Vous avez connu cette période adolescente où confidences, secrets, analyses pour ne pas dire potins, occupent une grande partie du temps. Vous allez me dire que c’est plus courant chez les filles, mais j’ai connu des garçons qui parlaient beaucoup. C’est aussi une période où on est un peu à fleur de peau, Françoise Dolto appelait ça le complexe du homard, à savoir que le homard n’a plus de carapace et donc il est fragile.
Vous avez grandi, vous êtes moins à fleur de peau, vous avez moins besoin de vous confier, vous avez peut-être un ou une meilleure amie, une personne de confiance. Pour ma part le plus souvent je me suis rassurée moi-même, j’attends que ça passe, comme disent les psys on devient sa meilleur amie.
Et pourtant il y a des périodes de vie où de nouveau vous avez eu besoin de parler. Accidents de vie, crises, périodes difficiles.
Et dans ces moments là quand je vois que même en essayant de me rassurer moi-même, même en essayant d’attendre que ça passe il n’y a rien à faire, j’ai besoin d’en parler à quelqu’un.
Cela m’est arrivée il n’y a pas si longtemps lorsque Artémis avait beaucoup de problèmes suite à sa séparation.
Petite parenthèse : en quittant l’Ile de France je vois forcément moins les amis, proches ou non, que j’avais. De mon côté je fais tout pour garder le lien, surtout avec les deux amis proches. Je prends des nouvelles, j’appelle de temps en temps ou j’envoie des SMS. Pour les moins proches, je sais que la relation finira pour mourir de sa belle mort, on verra bien. Mais dans les deux cas, il y a forcément un moment où je vais me lasser si c’est à sens unique.
Bref, comme dirait Martine, je n’avais pas de problèmes avec Gwenaël, je l’ai revu souvent depuis que je suis partie, et on se donne des nouvelles. Donc je l’appelle, après bien sûr lui avoir demandé à quel moment je pouvais appeler.
Ce n’est jamais idéal qu’une amie vous appelle parce qu’elle a un gros problème, mais cela tombe mal vous ne pouvez pas parler, ou vous êtes pressée. Quand ça m’arrive je suis toujours bien embêtée de devoir lui dire ” rappelle-moi à tel moment “. Certes ce n’est pas très spontané, mais hélas de nos jours ma pauvre Lucette, les gens sont débordés et même en dehors des heures de travail, ils ne sont pas forcément disponibles pour vous parler.
Donc j’appelle Gwenaël nous parlons, nous échangeons, je lui raconte mes inquiétudes, je lui parle du fait que les problèmes ne sont pas finis. Et puis vient le moment de se dire au revoir et là il me dit ” Tiens-moi au courant “.
Là ça fait un déclic dans ma tête. NIET !
Je n’aime pas du tout ces mots que j’ai déjà entendus. Trop facile !
Si nous inversions les rôles, je ne dirai pas ” tiens-moi au courant “. Je rappellerai plus tard, je prendrai des nouvelles. Je le dirai peut-être : ” je te rappellerai dans une semaine, dans un mois ” ou je ne dirai rien du tout mais je le ferai.
Là j’ai l’impression que j’ai raconté une histoire et qu’on attends la suite du feuilleton, en appuyant sur le bouton de NetteFlixe ” m’avertir du prochain épisode “.
Peut-être allez-vous me trouver trop dure ? Une youtubeuse avait parlé d’une chose qu’elle appelait ” manuel de bonne conduite “. Ce qui veut dire que dans nos têtes nous avons ce manuel par exemple : une amie devrait prendre des nouvelles, une amie devrait m’aider à déménager. Bien entendu ce manuel est propre à chacun, mais d’après la youtubeuse il faudrait le dire à l’amie en question.
Mouais. Ça fait un peu contrat d’embauche. N’y a t-il pas des choses évidentes ?
La suite : je ne l’ai pas tenu au courant. Je l’ai appelé quelque mois plus tard pour parler d’autre chose, je n’ai pas eu de questions sur l’évolution de la situation. Tant pis.
Je n’ai pas de rancœur, c’est juste que je note ça dans un coin de ma tête et la prochaine fois, en espérant que je n’aurais pas de sitôt un gros souci, je trouverai quelqu’un d’autre.
8 réactions
1 De Bleck
- 16/09/2024, 2:42
Je posséde un magnifique blog, qui ne sert pas forcément à exprimer mes authentiques soucis. J''ai deux ou trois potes mâles ou femelles qui peuvent éventuellement me servir de soupape de sécurité. Il m'est arrivé de payer les services de psyquelquechoses lorsque je souffrais vraiment et puis je (nous) m'exprime sans mâcher mes mots lors de rencontres entre copains sur les galères que je (nous) rencontre avec notre descendance et je pars du principe que tout le monde connaît ces (ses) galères avec des proches mais ne s'épanchent que rarement parce que ça ne fait pas bien comme il faut, et nous (je) on s'en moque si on a envie de dire, on dit.
Si ta situation évolue... tiens-moi au courant !
Bleck
2 De Louisianne
- 16/09/2024, 4:03
@ Bleck : je ne sais trop quoi répondre. Je suis d'accord : " si on a envie de dire, on dit ".
Bref je ne sais trop quoi répondre. Oui il y a des gens qui s'épanchent, d'autres non. Il y a des blogueurs qui parlent de leur vrais soucis sur leur blogs. Bref je ne sais pas quoi répondre ! ;)
J'ai aussi fréquenté des psyschoses, je ne suis pas psy mais j'essaye d'avoir une écoute attentive si on se confie à moi, d'être empathique et de prendre des nouvelles quelque temps plus tard.
Et je ne peux pas te tenir au courant vu que ces soucis sont derrière moi.
3 De Acanthe
- 16/09/2024, 9:13
Passée l'adolescence je trouve qu'il est plus difficile, et de plus en plus à mesure qu'on avance en âge, de trouver des oreilles gentiment disponibles. Mais peut-être son tiens moi au courant était il sincère ?
4 De Louisianne
- 17/09/2024, 10:31
@Acanthe : en effet tu as raison pour les oreilles attentives. Je ne doute pas de la sincérité de son " tiens moi au courant " mais disons que j'aurais préféré que de lui-même il prenne des nouvelles un peu plus tard.
5 De Serge
- 17/09/2024, 4:46
Intéressant... Le "Tiens-moi au courant" fait partie de cette multitude de phrases toutes faites devenues vides de sens à force d'être employées... Un peu comme "ça va ?" dont on n'écoute jamais la réponse, systématiquement "oui", même si ça ne va pas...
Je suis le premier à les utiliser ces phrases, sans jamais me demander comment elles sont perçues. Combien de fois on m'a dit "tout va bien" alors que ce n'était pas le cas... Et je n'en ai rien su parce que je n'ai pas posé les bonnes questions. Par paresse...
Tu dis vrai, c'est une forme de négligence.
6 De brigou
- 17/09/2024, 5:02
Je me confie peu et tout du moins pour des choses futiles ! Par contre j'ai une seule amie qui prend régulièrement de mes nouvelles quand je ne vais pas bien moralement. Ce n'est pas évident de trouver la personne qui vous écoute attentivement et qui pourra vous soulager même si elle n'a pas de solution miracle.
7 De Louisianne
- 17/09/2024, 5:07
@Serge : oui beaucoup de phrases toutes faites, toutes prêtes à servir hélas !
8 De Louisianne
- 17/09/2024, 5:09
@Brigou : oui en effet ces personnes là sont rares. Et comme tu le dis si bien, on se sent soulagée même si la personne en face n'a pas fait de miracles.