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Les gendarmes finissent par arriver. Un homme dans la quarantaine, une jeune femme blonde, menue, effacée.

Le gendarme m’ignore, ne dit pas bonjour et s’écrie :

- On peut savoir ce que vous faites là en plein milieu de la nuit ?

Puis presque aussitôt il s’en prend à Chris le seul garçon et pourtant pas le plus âgé, il faut croire qu’un certain “machisme” demeure !

- Vous avez quel âge, jeune homme, vous faisiez quoi ?

Chris répond qu’il a 16 ans et qu’ils voulaient “se faire peur”. Le gendarme parle fort en mettant souvent des guillemets avec ses mains des petits “bran*leurs”, ou encore :

-Ah c’est comme ça que vous “délirez”.

Plus tard il dira même à Chris “jeune homme puisque vous parlez au nom du groupe”, alors que Chris n’a jamais rien demandé !

Il leur dit que si ils ont envie de “délirer” il peuvent prendre la mousse à raser, le papier toilette et aller s’amuser dans les bois, en mettre sur les arbres !

Je pouffe de rire intérieurement, je ne vois pas l’intérêt d’aller attaquer des arbres !

Puis le gendarme dit “on va saisir le matériel” et j’ai encore plus envie de rire !

Ensuite vient le moment où il demande leur âge et leur identité aux petits monstres. Chanel, dont je précise que c’est une copine invitée qui n’a rien à voir avec les autres années, mais le gendarme proteste :

- oui mais 21 ans, tout de même, elle est en âge de leur dire arrêtez vos bêtises !

Artémis 18 ans à qui il ne dit rien, et enfin Manuréva 13 ans, la seule qui selon lui a  l’age légal pour ce genre de bêtise !

Souvent il évoque le deuxième groupe “ceux sont partis courageusement, ceux qui dorment  tranquillement et lâchement”.

Je trouve ça nul ! Évidemment que c’est normal que des gamins s’enfuient après avoir fait une bêtise, et non ils ne dorment pas tranquillement, vu le nombre de coup de fil d’Athéna !

Ma belle sœur Marianne arrive entre temps. Je préfère elle à ma sœur, qui ne sait rien faire en silence, ni sans se faire remarquer et jeter de l’huile sur le feu !

Il y a plusieurs allées et venues. Le gendarme va parler aux patrons, ou la gendarmette. Ils essayent de calmer le jeu, de leur dire de ne pas porter plainte. Ils ont prévenu les petits que plainte ou pas, si ils recommencent l’an prochain, ça se passer très mal !

Ils ont parlé aussi d’une punition : session de nettoyage des toilettes. Je commence à en avoir marre et j’ai envie de dire “ok on revient demain”, sauf qu’on est presque demain déjà !

Les gendarmes me demandent si les enfants ont “volé” chez nous le papier toilette, la mousse à raser. Non ils n’ont rien volé, ils ont tout acheté avec leurs petits sous, je le sais puisqu’ils planquaient tout dans ma chambre, vu que je suis la seule mère susceptible de fermer les yeux ! ;)

Les camions de poubelle arrivent, je dois déplacer ma voiture. Le gendarme me demande d’aller à la Sauvageonne chercher les autres, je lui propose qu’on y aille tous, mais il ne veut pas. Il a entendu parler d’une copine (nous n’avions donné que deux noms). Comme je commence à avoir froid avec ma robe trop décolletée, je vais en profiter pour prendre un pull.

Quand je suis dans la voiture, Marianne m’appelle. La patronne, qui entre temps, a parlé avec ses ados, cherche un mec adulte et baraqué. Elle dit même que la personne avait “un truc qui fait des étincelles”. Je blémis et réponds que je ne vois pas de quoi elle parle !

J’appelle Athéna : planque le t*azer !

Le ta*zer est à moi, je l’avais donné à Athéna car j’avais un peu peur pour elle, espérant qu’elle n’aurait pas à l’utiliser.

J’arrive à la Sauvageonne où Athéna, Katia, Coralie, Luigi, Louise et Camomille m’attendent. J’explique vite fait à Athéna et Katia ce qu’elles doivent dire au cas où : elles dormaient et n’étaient au courant de rien !

Puis j’embarque Luigi et Coralie, et comme il faut “donner” une copine, nous optons pour Louise petite, ça passera mieux que Katia, 17 ans. Je demande à Athéna si elle veut venir, elle dit “non merci”. Ma soeur Camomille hurle à l’injustice :

- De quoi ! Tu ne dénonces pas ta fille et tu emmènes mon fils ! Il va aller en prison, c’est dé*gueulasse !

Je la laisse brailler et je pars.

Le gendarme fait un bref briefing aux nouveaux venus. Il a bien compris que ce sont des cousins qui s’amusent lors d’une “réunion de famille annuelle”.

Pendant ce temps Marianne parle avec la patronne pour lui promettre que nos enfants ne recommenceront plus. La patronne n’est pas convaincue : “mais vous dormez”. Ma belle sœur explique que nous avons quand même une certaine autorité. Elle fait bien mieux que moi la mère méchante : si ils recommencent fini les vacances ici, et pas seulement ça !

Nous voilà dehors en rang serré pour aller constater les dégâts dans les toilettes. Artémis qui pouffe en poussant du coude sa copine se fait tancer vertement par le gendarme : vous rigolerez demain, là ce n’est pas drôle.

La patronne parle avec moi et ma belle sœur : elle nous explique qu’il y a du “blé” et du miel sur les voitures. Que l’an dernier le papier toilette aurait “bouché” la pompe de la piscine ! La piscine de la sauvageonne a vu dix fois pire sans que la pompe n’en pâtisse, mais bon !

Ce qui a été pris pour du miel (pour répondre à Galstar) c’était une bouteille d’urine vidée sur la farine, mais ça aussi je suis la seule adulte à le savoir ! Cette année la bouteille a été jetée dans les allées du camping, espérons que personne n’aura envie de la boire !

Puis la patronne nous demande si nos enfants ont bu ! J’en tombe par terre ! N’importe quoi ! Aucun d’eux n’a un comportement d’alcoolique, et leurs petit délire n’a rien à voir avec une soirée alcoolisée ! Je ne dis pas que mes filles boivent de l’eau lors des fêtes de village, mais ça n’a rien à voir ! Décidément les patrons sont vraiment très inquiets et très stressés !

Nous voilà arrivés dans les douches. De la mousse à raser sur un mur, avec de la paille (ils ont acheté de la paille pour lapin nain), un œuf par ci par là. De nouveau je manque de pouffer de rire quand la gendarmette prend son réflex pour prendre des photos.

Le gendarme dit sans rire : “de la mousse à raser hilarant ! De la paille dessus ! Très drôle”. %%%
Chris l’imitera pendant plusieurs jours à la Sauvageonne et nous fera bien rire !

Ensuite le gendarme leur fait la morale : “imaginez que vous veniez prendre votre douche le matin et vous voyez ça”. Vu le peu de dégâts, je me dis qu’il doit forcer volontairement le trait pour les patrons !%%%
Euh… je sais pas moi, mais je prends l’autre douche, celle qui est propre !

Il leur a demandé quels étaient leur projet si ils avaient eu le temps : rien les autres toilettes !

Puis tandis que les monstres restent pour nettoyer avec les gendarmes, nous retournons vers le restaurant. Le jour se lève. Je dis à ma belle sœur que je n’en peux plus, que je vais aller boire un café à la Sauvageonne. Mais la patronne nous offre gentiment un café. Nous nous asseyons dehors en compagnie de son père,  un homme âgé à qui elle traduit tout.

Elle nous explique qu’ils sont proprio depuis trois ans (les bêtises de nos enfants ont commencé bien avant). Elle nous raconte les années précédentes, un client qu’ils ont perdu parce que manque de bol, deux années de suite sa voiture a eu droit aux œufs ! De ceux qui, sur le site Internet mettent des commentaires méchants, juste à cause d’une nuit dans l’année !

La patron est toujours dans le coin avec son bâtonnet. Puis le gendarme nous rejoint et boit un café avec nous. Il nous parle de nos monstres, et nous sussure qu’il a bien compris que ces petits viennent de l’Ile de France qu’ils ont besoin de se défouler à  la campagne. Il  ne nous dit pas qu’ils sont d’un milieu privilégiée, mais ça se sent !
Il nous dit qu’il font le ménage, que c’est bien car ils n’ont apparemment pas l’habitude de le faire à la maison.
Il nous dit qu’il était avant en Ile de France et que c’est mieux ici ! Qu’ici on il n’y a pas d’ados qui lui disent “ta gu*eule je vais te niquer ta race”. %%%
C’est sur le papier toilette c’est du repos !

Il note nos identités sur un bloc. J’aurais l’occasion de le revoir, si, si ! %%%
Et il saura très bien écrire mon nom !

Puis nos monstres reviennent. Le gendarme souligne que le jeune homme, Chris a du mettre la main dans les toilettes pour récupérer un oeuf. C’est dingue cet acharnement contre mon filleul alors que les chefs de bande étaient mes filles (mais bon je vais pas le dire non plus).

Les patrons ne porteront pas plainte, mais ils hésitent encore, on ne sait jamais.

Puis enfin vient le moment des aurevoir. La patron garde ma main longtemps dans la sienne, me fait un clin d’oeil, louche vers mon décolleté. Ma belle soeur me dira plus tard que le patron était pas commode et très énervé ! Ah bon ! Mes filles me taquineront parce que j’ai la côte avec le patron du camping !

Retour à la Sauvageonne où les rires et les imitations fusent :  ” De la mousse à raser, hilarant ! De la paille dessus très drôle”. Et on se moque de moi parce que je dis 10 fois : “moi ce qui m’a fait rire c’est quand il a dit “on va saisir le matériel” ! En fait le matériel a été rendu à Chris ! Nous avons eu un stock de papier toilette jusqu’à la fin des vacances…

Donc disais-je les rires ont été stoppé net par Camomille qui hurle, fait la morale “mais que vas dire votre père’. Ma soeur vit encore dans le siècle où le père est censé donner la punition, jouer les méchants, où on dit “ne dis pas ça à ton père”. Ce qu’il déteste en passant, car il devient un employé délégué par sa femme au martinet, mais c’est un autre débat !

Bref, Camomille fait la morale à ses fils, éducation particulièrement réussi, car Marine 10 ans, une fois réveillée et au courant de tout dira : “je peux venir avec vous l’année prochaine ?”

Jolinette devait y aller mais elle a eu peur. Il est vrai qu’elle aurait surement pleuré en voyant les bâtonnets ! Et là en plus d’une sœur, j’en aurais eu deux sur le dos Pfft !

Camomille qui ne peut pas s’empêcher de se faire remarquer et d’en rajouter une couche, va le matin à la gendarmerie avec Marianne pour savoir ce que risquent ses fils en cas de plainte. Puis elles vont au camping où Camomille explique à quel point elle a honte de ses fils. Marianne est entre les deux : plus cool que ma sœur et plus ferme que moi, mais elle aura bien ri aussi ! Marianne nous explique que la patronne cherche toujours le mec adulte grand et baraqué ! Heureusement qu’Athéna a caché ses longs cheveux blonds sous une capuche, comme me le fait remarquer aigrement Camomille : “elle ne passe pas inaperçue ta fille !”

Nous parlons tout bas devant Martine, sourde, qui entend bien entendu quand ça l’arrange.

Le lendemain, Camomille la prof, à table, demande le silence et impose des corvées aux monstres. Mettre la table et ranger les granges.

Artémis s’acquitte sans problèmes des corvées. Athéna refuse. Camomille proteste :

Camomille :  Déjà que tu te t’es pas dénoncée ! Tu pourrais faire les corvées !
Athéna : c”est bon j’ai 21 ans ! Je n’ai pas à être punie ! Et puis au pire, ce serait à ma mère de me punir !
Camomille : mais ta mère était d’accord !
Athéna : elle n’a jamais dit qu’elle était d’accord !

Ce qui est vrai, je regardais en l’air, l’air de rien, en me gardant de tout commentaire ! J’ai horreur de ces leçons de morale, de ces “convocations” devant les adultes (ce n’est pas la première que ma sœur fait) et des punitions et corvées !

À moins d’être d’authentiques crétins, je pense qu’ils ont compris la leçon !

Mais ce n’est pas fini ! Souvenez vous, un groupe s’est fait “chopé”, l’autre s’est échappé ! Il est temps d’entendre leur version !

à suivre