Encore un billet qui parle de langue !

Quand vous êtes enfant, vous entendez certains mots que vous ne savez pas écrire, où dont vous ne percevez pas bien la sonorité.
Ainsi durant des années je suis allée chercher à la boulangerie un batarpatrocui !

Il y a aussi les chansons. Les comptines sont à mon avis une vraie catastrophe, ça ne gêne personne de chanter des phrases pas du tout françaises ou de mettre un mot au pif parce qu’on a pas trouvé mieux.

Je disais tout le temps à ma grand-mère mais arrête avec ton ” j’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin, gentil coquelicot mesdames… ” !
On ne dit pas ” j’ai descendu ” mais ” je suis descendue “  !
Ma grand-mère protestait qu’elle avait appris comme ça. Camomille était d’accord avec moi.
Un jour à Noël, Cédric nous montre un beau livre de comptines illustré, et c’est là que nous avons eu le fin mot de l’histoire, le texte original était : ” je descendis dans mon jardin “.
Mais bon le passé simple est sûrement aussi compliqué de dire que quatre-vingt treize !

On peut aussi se tordre de rire en entendant la rivière au fond de l’eau, mais là ce n’est pas une question de mots.

J’ai eu mes mots magiques.
Des mots comme ça, je ne sais pas pourquoi, par exemple ” renard ” a été longtemps un mot magique.

Mais les mots les plus magiques c’était lorsque je ne voulais pas savoir ce qu’ils voulaient dire !
Oui pour qu’ils restent magiques ! Des mots dont je me disais qu’ils perdront leur magie une fois que je saurais leur signification.

J’ai une tante un peu à part, je vais lui consacrer un billet. Une tante chez qui j’allais en vacances et qui ne vivait pas du tout comme ma mère, l’ambiance n’avait rien de celle de la famille nombreuse où je vivais.
Le matin au réveil elle me disait ” tu veux du porridge “.
La première fois j’ai dit oui tout en ignorant totalement de quoi elle parlait : qu’importe le mot était magique !
Puis elle me disait : ” je fais ma gymnastique et je te le prépare “
J’ignorais totalement ce que voulais ce mot étrange ! Je suis un dinosaure et on ne parlait pas tant que ça de sport, à part si vous aviez une colonne vrillé auquel cas on vous prescrivait de la gym corrective (mais bon ce mot là j’étais déjà bien plus âgée).

Mot magique, je ne lui ai demandé ce que ça voulait dire, sinon je perdrais la magie. Je l’imaginais assise à un bureau antique en train d’écrire. Cela semblait un truc très sérieux. Je crois que je ne lui ai jamais demandé ce que c’était, ni à personne. Plus tard j’ai su que ça voulait dire, et c’est sûr que si j’avais su, le mot n’aurait rien eu de magique mais m’aurait plutôt donner envie de prendre mes jambes à mon cou (ce qui est une forme de gym d’ailleurs).

Et puis il y a eu les mots anglais. Ne riez pas, je suis un dinosaure. À part parking, smoking il n’y en avait pas tant que ça, d’ailleurs à l’apéritif on buvait du ricard, pas du whisky. Si je connaissais ” viandox “  mais est-ce anglais ?
Et puis les fameux Hollywood vert bien sûr. On disait ” bon dimanche “, mais on ne parlait pas de ouikènne, de toutes façons le samedi n’était pas un jour de repos pour tous.
C’est ainsi que la première fois que j’ai entendu ” donnez-moi madame s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger ” je ne savais pas ce que voulait dire ketchup, ni hamburger. Tant mieux me direz-vous quand je vois mes neveux mettre du ketchup dans une omelette !
J’ai su assez vite ce que veut dire ketchup à cause du barbecue. Hamburger est venu beaucoup plus tard, dans une cantine où on appelait les steak haché hamburger, mais ça n’a pas duré. Et puis bien sûr MaqueDrive qui a rendu le mot hamburger international, alors que paradoxalement aux States il s’appelle QUARTER POUNDER  et que c’est un sandwich d’origine allemande !

Autre mot devenu incontournable et incompréhensible que j’ai entendu pour la première dans une pub. Une bande de jeunes qui jouent de la musique, se roulent dans l’herbe, une pub qui ressemble à celle du chewing gum vert, mais c’est une pub pour déodorant.

Le jour et la nuit, le bonheur c’est d’être ensemble, la vie s’écoule avec US… pour être bien comme en plein vent, la vie s’écoule avec US

Si US je l’ai compris facilement, j’étais déjà au lycée et j’apprenais l’anglais, je me demandais bien pourquoi la vie s’écoule, oui bon on sait bien que la vie s’écoule, et qu’on va mourir un jour pas très vendeur ça !

Depuis ” s’écoule ” partout, toujours en tout lieu, quel que soit le sujet et même si c’est pas du tout  ” coule ” d’ailleurs !