À force de fréquenter les pistes de danse, on voit les gens aller, venir, les irréductibles, les passionnés, les dilettantes.

On voit les couples se former et de déformer.

Quand les danseurs ou danseuses sont en couple, beaucoup renoncent à la danse, soit pour faire plaisir à leur conjoint…
La jalousie en est souvent la cause (c’est drôlement collé-collé vos danses latines !)… Soit parce qu’ils ont trouvé ou croient avoir trouvé la perle rare et renoncent à tout ce qu’il leur tenait à cœur pour passer tout leur temps auprès de l’être aimé.

Deux ans après on les voit revenir : c’est fini avec machin ! Je n’aurais jamais du renoncer à la danse ! Il a bien continué le golf lui !
Et ceux qui comme moi n’ont jamais renoncé rient : tiens Marc ! Tu es de nouveau célibataire ?
- Comment tu le sais ?
- L’habitude !

Mais il y a aussi les autres, ceux dont je vais parler. Ceux qui ne renoncent pas à danser, à sortir sans leur moitié.
Il y a des moitiés très compréhensives qui disent : vas-y, éclate toi je garde les enfants !
Ou encore ceux qui étaient déjà en couple depuis longtemps, qui ont commencé les cours de danse comme ça. Et n’ont pas vu venir la passion, ne s’attendaient pas à ce que ça prenne autant de place. Et c’est plutôt bien de trouver une passion !

Et souvent ceux là, ceux qui sont en couple et qui sortent ont fini par trouver un partenaire de danse. Un ou une amie, qui peut très bien être en couple aussi de son côté. Ils forment un couple de danse. Ils prennent des cours de danse, vont en soirée. C’est le rêve pour les femmes, car il y a toujours plus de femmes que d’hommes en soirée. Alors avoir son partenaire attitré ! Le rêve !

Car il y a aussi celles comme moi : réaliste !

Trouver un bon danseur est déjà rare, et un bon danseur de mon âge encore plus rare. Parmi tous les quinquas que je connais, hommes ou femmes, beaucoup ont renoncé pour des raisons de santé, souvent le dos. Certains ont ” levé le pied”, d’autres se sont tournés vers des danses plus calmes, où le cœur ne bat pas à 200 à l’heure après 10 minutes de danse et on ne ressort pas en nage après une chanson.
Je suis l’une des rares à être encore en piste, sans aucune interruption, et ce n’est pas un hasard si ma bande de potes a 10 ou 15 ans de moins que moi.

Trouver l’homme de sa vie n’est pas facile, alors si en plus il est bon danseur ce serait vraiment un coup de bol !
Admettons que je le trouve hors contexte danse ! Et qu’il n’ait rien contre le fait d’apprendre, il lui faudra une bonne condition physique, en plus qu’un goût pour la danse et la musique !
Certains se sont mis en couple avec un partenaire qui n’avait pas le même niveau, un niveau un peu moindre. Un conjoint qui n’a contre le fait de progresser. Ou un conjoint qui n’avait rien contre le fait d’apprendre. Mais bien souvent cela ne dure pas longtemps si l’un est passionné et l’autre non. Le non passionné renonce à la danse, le passionné à son illusion de conjoint danseur.

Gwenaël aussi est réaliste : il se dit bien entendu que ce serait le rêve de trouver une danseuse qui serait la femme de sa vie… et il a plus de chance que moi, vu qu’il y a plus de femmes. Mais bon il ne faut pas trop rêver. Et en admettant qu’il ait ce bol, c’est assez rare que ça colle vraiment au niveau de la danse.
Les couples qui ont appris ensemble, dansent depuis longtemps, disent que ce n’est pas forcément leur conjoint leur partenaire de danse préféré ! Si c’est le cas alors HOURRAH ! Quel bol !

Bref il y a mille raisons qui font que l’on forme un couple de danse avec une personne qui n’est pas notre conjoint.

Un jour il y a très longtemps j’en parlais avec Gwenaël.
- Ils ont de la chance, ces couples de danse ! J’aimerais tellement moi avoir un ami avec qui je sortirai danser ! Non seulement la soirée est sympa, mais partir en voiture ensemble et rentrer ensemble, c’est agréable !

À cette époque, nous étions déjà des amis, nous allions au resto, nous prenions les mêmes cours de danses, nous nous retrouvions en soirée avec une bande de danseurs. Gwenaël sortait souvent avec une autre bande, dans des endroits où je n’allais pas.

Puis la bande de Gwenaël s’est disséminé, a cessé de sortir. Pendant que notre relation se consolidait, que nous nous rapprochions.

Et quand nous partons danser tous les deux, quand nous sommes un de ces couples de danse que j’enviais, je souris en me disant que c’était amusant que je lui ai dit ça à lui !

Un ami qui danse comme un dieu avec qui j’arrive et je repars dans la même voiture, le rêve !