Je suis plombier bié bié bié bié, j’ai un beau métier
Je fais mon turbin bin bin bin bin dans les salles de bain.

 

Vous connaissez sûrement cette chanson de Pierre Perret ? Bon j’avoue, je n’ai retenu que le refrain !

Quand Artémis était plus jeune, elle disait qu’elle voulait se marier avec ” un plombier ou un garagiste, un métier utile ! ‘

Coup de chance, Jérémy était plombier, même si il travaillait surtout dans les panneaux solaires quand ils ont commencé leur histoire et cerise sur le gâteau il sait aussi bricoler les voitures.

Entre parenthèses, dixit mon garagiste, être garagiste aujourd’hui n’est plus si fun qu’avant à moins d’être un champion de l’électronique, si il reste beaucoup de pièces pleine de cambouis, remplacer des cassettes de puces électroniques ou démonter une calandre pour changer une ampoule ne ressemble plus vraiment au métier de garagiste.

Quand Jérémy est venu vivre à MaVille, il n’a pas cherché un boulot de plombier. Il a travaillé dans la logistique, c’est ainsi que ça s’appelle de nos jours. Il travaillait dans les livres pour enfants, et touchait à tout, commandes, gestion du stock, livraisons dans les écoles, vente dans les écoles, il avait son véhicule utilitaire et s’est débrouillé en Ile de France sans GPS à vitesse grand V. Lors des ventes dans les écoles, il faisait craquer les petites filles, avec sa tête de gamin, il semblait à peine plus âgé qu’elles. Parfois Artémis venait l’adier et là c’était les petits garçons qui étaient aux anges. Jérémy a toujours été très dynamique, charismatique, il plaît à ses patrons, se fait vite des amis parmi ses collègues. Il était en CDI et a très vite eu des responsabilités, un boulot en or selon moi.

Quand est venu le temps où ” mes petits” (mes grands c’est l’autre couple, z’avez qu’à suivre) ont décidé de quitter l’Ile de France, j’étais catastrophée. Artémis arrivait en fin de contrat, Jérémy avait envie de retrouver le Sud et Petite Colline et il disait qu’il n’allait pas toute sa vie payer 700 € pour un studio. Je les comprenais bien sûr, d’autant qu’une petite maison louée par son frère les attendait au bord de la Louvoise. Mais j’étais catastrophée que Jérémy quitte un boulot en or.

Par chance, ni mes filles, ni mes gendres ne restent longtemps au chômage. Durant l’été Jérémy a travaillé dans un élevage de canard, tout en préparent des CV. Il en avait préparé deux : un en tant que plombier, un autre pour la logisitique. Il ne voulait plus être plombier et il savait que Popol ne lui proposerait que des postes de plombier :  si si, je vous assure, on a toujours besoin de plombiers !
Finalement Jérémy a trouvé un poste, dans la logistique, dans une boîte qui vend des produits bio. Logistique façon pompeuse de dire ” préparaiton de commandes “. Il rapportait souvent à la Sauvageonne des invendus, des jus de fruits, des confitures, de la pate à tartiner bio (oui ça existe). Mais voilà ce boulot était bien moins intéressant que le précédent. Il était toujours à l’entrepôt, travaillant parfois du matin (très tôt) ou du soir (très tard). Régulièrement on l’embêtait en lui refusant ses congés, c’était le plus jeune et il n’a pas d’enfant, mais au bout de 2 ans, on peut quand même faire un effort pour les jeunes. Il était aussi en CDI.

Lors du mariage de mon filleul, Jérémy m’a annoncé qu’il quittait son boulot. J’étais un peu affolée. Il est vrai que je suis vieille école et que j’ai des tares : je ne sais pas ce qu’est le privé, et à mon époque on ne parlait pas de Cédédé et Cédéhi, on avait un travail point barre (ou on en avait pas). Donc je vois peut-être le CDI comme le Saint Graal, même si il ne semble pas si rare que ça, puisque Athéna, Jim et bien sûr Jérémy en ont déjà obtenu des CDI.

Jim m’avait rassuré en me disant que Jérémy était débrouillard et qu’il retrouverait du boulot, et m’avait également convaincue d’une chose : ce n’est pas parce qu’on est en CDIqu’on doit rester si le boulot ne nous plaît pas. C’est vrai que les génération Y ne voient pas les choses comme nous.
Artémis m’a confirmé que c’était un boulot de m… sans aucune évolution possible.

En mai, Jérémy m’avait dit que si il ne trouvait pas de boulot, il ferait la paille ou les moissons en été. Mais Jim ne s’était pas trompé, le chômage a duré trois semaines. Façon de parler, je doute qu’il y ait eu la moindre démarche auprès de Popol.
Jérémy par l’entremise d’un copain du foot a retrouvé un boulot de…. plombier. Dans une boîte à 10 minutes de chez lui.

Au téléphone, Artémis m’a dit qu’elle était ravie. Elle avait trouvé dommage qu’il abandonne son vrai métier et me listait tous les avantages, Jérémy a de nouveau son propre utilitaire.

Parenthèse, comme mes gendres ne sont jamais d’accord avec mes appellations de véhicule :  camionnette, non c’est pas ça c’est plus gros… camion, non rien à voir c’est gros un camion… fourgon, non tu te trompes encore !
L’idéal serait de citer des marques : J9, Vito, Expert, mais je ne vais pas faire de pub ici, donc vous avez bien visualisé la taille de l’engin et je dirai utilitaire, Na ! Fin de la parenthèse

Il a son utlitaire, il est autonome, il est bien payé, il y a une évolution possible, la boîte ferme en août, donc pas de problèmes de congés. Bref Artémis est ravie et moi aussi, si il y une fuite à la Sauvageonne, ce qui arrive souvent, je saurais qui appeler. Autre qualité indéniable du plombier, je disais récemment à Artémis : ” les hommes confondent toujours évier et lavabo, ils disent ” évier ” pour lavabo. Elle me répondit : ” Pas Jérémy, il est plombier ! “

Quand Athéna était petite, elle me disait ” tu ne pourrais pas avoir un métier normal comme vendeuse de tee-shirt ? Je ne sais jamais dire ce que tu fais ! “
J’avoue que j’ai pensé la même chose ! Pour les métiers de mes filles, je n’ai pas trop de mal, d’aileurs je n’ai jamais à répéter deux fois celui d’ Athéna, ni celui de Jim, on les retient ” Ah c’est ta fille celle qui est dans les pompes funèbres, ah ton gendre celui qui est tailleur de pierres ! “.
Et là ce sera plus simple de dire que j’ai un gendre plombier !
 

J’en profite pour faire un clin d’œil à Eugène qui trouvait que c’était un métier fantastique ! Eugène bricolait, touchait à tout, sauf la plomberie, trop compliqué. Il aurait voulu que Cédric soit plombier, Martine s’y est opposée et heureusement, mon frère n’est pas manuel et il faut sortir la trousse à pharmacie dès qu’il tente de planter un clou.

Le week-end prochain je descends avec Martine et Cédric pour ouvrir la Sauvageonne. Martine y restera jusqu’au 15 septembre. Cédric et moi nous remontons, ce n’est pas encore les vacances.