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C’était vendredi soir, j’étais en voiture, je roulais dans Villenatale. Martine à la place du passager, je l’emmenais chez moi, où elle devait dormir pour que nous partions à l’aube pour la Sauvageonne.

Je m’engage dans une rue étroite, à sens unique, derrière le camion des éboueurs. Chez moi les poubelles passent à 6 h 30, l’heure où je me lève, à Villenatale, c’est le soir assez tôt.

Je suis cool au volant, pas le genre à klaxonner, m’impatienter ou vouloir passer à tout prix, comme le font certains qui me klaxonnent allégrement parce que j’attends patiemment derrière le camion.

Je remarque que les deux éboueurs sur les marchepieds sont jeunes. Grands, élancés, cheveux coupés très courts, sauf sur la haut du crâne où ils sont dressés, fixés par du gel béton…

À chaque fois que le camion s’arrête, l’un des deux me fait signe de la main… de patienter, je patiente, je patiente ! Je suis une grande patiente !

Puis le camion s’arrête, et cette fois l’un des deux jeunes se met au milieu de la route et me fait un autre signe que je ne comprends pas : le camion entre en marche arrière dans une résidence, ce qui signifie que la route va être libérée et moi avec.
Il reste ainsi le temps que le camion soit engagé, et son sourire se transforme en éclat de rire, toujours en me regardant. Je fais un grand sourire, puis j’éclate de rire aussi !

- Ils sont trop mignons ! ” dis-je à l’adresse de Martine. 

Comme quoi les camions de poubelles peuvent aussi transporter des sourires !