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À l’époque où j’ai divorcé, j’écoutais en boucle cette chanson, parce qu’elle était pleine d’espoir, qu’elle me rappelait qu’il n’est jamais trop tard, que l’on peut vivre mille vies en une.

Et ces derniers temps deux épisodes de ma nouvelle vie m’ont fait un effet un peu étrange.

Épisode 1 :

C’était un soir tard, je devais rejoindre Dimitri chez lui pour passer la nuit. Benoîte Groult a écrit : “On est toujours une jeune fille quand on part pour se faire aimer”, et c’est toujours la sensation que j’ai quand je prends ma voiture. Je me gare sur le parking, Dimitri est en retard, il m’a appelée pour me prévenir. Attendre dans la voiture en écoutant la musique. Cette situation me rappelle mes années de jeunesse. Je ne pense même pas à des visages, à des histoires. Je pense plutôt à des attentes, des galères. Je pense au nombre de “mauvais chevaux” qui auraient  mérité d’être largué beaucoup plus vite ! Et dire que je me croyais libre !

Puis ensuite quand Dimitri est là, c’est une autre sensation, celle d’échapper au quotidien parce que je ne suis pas chez moi. Comme souvent je me rappelle de mots, de gestes.  Entre les rounds du soir et ceux du matin, il remonte la couette jusqu’à nos yeux, me prend la main sous les draps et me dit “on est pas bien là ?”, je réponds “oh si !”

Et je me dis que je suis bien plus libre que dans mes vies précédentes, où j’avais tellement peur de “ne jamais trouver l’âme sœur”. Je suis libre de dire oui à Dimitri et non à tous les autres, parce que je sais ce que je ne veux plus !

Épisode 2 :

Un soir nous allons au cinéma avec quelques amis de mon cours de danse. Bastien n’a pas sa voiture ce soir là et m’a demandé de passer le prendre. On se retrouve tous au ciné, nous avions prévu de boire un verre après. Mais finalement tout le monde est fatigué et chacun rentre chez soi. Je raccompagne Bastien chez lui et il me propose de boire un verre. Il habite provisoirement chez ses parents, une grande chambre au dessus du garage. Pas la peine de poser la question, Bastien est un copain, aucune ambiguïté entre nous, c’est un garçon gentil avec tout le monde, qui me fait toujours danser dans les soirées, il aime parler sans être trop bavard non plus.

Je suis impressionnée par sa “chambre, bureau, salon” comme il l’appelle. Une très grande pièce avec une grande hauteur de plafond, des poutres apparentes, on se croirait à la campagne ! Trois ordinateurs, une grande télé, une console de jeux, une bibliothèque pleine de livres, de jeux vidéos, des figurines de personnages de films de science fiction ou de jeux de rôles. Des meubles aux styles mélangés, années 60 ou plus modernes, on sent qu’il y a là plusieurs “strates” de vie, du petit garçon, à l’ado jusqu’à l’adulte.

Cela me fait drôle de me retrouver dans une chambre de garçon comme je n’en ai pas connu, à mon époque il n’y a avait pas de jeux vidéos, ni de PC partout.
Artémis est à la maison, mais je n’ai pas besoin de me presser pour rentrer, elle sait que je rentre tard et elle n’a pas besoin de moi !

Nous discutons pas mal, il me parle de ses projets, de son ex, de celle qui l’intéresse en ce moment et que je connais, de nos amis communs, de soirées passées ou à venir. Puis comme on en revient toujours à sa passion, il me fait écouter ses CD de salsa et nous dansons sur le tapis à fleurs. Comme moi il n’a aucune timidité, et ça nous est arrivé souvent de danser n’importe où, avant le cours devant le bar sans musique, dans la cuisine d’une copine un dimanche après midi, et tant pis si tout le monde nous regarde !
Mais là dans une chambre appartement, c’est vraiment drôle !

Lors de ces deux épisodes j’ai oublié mon âge, j’ai oublié que j’avais eu mille vies avant celle là : jeune fille, épouse, mère de famille, puis mère élevant seule ses filles.

J’ai eu mille vies, mais j’en ai mille autres qui m’attendent.