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J’ai déjà parlé du noyau dur et des personnes que j’ai rencontré en premier quand j’ai commencé mes cours de danse. Plus de copains que de copines, comme d’hab. Tout au début,  j’ai rencontré Mirabelle, je croyais qu’elle serait ma seule copine, mais elle a très vite montré une boulimie de sorties et de nouveaux “amis” entre guillemets, ce qui fait qu’on ne la voit plus, qu’elle a déçu beaucoup de gens par son indifférence. Indifférence surprenante, car elle montrait un réel désir d’accueillir les nouveaux, de ne pas les laisser de côté. Mais ça ne tenait pas sur la longueur. Elle avait dit un jour “j’apprends vite, mais je ne tiens pas sur la durée”.

J’aurais du le retenir, et l’appliquer aux relations ! 

Pour ma part c’est un peu l’inverse. J’ai toujours accueilli les nouveaux, je les ai toujours mis à l’aise, à tel point que les “anciens” qui n’ont pas envie de se fatiguer me les envoient : Louisianne sait tout, elle va t’expliquer, Louisianne connaît tout le monde, elle va te présenter ! Moi par contre je sature un peu, je n’ai pas envie d’élargir mon cercle jusqu’au pôle Nord, ma bande de potes me suffit, si quelques uns se rajoutent tant mieux, si d’autres partent tant pis ! 

Et j’ai eu la chance de rencontrer une nouvelle copine, Pamela, avec qui je me suis tout de suite entendu. Elle a rejoint le noyau dur sans problèmes, et j’ai été ravie d’avoir une copine, il y en a bien une autre, mais elle est très jeune, je l’ai prise sous mon aile.

Pamela a la trentaine, divorcée aussi. Toujours partante, bien que débutante dans la danse.  Ensemble nous avons rencontré d’autres personnes, elle m’a suivie dans tous les endroits que j’ai voulu lui faire connaître. Hélas je viens d’apprendre qu’elle a obtenu sa mutation, cela faisait 10 ans qu’elle travaillait en région parisienne, et elle repart dans le Sud. C’est une fille du Sud, cela explique sûrement notre amitié ! 

J’ai toujours eu du mal à faire le deuil, en cas de départ. Pourquoi faut-il toujours que les gens partent ? Je dois être la seule à n’avoir jamais changé de région, ni même de région de vacances d’ailleurs ! 

On s’est promis de se revoir bien sûr, on a même programmé un voyage à Pâques l’an prochain. Pamela dit que si ça se trouve on aura toutes les deux trouvé l’homme de notre vie et qu’on partira à 4. Je lui dis que c’est plus drôle entre filles, mais secrètement, je pense  : elle sûrement, mais moi ça m’étonnerait !

Bien sûr on se promet tout ça, bien sûr je garde toujours les liens à distance, et je finis toujours par me lasser face à l’indifférence ou au “je m’en foutisme” de ceux qui ne répondent même pas aux cartes aux vœux. 

Bien sûr ! Mais sans doute que je deviens cynique en vieillissant. J’ai mis du temps à trouver ce que je cherchais, et je me suis donné du mal pour ça : des gens avec qui partager, des gens avec qui j’aurais une ou plusieurs passions communes. Nous partageons non seulement le goût pour une activité mais aussi des relations. Qu’on le veuille ou non, on parle des autres, où est Marc ? Je ne vois plus Léa, elle est malade ? Ah bon tu es sorti hier soir, il y avait qui ? 

Alors quand on a plus tout ça, je me demande ce qu’il reste à partager ! Probablement que l’amitié, la vraie ne s’arrête pas à ça, probablement qu’elle peut survivre à distance. On refait le chemin, on se raconte ce qu’on devient, et on ne se perd jamais de vue. 

Mais c’est rare. Laurent et moi sommes des exceptions. Ce n’est pas parce qu’on s’est connus tout petits et que nous connaissons nos tribus respectives qu’on reste liés. Je ne connais plus ses amis, sauf les vieux, il ne sait rien de miens. Même nos enfants nous ne savons que ce que nous en disons. Mais nous sommes toujours amis. 

Alors oui, je deviens peut être cynique, mais finalement ceux qui m’intéressent sont ceux qui sont là, ceux qui partagent avec moi un “presque quotidien” parce qu’on se voit souvent. Peut être aussi que je n’ai plus envie de m’épuiser à tenter de garder des relations avec des gens qui n’en font pas autant, comme je l’ai fait durant des années. 

C’est plus simple, plus reposant, plus facile la bande, je l’ai déjà dit, je la compare à un lieu. Un lieu où on sait qu’il y aura toujours du monde. Si on a envie d’y aller, on y va. Si on a pas envie on reste chez soi. Des amitiés factuelles… qui n’en sont peut être pas !