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Peut-être suis dans une phase lugubre en ce moment, mais hier je me disais qu’il y a un moment dans la vie où on a l’impression qu’on attend plus rien, plus grand chose… À part la paix peut-être.

J’avais un ami qui dès quarante ans me disait que la vie était trop longue, que l’on vivait trop longtemps. Je riais, je ne comprenais pas, je me disais qu’il devait être malheureux, ou pessimiste.

Et aujourd’hui ça ne me parait pas si ridicule comme sombre pensée.

Qu’est ce que j’attends, qu’est ce que j’espère, quels sont mes rêves ?

Il y a l’enfance, le pays du bonheur, de l’innocence et des illusions.

Puis vient l’adolescence, le pays de tous les désirs, celui où on veut tout, tout de suite, celui où nous nous croyons immortels, et où nous pensons que nous aurons tout, car nous serons plus fort que nos parents.

Ensuite vient l’âge adulte. Et c’est celui là qui est le plus long, interminable, même si nous pouvons le diviser en tranches.

Jeunes adultes, nous cherchons du travail, nous trouvons un appartement, nous nous mettons en couple, nous nous marions ou pas, nous avons des enfants ou pas. Mais quoiqu’il en soit, c’est une phase d’installation.
C’est une période plutôt agréable, même si nous pouvons avoir des soucis, des peurs de ne pas y arriver. Arriver à trouver un travail, arriver à faire carrière, arriver à avoir des enfants, oui ce n’est pas toujours simple vu l’âge auquel on se décide, arriver à trouver le conjoint idéal pour ceux qui le souhaitent.

Puis le temps passe, et il y a peut-être d’autres tranches différentes, changer d’orientation professionelle, changer de région, trouver un mi-temps pour s’occuper des enfants.

Et puis il y a cet autre temps. Cette impression d’avoir tout fait ou de ne plus avoir de rêves.

Les enfants ont grandi, et même si ils ne sont pas encore partis, ils n’ont plus vraiment besoin de vous, et plus envie d’aller au parc d’attractions avec vous, en vacances ou même au restaurant.

Ce serait le moment d’en profiter, de voyager, de sortir ? Sauf que finalement vous vous demandez si vous en avez encore envie !

Vous n’avez pas d’enfants ? De toutes façons passé 35 ans, ou 40, il y a peu de chances que vous en vouliez encore, donc vous vous retrouvez presque au même point que vos amis qui en ont.

Vous avez un travail mais vous en avez un peu assez, mais ce n’est pas possible de tout arrêter. Vous perdez votre travail, et même si il ne vous plaisait pas trop, c’est la catastrophe. Vous vous apercevez qu’on passe vite de “expérimenté” à “trop vieux”.

Vous avez envie de voyager, mais les finances ne suivent pas. Vous vous dites que vous allez faire plus de sport ou en commencer un nouveau, mais les courbatures commencent à arriver, vous aviez oublié que vous n’avez plus 20 ans.

Vous rêvez encore du conjont idéal ? Ou alors vous venez de vous séparer après 20 ans ? Là aussi vous vous rendez compte que vous n’avez plus 20 ans, la concurrence est rude, les vieux veulent des jeunes, les vieilles aussi d’ailleurs !

Et si vous avez la chance d’avoir une deuxième chance, vous verrez vite que ce n’est pas la même chose que la première fois, surtout si vous avez chacun vos enfants, chacun votre appart.

Si vous êtes bien en couple, tant mieux pour vous. Mais ça n’est pas pour autant que vous vous sentez comblés ou sans soucis.

Vous vous rendez compte que vous n’aurez jamais la maison de vos rêves, ou l’appartement de vos rêves. Vous aurez déjà de la chance si vous arrivez encore à payer les charges à la retraite, oui même propriétaire, vous n’êtes pas à l’abri comme l’ont été vos parents.

Vous avez tout. Et c’est là que la bât blesse. Vos rêves d’ados ou de jeune adulte : un toit sur la tête, un travail, des enfants, des amis, une télé grande comme le mur, une voiture, une trottinette.

Alors que reste t-il à attendre, à écrire ?

Nous nous estimons heureux si nous ne souffrons pas d’une maladie grave, si nous n’avons aucune dette. Cela s’apelle la paix, la tranquilllité d’esprit, mais cela ne suffit, cela n’est pas un but, un rêve.

Celles que je connais qui sont grand-mères, disent qu’elles revivent que c’est magnifique, que c’est un but dans la vie.

Un but ? Je veux bien croire que c’est un grand bonheur et qu’un petit enfant fait voir l’avenir “autrement”. Mais même si c’est une joie, et si je vais en choquer certain : j’ai déjà donné !
Avoir des enfants, je sais ce que c’est et je ne serai pas Martine, je ne “recommence pas” je n’élèverai pas mes petits enfants comme je l’ai fait pour mes enfants. J’en serai très heureuse, mais ce sera le but, le rêve, la vie de mes enfants, je ne sais pas si je suis claire…
Et puis toute optimiste que je suis, je m’inquièterais pour leur avenir, nous vivons une drôle d’époque…

Le temps est long. Et il ne faut pas se plaindre, car bientôt viendra le troisième âge, avec son lot d’ennuis de santé, les oreilles qui n’entendent plus, les articulations qui bloquent et la tension qui monte ou baisse.

Je ne sais plus ce que j’attends. Je n’attends plus rien. Je ne sais plus quoi rêver, je n’ose plus rêver. Et j’ai encore de longues années à vivre. Bien sûr si on m’annonçait une maladie grave, je me dirais : Non pas ça, non pas maintenant.

Seulement voilà je ne sais pas me contenter de vivre au jour le jour, en me contentant de ce que j’ai et en m’estimant heureuse de l’avoir. Oui bien sûr je sais que j’ai de la chance, oui je suis consciente de tout ça.

Mais ma joie de vivre et mon optimisme légendaire m’ont lâchement abandonnée.

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