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J’ai souvent employé pour parler de moi le terme : “luronne contrariée”.

Il m’arrivait aussi de dire “ancienne timide” mais c’est tellement loin que Pfft ! Limite on me rit au nez : “Timide, toi ?”

J’aime assez cette phrase inscrite sur le temple de Delphes (enfin il parait) :

Ne cherche pas ta place, ta place te cherche ! 

Oui j’étais plutôt timide, réservée, et pas seulement pendant l’enfance, longtemps après. Comme beaucoup je manquais de confiance en moi, et j’avais toutes ces questions existentielles, ces problèmes à régler dont j’ai déjà parlé.

J’avais des amis bien sur, mais je n’ai peut être pas osé approcher ceux qui m’auraient intéressée.

Un jour, quelques temps après mon mariage, alors que je croisais des amis du Sud, et que je les invitais à la Sauvageonne, mon frère m’a dit une chose qui m’a marquée :

- Si tu es devenue sociable, c’est que tu pouvais l’être !

Il est vrai que dans ma tribu, comme dans beaucoup d’autres, les rôles sont distribués et bien souvent à vie, même si on change. Une sœur Camomille utra sociable, pour ne pas dire “relations publiques” privilégiant la quantité plutôt que la qualité, cabotine (le mot a du être inventé pour elle).
Garder des relations, inviter, organiser, on dirait que pour la tribu, c’était son monopole, et qu’on peut toujours essayer de l’imiter, de la suivre de loin, comme le fait Cédric, mais sans plus.

Moi j’étais dans le meilleur des cas timide, “renfermée” je déteste ce mot qu’on emploie plus aujourd’hui, on lui préfère “réservé”.

Et dans le pire des cas “em*merdeuse” parce que j’ai toujours eu du mal à supporter l’invasion des potes de ma sœur à la maison familiale, souvent c’était n’importe qui (nous avons même eu des vols) et comme mes parents étaient trop gentils pour protester c’était moi la râleuse. Ou encore “asociale” parce que j’avais du mal aussi à supporter les bêcheuses qui ont défilé dans le lit de mon frère, non pas parce qu’elles étaient dans son lit, mais parce que c’était réellement des bêcheuses, certaines étant même jalouses de ses soeurs. Devoir leur faire la bise était un exercice très difficile pour moi !
nb : heureusement il n’a pas choisi son épouse dans la catégorie “bêcheuse”.

Alors effectivement, en perdant ma timidité, en faisant mes propres choix, je suis devenue sociable. Et parfois j’ai envie de rire en pensant à la tribu. Car encore aujourd’hui, on s’étonne et on me dit : Ah bon, tu invites des amis ? Mais tu les as connus comment ? C’est qui Machin  ?
On dirait que j’empiète sur les compétences de Camomille !
Bon je vous rassure, et je me rassure aussi, je ne ressemble pas à ma sœur pour autant !

Et parfois je m’étonne moi même ! C’est moi ça ? Sociable, gaie, qui dit bonjour à tout le monde ?

Luronne contrariée. Ne cherche pas ta place, ta place te cherche !

Et si ça avait toujours été moi ? Et si c’était moi depuis toujours ?