fidèle. 

Sa belle gueule il la déteste. Il se demande si il n’est pas un trophée, une tête coupée sur un tableau de chasse, comme ces têtes de cerfs aux cornes impressionnantes ! 

Les cornes très drôles ! Voilà où mènent les associations de pensées !

Il prend un whisky dans le mini bar. Ça ne va pas résoudre grand chose, mais ça va lui réchauffer le corps. Il regarde par la fenêtre les lumières de la ville, pense à tous ces gens, tous ces couples, toutes ces vies, tous ces bonheurs…

Mais peut être y a t-il d’autres malheureux comme lui, derrière ces fenêtres aux rideaux tirés ?

Et puis tout à coup il pense à sa belle sœur. La femme de son frère. Il a envie de l’appeler. Elle va l’écouter, le laisser parler. Elle va le laisser la saouler de mots, de répétitions, de souffrance, de questions sans réponses. 

Alors il prend le téléphone et fait le numéro de son frère.