Pendant le vacances de Noël, un soir où je zappais en me demandant si je n’allais pas finalement me coucher tôt, je suis tombée sur “Marius”. J’avoue que je n’avais jamais regardé les nouvelles versions, j’ai trop aimé l’original !

Pagnol je connais par coeur. J’ai lu tous les livres durant mon enfance. La trilogie, avant même de la voir sur écran, je l’avais lu et je l’avais écouté cent fois. Mon père avait déniché je ne sais où des 33 tours, bande son de la célèbre trilogie. Oui Pagnol c’est tellement bien écrit, que l’on peut se passer d’images.

Je me suis tout de même régalée avec la version de Daniel Auteuil, bien entendu j’ai pleuré, et bien entendu j’ai regardé le deuxième volet, et j’attends avec impatience le dernier.

Et ce petit voyage en nostalgie m’a rappellé un goût oublié, celui des dialogues. Car encore une fois ce n’était qu’un long préambule !

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Petite je lisais la comtesse de Ségur. Les petites filles modèles bien sûr, les malheurs de Sophie et tant d’autres. J’aimais par dessus tout, cette façon d’écrire le prénom de celle qui parlait en majuscules et au centre :

SOPHIE

Voulez-vous jouer avec moi ?

CAMILLE

Oui, maman veut bien que nous jouions jusqu’à l’heure du thé.

Et pourtant ces livres n’étaient pas des pièces de théâtres. Ce n’était pas non plus mes premières lectures, mais j’ai aimé retrouvé ce style dans les livres de Pagnol. Et puis au lycée on lisait beaucoup de pièces de théâtre, nous les jouions pour les spectacles de fin d’année.

J’ai écrit beacuoup d’histoires avec cette présentation quand j’étais petite, avec ma soeur nous adorions ça.

J’ai toujours aimé les dialogues, je me souviens avoir fait lire un jour à mon cousin un extrait de mon journal, et il m’avait dit que c’était très vivant parce qu’il y avait des dialogues. Oui j’écrivais la vraie vie, sans doute voyait-il un journal comme une longue introspection, un chemin intérieur (ce que je sais faire aussi d’ailleurs)

Aujourd’hui dans les nouveaux livres, je dois parfois “remonter” plusieurs phrases pour savoir qui parle. Ce ne peut pas être l’un qui dit ça, ce n’est pas logique, ça doit être l’autre.

Certains auteurs ne prennent même pas la peine de mettre des tirets, c’est pourtant simple :

- voulez-vous un thé ?
- non merci, plutôt un café
- ah, moi je n’aime pas le café, mais je vais vous en faire un.

Là c’est simple, mais sans tirets, ça se complique. Pour couronner le tout, il ne s’agit plus de Sophie, Camille ou Madeleine, non les personnages ont des noms multiples : Gérard Lambert se fera appeler, tantôt Gérard, tantôt Lambert, tantôt le Comissaire, ou par son surnom ” maniaque” ou encore une particulirité physique : l’obèse, le maigrichon, le géant, ou encore son origine : le marseillais.

De quoi s’y perdre, surtout en début de livres avec beaucoup de personnages. Et pour peu que je sois fatiguée, je ne cherche même plus à comprendre qui est machin ou truc, tant pis c’est l’intrigue qui compte. Récemment Artémis m’a parlé d’une série qu’elle avait du mal à suivre parce qu’ils ont tous plusieurs noms.

Ensuitre le problème n’est pas seulement de savoir qui parle, mais de savoir si quelqu’un parle justement ! Vu que tout a disparu, guillemets, tirets, il m’arrive de me demander si c’est un personnage qui parle ou si je suis dans la narration. Là aussi il faut parfois remonter une phrase ou deux.

Je ne parle pas bien sûr des livres auto publiés où j’ai vu tant d’horreur grâce à la kindle, mais de vrais auteurs.

Ah les beaux dialogues ! Ah le théâtre ! Je m’étais amusée une fois à écrire une nouvelle, où il n’y avait qu’un seul dialogue entre deux personnages, je le fais aussi souvent ici. Aucune narration, pas de décor planté, juste un dialogue.

Je me posais la question de savoir si dans les nouvelles éditions des Petites filles modèles, on avait gardé cette présentation. Je viens de voir que les prénoms ne sont plus centrés et au dessus, mais heureusement ils sont toujours présents !

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Un jour, Madeleine peignait sa poupée ; Camille lui présentait les peignes, rangeait les robes, les souliers, changeaient de place les lits de poupée, transportait les armoires, les commodes, les chaises, les tables. Elle voulait, disait-elle, faire leur déménagement : car ces dames (les poupées) avaient changé de maison.

MADELEINE - Je t’assure, Camille, que les poupées étaient bien mieux logées dans leur ancienne maison : il y avait bien plus de place pour leurs meubles.

CAMILLE - Oui, c’est vrai, Madeleine ; mais elles étaient ennuyées de leur vieille maison. Elles trouvent d’ailleurs qu’ayant une plus petite chambre elles y auront plus chaud.

MADELEINE - Oh ! quand à cela, elles se trompent bien, car elles sont près de la porte, qui leur donnera du vent, et leurs lits sont tout contre la fenêtre, qui ne leur donnera pas de chaleur non plus
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