102484926

Les technologies ont fait un bond au XXième siècle, tout le monde le sait, je me souviens du premier magnétophone qui a été l’attraction un soir de Noël, nous enregistrer en train de chanter “Minuit Chrétien” puis écouter le massacre avait mis de l’ambiance !

Mais ce qui m’interpelle le plus, ce sont les photos. Eugène mon père a pris quelque photos en noir et blanc, mais la révolution pour lui c’était les diapos. Non seulement ce n’était pas cher (on disait même à l’époque qu’il n’y avait pas de développement), mais surtout c’était enfin des photos couleur à la portée de tout le monde ! Ah les petites pellicules jaunes qu’on envoyait dans un petit paquet jaune aussi et prépayé !
De plus c’était du 24 X 36, des photos rectangle, alors que j’ai des diapos carrées qui datent de l’instamatic. 

Eugène était particulièrement nul en photo, combien de photos de corps sans têtes, de pieds tout seuls, d’essais de photos artistiques cadrées de travers, de flou artistique sur la frimousse du bébé, sans parler de la communion de Cédric où il s’est trompé de modèle et a photographié mille fois le copain de Cédric : c’est sur tous habillés pareil, ça peut porter à confusion !

Conscient de son absence de talent, il m’a cédé son magnifique Kodak à soufflet, faisant de moi le reporter officiel des photos de famille, et le volume de mes archives prouve que j’ai bien rempli mon rôle !

La photo couleur est arrivée bien sur, en tout cas bien avant que je ne m’y intéresse.  J’ai toujours continué à faire des diapos, mais je restais une des rares adeptes : “on ne les voit pas, on ne peut pas les donner !”
Bien au contraire j’adorais les soirées diapos, la convivialité, le partage, le fait de tous commenter une photo en même plutôt que “Hé pourquoi tu rigoles, passe la moi vite !”

Et puis le fait de les voir moins souvent ces photos fait que l’on s’en lasse moins vite… sans compter qu’elles ne vieillissent pas trop mal les diapos !

Quand le lendemain du mariage de Servane, nous nous sommes tous retrouvés devant l’écran plat, à regarder mes photos, je me dis qu’on revient au “spectacle familial” que j’aimais et j’en suis secrètement ravie..
Je sais, je sais, mais il m’arrive aussi de les tirer sur papier !

Revenons en donc à cette époque de la photo 24 X 36 papier. Le développement n’était pas donné et est devenu de plus en plus cher au fil des années. Du coup je me limitais comme beaucoup à deux pellicules l’été, et une ou deux autres pour les événements, je me souviens que le mariage de mon frère m’avait ruinée, d’ailleurs ! 

Mes albums photos, plus mes classeurs de négatifs, plus mes chariots de diapos, en plus de prendre de la place me prenaient du temps, mais c’était encore gérable, au rythme de 3 ou 4 pellicules par an.

Puis le numérique est arrivé. Et le rythme s’est accéléré. Non seulement parce qu’on “consomme” tout de suite les photos (le polaroïd existait mais était cher aussi), mais surtout parce qu’on a droit à l’erreur en supprimant les ratés ! 

Au début je développais. Je me faisais des dossiers “à développer” sur mon disque dur. Et j’attendais d’en avoir 300 pour les envoyer. 300 photos, ça devenait impossible de faire des albums !
Quelques unes sur le frigo, les autres que mes filles me piquent pour coller dans leur chambre, quelques unes pour offrir, et les autres finissent dans le placard. Ma sœur Camomille développe tout, puis les met dans un joli panier sur la table du salon pour que tout le monde les voit.
C’est le genre de chose que je ne peux pas faire : je me suis trop battue contre les empreintes digitales sur le papier brillant ! Ça me donnerait de l’urticaire tous ces doigts qui tripotent mes photos !

Et puis comme le rythme s’accélère les photos je les apprécie différemment. Je regarde rarement les anciennes dans mes albums en ligne. Sympa cette photo d’été, mais depuis j’ai changé de coiffure, et j’aime bien la robe que je portais au mariage de Servane !
Sympa les photos du mois dernier, mais finalement je les ai déjà trop vues !

Mon dossier “À développer”, lorsque je veux en rajouter, je m’aperçois que celles qui y sont, je n’ai déjà plus envie de les voir sur papier !
Avant c’était la surprise d’ouvrir le paquet de photos, là ça n’a plus qu’un intérêt moyen !

Bientôt les albums photos sentiront le moisi, et je n’ai même pas envie de les scanner vu que je les ai trop vues !
De même que j’investirai dans un e-book, en me demandant pourquoi je garde autant de livres !

Bizarrement, j’ai l’impression que la vie s’accélère aussi ! 

Est ce mon état d’esprit ? Je ne vis plus dans le passé, je fonce !
Et comme me l’a fait remarqué récemment un ami : il faut de l’énergie pour te suivre !