PATEL Pierre (1604 - 1676)

À l’époque où Athéna était à l’école primaire dans MaVille, je m’étais proposée avec une autre mère d’élève pour accompagner une sortie scolaire, deux classes, pour une visite au château de Versailles. 

Ce qui était un acte de courage de ma part, non pas à cause des enfants, mais parce que des visites au château j’en ai soupé, j’y ai eu droit toute ma scolarité (bon j’exagère à l’école seulement !).
J’attendais avec impatience d’aborder le chapitre Napoléon 1er, mais toutes mes maîtresses telles des gourous nous répétaient notre chance d’habiter une ville royale ! J’en ai même connue une amoureuse de Louis XIV.. Beurk ! Les cours d’histoire s’arrêtaient régulièrement à la révolution, et si nous avions vaguement le temps d’aborder la révolution, c’était tellement complexe et soporifique que les élèves s’endormaient. L’année suvante c’était reparti pour la cour de marbre et le pavillon de chasse de Louis XIII, je me demande ce que signifiait ” programme ” à l’époque !  
Naturellement nous avions droit à la sortie annuelle voire bisanuelle au château, toujours le même parcours ” royal “, alors qu’ll y a tant d’autres choses à voir. Notre chance tout de même c’était qu’il n’y avait pas de file d’attente, que j’ai fait souvent ce parcours ” pour rire ” avec ma sœur en 10 minutes, c’était gratuit et il n’y avait pas de cars de touristes avec appareils photos et parapluie rouge levé bien haut en guise de point de repère. 
Autant dire que je n’ai pas besoin de guide pour visiter le château, mais ne comptez pas sur moi, soyez gentils, je vous attends dehors !

Bref comme dirait Martine, je m’égare. Faisant donc preuve d’un grand courage, j’accompagne deux classes en sortie scolaire. La sortie commence par une balade à pied dans le parc. Je répère vite un petit garçon solitaire, blond avec un visage d’ange il semble doux comme un agneau. Son institutrice est jeune et sans doute inexpérimentée car l’autre institutrice plus âgée, lui dit plus d’une fois : ” Où est Alexandre ? Le tien, pas le mien ! ” Le petit garçon avait tendance à s’isoler raison pour laquelle il ne fallait pas le perdre. 

Le petit garçon blond a vite trouvé la personne qui lui plaisait : moi. Il est resté à côté de moi, il marchait sans mot dire, loin de l’agitation. Alexandre était un petit sensible, les autres petits coqs devaient avoir l’habitude de le chahuter. Alors que je bavarde deux minutes avec l’autre mère d’élève que je connaissais, je retrouve le petit Alexandre entouré de trois gros durs qui le malmenaient. Ni un, ni deux, je fonce :  Laissez le !  Avant que les petits durs ne s’éloignent, Alexandre me dit ” ça va, ça va ! ” et me fait un signe apaisant d’un air bravache qui me fait littéralement fondre. 

La visite continue, je ne vois pas beaucoup ma fille qui se passe très bien de moi, et mon petit blondinet est toujours avec moi. Lorsque la visite se termine, j’en arrive à mon stade ” ras le bol du parcours guidé “ .Nous sommes arrivés à la sortie qui est aussi l’accueil, et le corps enseignant va vers le guichet pour faire je ne sais quoi.
Je m’assieds sur un banc inconfortable en velours capitonné aux pieds dorés, le petit Alexandre à côté de moi. Je lui pose quelques questions, je lui demande si il a aimé la visite. 
Puis il me dit : 

 - Je n’aimerais pas habiter là ! 

Je lui demande pourquoi imaginant toutes sortes de réponses et il me dit : 

- On ne sait pas où est la console de jeux ! 

J’éclate de rire.