Il y a plusieurs choses qui m’agacent dans le monde du travail. Mais il y une chose que je déteste par dessus tout !
C’est l’entretien annuel d’évaluation !
Attendez avant de me lyncher : je ne veux pas dire que c’est inutile “partout” , je veux bien même croire que c’est utile dans le privé ou dans certaines administrations !
Mais de mémoire de Louisianne, ainsi que d’après les témoignages de mes collègues, c’est un exercice inutile, une formalité stupide.
Les premières années de ma carrière, cela n’existait pas et on s’en passait très bien. Au pire votre chef vous convoquait pour vous dire qu’il n’était pas content, vous invitait gentiment à demander votre mutation…
Dans un monde idéal, car dans la réalité, les brels continuent de dormir tranquilles, dans un placard avec un téléphone. On ne leur confie plus aucune tâche car on sait qu’ils ne la feront pas ou mal.
Il faut savoir que c’est aussi une corvée pour les responsables : beaucoup n’ont aucune envie de recevoir leur ouailles. Le chef et l’employé savent très bien à quoi s’en tenir.
L’employé travaille bien, le chef le sait : aucun problème. L’employé travaille bien, mais il y a un ou deux petits trucs qui ne plaisent pas au chef : tout le monde le sait, à quoi ça sert de le répéter dans un cadre formel une fois par an ?
L’employé travaille mal ou pas du tout, le chef le sait.
Soit l’employé est persuadé d’être un bon élément. Soit il sait pertinemment qu’il ne fait rien, mais c’est la faute du chef qui est nul et ne reconnait pas ses compétences, l’entretien va forcément mal se passer. Ou encore l’employé n’en a rien à faire de tout ça, et veut changer de poste,mais personne ne veut de lui.
Le chef vous attribue une note. Comme disait un de mes collègues : je veux 20/20. Soit je fais l’affaire et j’ai 20 soit je suis nul et j’ai 0!
Mais vous savez bien que je ne peux pas, répondait le chef un peu gêné !
En effet la note a eu un début (combien d’ailleurs ?) et évolue tous les ans. Enfin elle évolue très peu !
Le chef se voit attribuer quelques points pour son service (un ou deux) et il doit les distribuer à ses agents les plus méritants.
Ces points sont partagés entre le chef et ses homologues des autres services. Si vous avez un chef peu charismatique, mal aimé, mal vu, ou incapable de s’imposer, il récoltera ce qui reste comme points… Voire rien du tout !
Même si vous êtes le meilleur des employés, si votre chef est nul, n’espérez pas avoir une note qui augmente !
Et si par chance vous avez un bon chef, ça ne durera que 4 à 5 ans, il sera obligé de changer de poste pour sa carrière !
Les patrons peuvent aussi vous donner un bon point. Un quart de bon point, c’est à dire 2 mois de bonus pour la retraite… Enfin deux mois de moins ! J’en ai bénéficié un jour. Et quand ça arrive, ça veut dire que pendant 4 ans, vous n’y aurez plus droit, il ne faut pas abuser non plus !
Mais les temps changent et même ces bons points, on y a plus droit !
Bien entendu je schématise : tout cela répond à des règles compliquées et je ne me suis jamais plongée dans la lecture de ces notes des service rébarbatives…. Je vous l’ai dit, je déteste ça !
Cas le plus simple pour le chef : baisser la note d’un mauvais agent ! Le seul moyen de pression réel….
Sauf que aucun chef n’a le courage de le faire ! Et quand l’un d’eux en a le courage, l’employé furieux, court se plaindre au syndicat.
Et ça marche ! On rétablit sa note !
Revenons_en à l’entretien. À une époque, le chef remplissait un formulaire plein de grilles et le donnait à signer à l’employé. Celui ci était censé remplir lui aussi des cases : êtes vous d’accord ? Pensez vous que vous occupez un poste qui correspond à vos aptitudes, si non pourquoi ?
Je signais, je n’écrivais jamais rien. Ça servirait à quoi ?
Puis les choses ont changé. On a imposé l’entretien. Il y avait même une durée imposée : une heure. Régulièrement on change le formulaire : plus long, plus court, plus simple, plus compliqué !
J’ai bien envie de rire quand je lis : s’exprime correctement à l’oral, s’exprime correctement à l’écrit. Il ne manquerait plus qu’on écrive : ne sait pas parler, ne sait pas écrire !
Le reste c’est : apte à exécuter une tâche, apte à respecter des délais…
Ensuite le patron est censé décrire précisément ce que vous faîtes. Ce qui ne change pas d’une année sur l’autre.
Puis il vous fixe des objectifs pour l’année suivante. Quels objectifs ? Dans certains postes c’est possible, exemple : mettre en place un nouveau logiciel, former les agents, prévoir le déménagement des locaux etc…
Dans la plupart des postes, quels objectifs ? Faire mieux que l’an dernier ? Développer votre sens de la diplomatie ? Arrêtez d’oublier la virgule dans le rapport X-5 O F ?
Parfois j’aimerais être petite souris pour entendre ce que le patron peut bien définir comme objectif à la dame du bout du couloir qui n’a rien à faire ! Et comment il évalue les objectifs de l’an dernier !
Bref voilà pourquoi je déteste cet exercice. J’ai l’impression de retourner à l’école. Je n’ai rien à dire au chef. Lui non plus d’ailleurs ou si peu.
Il y a quelques années, plus jeune, j’étais un peu impressionnée par cet entretien. Je précise qu’il s’agit du chef à trois plumes avec qui je ne travaille pas directement, je le vois peu. Je travaille avec le chef à deux plumes.
Maintenant je m’en moque éperdument. Même si il a des reproches à me faire, il serait bien mal barré si je partais ! Mon collègue ne ferait pas mon travail (il ne fait pas le sien non plus) et personne ne se bousculerait pour me remplacer !
L’an dernier je lui ai dit que je refusais l’entretien. Cette année je ne peux pas y couper.
Le pire ? C’est en ce moment ! Le patron est très énervé ! Et comme il n’a rien à dire à beaucoup d’entre nous il s’énerve pour un oui ou pour un non :
- Yolande, vous n’avez pas encore envoyé le courrier ? Marie Berthe, qu’est ce que vous faites encore à la photocopie ?
Nous recevons aussi des méls TTU. Des méls de rappel à l’ordre ou “passage de savon”
Il prépare l’entretien ! Yolande, l’autre jour vous avez envoyé le courrier à 10 h 10 au lieu de 10 h !
Moi aussi j’aurais pu écrire un livre sur l’administration ! Grrr !
6 réactions
1 De brigou
- 09/03/2014, 08:40
Je retrouve dans ton billet tout ce que je vis aussi au travail et à la période de l'évaluation. Comme quoi on vit tous à peu près la même chose au boulot !!
Cette année, j'ai passé mon dernier entretien avec l'ultime note en fin de carrière... la retraite a sonné pour moi.
2 De Louisianne
- 09/03/2014, 13:42
@brigou : Là c'est encore plus drôle, à quoi sert la note si la carrière est finie ?
Profite bien en tout cas !
3 De Cristophe
- 24/03/2014, 20:44
Moi qui suis en contrat précaire, il y a à la fin de mon évaluation une case à cocher par mon responsable hiérarchique pour dire si je peux continuer ou non (je ne me rappelle plus la formule exacte).
4 De Didou
- 30/03/2014, 11:33
Je comprends ton point de vue, et pourtant je suis convaincu que les traces de cet entretien sont utiles :
- En cas de risque de double langage d'un chef par rapport à sa direction et à son subordonné (moyen de tracer par écrit, donc pas moyen de promettre n'importe quoi)
- En cas de mutation de personnel, pour que le nouveau chef ait connaissance des échanges/promesses/efforts passés
- Pour que le salarié ait une assurance que ses demandes/souhaits ne soient pas bloqués par le N+1...
Pire, en cas de conflit aux prudhommes, ces documents ont une réelle valeur légale.
D'un autre côté, le fait de noter un collaborateur de 0 à 20 est débile en soi. Tous les ans, je dois avoir comme objectif "Continuer dans sa mission précédente" ou un truc comme ça : c'est carrément stupide aussi.
Et jamais cela n'empêche la possibilité de s'enfermer entre 4 yeux en cours d'année pour expliquer ce qui ne va pas. C'est la seule solution pour qu'un service marche d'ailleurs.
5 De Louisianne
- 31/03/2014, 18:42
@Didou : Ce qui est valable dans le privé ne l’est pas dans l’administration. Exemple promettre, promettre quoi ?
Les souhaits ? à part les demandes de formation, je ne vois pas. Quand à la hierarchie N + 1, elle se contente de signer.
Et puis par souci d’équité, pour une fois c’est bien, le recruteur n’a pas accès à la notation au moment du recrutement, il devra attendre la période de notation. C’est plutôt bien, car si vous tombez sur un chef qui vous a dans le nez, il n’écrira que des mauvaises appréciations et dans ce cas impossible de changer de poste.
Ainsi le nouveau chef a eu le temps de se faire sa propre opinion le jour où il lit les notes de l’an dernier !
6 De Louisianne
- 31/03/2014, 18:47
@Cristophe : Pas très sympa comme case je trouve !