Il a déjà refait sa vie, bah normal c’est un homme !

Vous avez déjà entendu ça ? 

Expressions désuètes, je ne vais pas trop m’étaler sur l’expression ” refaire sa vie “. Je vous cite les paroles de la belle chanson de Stephan Eicher : 

On ne refait pas sa vie
on continue seulement
on dort moins bien la nuit
on écoute patiement
de la maison les bruits
du dehors l’effondrement

Certes le verbe semble peu approprié et il est possible que nos enfants ne comprennent pas cette expression. Cela dit elle a le mérite d’être courte. Par quoi la remplacer : 
Il a retrouvé une copine, elle a un nouveau mec, elle s’est inscrite sur touve1mec.point.coquin et ça a matché, il s’est recasé.
Il s’est remarié, elle s’est pacsée : mais tout le monde n’officialise pas. 

Bref comme dirait Martine, c’est plutôt l’expression suivante qui m’interpelle : 
- C’est un homme ! 

Chaque fois j’ai envie de répondre  : et alors ?
Vous avez saisi le sous-entendu : c’est un homme donc forcément il a des besoins (de galipettes) que les femmes ne peuvent pas comprendre ou ne peuvent pas avoir ! 

Que Martine le dise, passe encore. À son époque on devait voir les choses comme ça. C’était sûrement une façon prude de dire les choses, certainement que l’on devait penser aussi : il lui faut une femme pour laver son linge et faire la cuisine.

Cependant j’ai entendu une jeune femme dans la trentaine dire :
Au début j’étais fachée que Papy se retrouve une femme trois mois après la mort de Mamie. Je ne voulais pas lui parler. Récemment je l’ai revu je lui ai dit ” ok Papy tu as refait ta vie, tu es un homme, je comprends ! “

Papy quand même ! Connaissant la mère de la jeune femme (donc fille du papy en question) j’imagine que c’est son discours. 

À l’inverse je me souviens de deux jeunes femmes, sœurs entre 20 et 25 ans qui en avaient assez de leur père, marié 3 fois et divorcé pour la 3ième fois. Elles n’avaient pas spécialement apprécié la dernière belle-mère et ont dit à leur père : écoute papa, tu n’es pas obligé de te trouver encore une femme ! Trouve toi une copine de temps en temps, un PQR si tu veux, mais arrête les frais ! 
Elles sont gentilles, elles auraient pu être plus trash.

Cette expression présentée un peu comme une excuse, surtout si l’homme en question fait le deuil un peu vite, m’étonne toujours. 

Et pourquoi pas : elle a déjà retrouvé quelqu’un, que veux-tu c’est une femme ! 
J’imagine la tête de l’interlocuteur ! 

Les femmes n’ont elles pas de besoins ? Je vous entends déjà : oui mais moins, oui mais c’est moins important. Possible mais peut-être pas toutes. Il y a en a sûrement qui ont plus de besoins que d’autres.
Idem pourquoi mettre tous les hommes dans le même panier ? C’est un homme mais que sait-on de sa vie privée, de sa vie de couple avant, de ses envies après ? 

Sans parler du sous-entendu les femmes, les hommes, les humains n’ont-ils pas tous besoin d’affection, de tendresse, d’amour ? 

Je parle volontairement de ceux qui ont perdu leur conjoint. Athéna grande spécialiste du deuil et de la mort me dirait qu’il ne faut pas dire ” perdu ” car cela signifie qu’on pourrait les retrouver ! 
Je parle de deuil, sachant que le deuil peut être du à un divorce ou une séparation. Je parle de la personne qui souffre et est seule après une séparation, je ne parle pas de celui qui s’est recasé très vite avec la maîtresse qu’il avait déjà durant son mariage.
Vous avez compris l’idée, je ne sais pas si je suis claire ! 

Donc quand on me parle de Bernard qui trois mois après la mort de son épouse a trouvé une autre femme, je ne vais pas penser ” c’est un homme ” mais je vais plutôt me demander si il a bien pris le temps de faire de deuil avant de fonder un nouveau couple. 
Je penserai la même chose si il s’agit de Bernadette. 

Petite anecdote : je me souviens d’un feuilleton dont j’ai oublié le titre. Après guerre dans un couvent les religieuses avaient une peur bleue des hommes et de leur instincts primaires. En conséquence lorsqu’elles faisaient appel à des personnes extérieures pour le ménage, livraison ou autres c’était toujours des femmes. Seule exception le jardinier.
Un jour la nièce du jardinier vient le voir et lui demande comment il a pu se faire embaucher. Celui-ci éclatant de rire lui explique qu’il a raconté que suite à une blessure de guerres on lui avait enlevé ses attributs ! Ouf ce n’était plus un homme !