break_charg_ En ville, Martine n'a pas besoin de voiture. Il y a suffisamment de bus. Et puis je l'imagine mal faire un créneau !

Puis mon père étant mort en mars, le moment était mal choisi pour donner des cours de conduite à Martine. Cela attendrait l'été. Et ce serait d'ailleurs indispensable, si Martine voulait rester plus longtemps dans la maison du Sud, la Sauvageonne. (il était temps que je lui donne un surnom bloguesque).

En effet, une fois que  nous avions tous épuisé nos congés payés, Eugène et Martine avaient l'habitude de rester plus longtemps depuis la retraite. Et mes deux filles, les plus accros au Sud, n'avaient pas envie de passer moins de temps là bas.

Cécric a donc une voiture 2 pédales, l'expression est de sa fille, c'est vous dire l'irrespect des ados d'aujourd'hui, je n'aurais pas osé mais je me suis moquée de mon frère !

Petite parenthèse, tout de même, à propos de l'héridité pour conduire, ouf, Martine n'a pas légué sa tare !
Eugène a toujours été un bon conducteur, habile, calme, avec qui on se sentait en sécurité. En vieillissant il s'est mis à conduire de plus en plus vite, contrairement à beaucoup de papys, mais il prétendait qu'il roulait toujours à 90km/h et que nous étions mauvaise langue ! Je me souviens d'ailleurs de Timothée que j'emmenais à Disnelyland et qui trouvait que ça n'allait pas assez vite :
- roh ! Même grand père roule plus vite que toi !
Bon mais la vieillesse excuse bien des erreurs, et ne jette donc pas le discrédit sur la conduite d'Eugène !

Je l'ai dit j'aime conduire, et j'aime les voitures. Les kilomètres ne me font pas peur.
Camomille a eu du mal à s'y mettre, trop nerveuse, peu douée, mais à force de conduite, elle est devenue bonne conductrice, quoique nerveuse et insultant les automobilistes. Comme moi elle fait tous les voyages vers le Sud seule.

Servane conduit bien aussi, mais préfère laisser le volant aux autres si elle peut, pour elle conduire n'est pas un plaisir. Quand je pars avec elle, elle me remplace une heure, et encore si je demande.

Cédric est un conducteur calme, cool, mais la conduite, il n'en raffole pas, si il peut se faire conduire, il n'hésite pas. Chez lui c'est sa femme qui a la grosse voiture, et lui la petite. Je comprends ça très bien, car moi je ne suis pas mon genre, grosse voiture pour monsieur, et twingo pour Madamequinesaitpasconduirelagrosse.
Cédric rit facilement de ce "travers" : Non c'est celle de ma femme, moi c'est la petite, là !
Et c'est ainsi que sa fille s'est moqué de sa voiture 2 pédales.
Fin de la parenthèse.

Donc l'été arrive. Je prends la Nevada de mon père, devenue la mienne, chargée à bloc, pour emmener ma mère et mes filles. Plus tard, Cédric arrive avec sa petite automatique qu'il laisse à la Sauvageonne.

La petite automatique amuse tout le monde, je l'essaye, bien que je n'aime pas les automatiques, mais ça m'amuse, avec sa direction assistée, on dirait une auto tamponneuse ! Servane s'amuse avec, puis Athéna qui sait déjà conduire, malgré ses 15 ans.

Mais Martine se fait prier pour essayer. Cédric rale un peu, il se serait passé d'emmener deux voitures en vacances, et de devoir redescendre en train fin août pour remonter la petite Fiat.

Une fois que Cédric et sa famille sont partis, Servane dit à ma mère que elle et moi n'allons pas tarder à partir, qu'il ne restera plus qu'elle et nos 4 filles qu'il va falloir qu'elle se lance !

On se lance ! En revenant de Petite colline, j'emmène la voiture sur une petite route, et je la gare à un stop, prête à tourner à droite sur la départementale.

Mes deux filles sont derrière, pas trop rassurées. Martine s'assoie au volant, moi à sa droite. Je lui explique rapidement, voilà c'est simple : deux pédales ! Pas d'embrayage, pas de levier de vitesse, tu as juste à mettre sur start ou park quand tu t'arrêtes !

Je reconnais que ça fait drôle quand on est à l'arrêt, de se dire  : je fais quoi là ? Ah oui, j'appuie juste sur le champignon ! Mais bon, je préviens Martine, tu accélères, c'est tout !

Rien ne bouge. Je patiente un peu...
- euh c'est bon, là, il n'y a aucune voiture, tu peux y aller !

Martine s'étonne : "Mais il faut appuyer si fort que ça ?"

Je regarde, voyons voir, elle est bien sur start, qu'est ce qui ne va pas ?

- Ah non j'appuyais sur le frein !

Mes filles terrorisées me lancent des regards angoissés ! Et nous voilà parties. Vroum, je serre les fesses, il y a tout de même 3 kilomètres à faire pour rentrer à la Serdagne.

Martine serre sa droite, ça pour serrer, elle serre ! Les roues de droite, sont dans l'herbe, dans le bas coté, et le bruit des herbes fouettant la carrosserie me terrifient !

- Mais tu roules dans l'herbe ! Attention, on va aller dans le fossé, ou tu risque de rouler sur n'importe quoi qui traine au bord de la route ! La route est large bon sang !

- Mais non tu as cette impression parce tu n'as pas l'habitude d'être passagère !

La passagère serre les fesses et rêve de reprendre le volant. Athéna et Artémis me lancent des oeillades terrorisées. Et voilà le moment délicat, l'arrivée à la Sauvageonne !

La chemin sinueux de la Sauvageonne, monte vers la colline, et descend sur la départementale  sur une ligne droite, mais pas loin d'un virage.
Quand on sort de la maison, on ne voit pas bien qui arrive, de la gauche, à cause du virage.
Le plus souvent, ça se fait au bruit. Le virage est dur, voitures et camions rétrogradent, aucune voiture n'arrive en silence.
Sortir du chemin de la Sauvageonne, j'admets que ce n'est pas facile, et que ça peut faire peur. Souvent nous en plaisantons en disant : on ne sort pas les yeux fermés, en priant pour que ça passe, mais presque !
D'ailleurs depuis le chemin de la Sauvageonne a été déviée, pour déboucher au milieu de la ligne droite.

Quand on arrive de Petite Colline, bien sûr, il faut tourner à gauche, donc couper la voie de gauche, pour prendre la petite route de la Sauvageonne. Mais la visibilité est meilleure, on voit les voitures qui ont passé le virage, et si elles ne l'ont pas passé, on a largement le temps de couper la route pour monter le chemin.

Il faut juste prévoir de mettre le clignotant assez tôt, vérifier que la voiture derrière ne colle pas aux fesses, ce qui est fréquent, les lignes droites sont rares, donc on veut doubler, surtout ces parisiens qui ne roulent pas assez vite. Puis vérifier qu'il n'y a personne en face, et bien sur si il y a quelqu'un s'arrêter au milieu pour qu'il passe.

C'est ce que fait tout conducteur ou toute conductrice. Pas Martine.

Martine met son clignotant à gauche, jusque là tout va bien ! Il va falloir quitter la bordure de droite, ouh la la !

Et juste en arrivant au niveau du chemin... Martine s'arrête à droite  à moitié sur le bas côté !

Je suis complètement terrorisée, surtout qu'un poids lourd nous double ! Si il y avait eu une voiture en face, il aurait du s'arrêter, ils ne passaient pas à deux !

- Mais qu'est ce que tu fais ! Tu mets ton clignotant à gauche et tu te gares à droite ! Tu te rends compte si le camion nous était rentré dedans !

Martine attend calmement qu'il n'y ait personne sur la route, enfin personne à moins de 5 kilomètres, pour enfin traverser la route et monter le chemin tandis que mes filles et moi poussons un énorme soupir !

Le chemin chouette ! On est en sécurité !

Quand je raconte l'histoire à Servane, elle me dit :

- mais tu as oublié ! Elle a toujours fait ça ! Pour ne pas déranger, elle se met sur le bas côté !

Oui j'avais oublié ! Et ce n'est pas fini, j'allais laisser mes filles seule avec leur grand mère !