L’autre jour, j’ai vu cette publicité où un type tombe en panne d’essence sur une route de campagne. Il est dépanné par un éleveur de bovins qui passe plus de temps à lui parler de ses vaches qu’à chercher le jerrican d’essence. Du coup le touriste file à la boucherie de je ne sais quelle enseigne (comme quoi la pub ne sert pas à retenir les marques) pour demander la viande de Léo. (J’ai oublié le nom du fermier aussi).

Alors je me suis demandé combien de personnes ont déjà bu du lait de vache. Du vrai. Celui qui sort du pis de la vache avec sa mousse et qu’il faut faire bouillir pour le boire. ” Il ne faut jamais laisser le lait sur le feu sans surveillance ” disait ma grand-mère, grande rêveuse que je suis, je n’ose vous dire le nombre de fois où j’ai fait déborder le lait, tout en restant tout de même sagement devant la gazinière.
Quand nous arrivions en avance à la ferme, nous assistions à la traite, la grand-mère assise sur son tabouret trépieds au ras du sol, cela devait être inconfortable. Je regrette encore d’avoir été trop jeune à l’époque pour prendre des photos. Nos amis fermiers n’ont jamais voulu entendre parler de trayeuse électrique.

Eugène mon père, mettait un point d’honneur à aller chercher le lait à la ferme :
” Tant qu’il y aura des vaches et des fermiers, j’irai à la ferme ! ” disait-il
À la maison de campagne, tous les soirs à 19 h nous allions ma sœur, mon frère et moi à pied chercher le lait. Parfois mes paretns nous accompagnaient. Les fermiers étaient des amis, devenus de la famille, la cousine de mon père a épousé le fils des fermier, j’ai déjà raconté tout ça.

Quand mes parents ont acheté la Sauvageonne, mon père a trouvé très vite la ferme où aller acheter le lait. C’est ainsi que nous les avons connus les fermiers. Ils parlaient patois et faisaient un effort pour parler ” français ” avec nous. Bizarre comme phrase, c’est limite condescendant, ce n’est pas intentionnel.
Il y avait aussi d’autres fermiers à qui nous achetions des lapins tout épluchés prêt à cuire. Beurk ! J’imagine la tête de mes filles si je leur demandais de rapporter un lapin prêt à cuire ! Mais je m’égare.

Alors je me suis dit : est ce que c’est encore possible ? Est-ce qu’en cherchant bien cet été à la Sauvageonne, je pourrais trouver un fermier qui trait ses vaches et me donnerait du vrai lait ? J’en salive rien que d’y penser ! Je me vois avec une moustache de mousse blanche.

C’est sûr je passerai pour une fada si j’en parlais !
Le lendemain j’ai vu une pub nulle, le lait machin-truc super allégé, super digeste… Tour ça parce qu’il y a des gens qui ne boivent pas de lait, qui ne pensent plus à en acheter, ou qui pensent que le lait est mauvais. Comme tout ce qui est normal, basique, les oœufs, les patates., la fraine, le beurre, le sucre…
J’ai zappé, je déteste ces pubs pour le faux lait.

Pauvre France !

J’avoue, honte à moi, je bois du lait demi-écrémé. Mais dès que je me sens fatiguée, ou que je suis malade, je bois du lait entier, qui ressemble plus au vrai lait de vache, mais pas encore assez.

Voilà ma mission pour l’été : du lait de vache !