J'ai souvent ressenti cette sensation quand j'étais encore à l'école. Les rares fois où j'étais malade.

Cette sensation étrange d'être en dehors de la vie. Il se passe des choses ailleurs. Les autres sont en cours, devant un prof. Mais ils ont si peu de réalité, ils semblent être si loin dans l'après midi fiévreuse. C'est tout juste si je me demande pas si ils ont existé, s'ils existent.

Il se passe des choses ailleurs. J'entends le bruit de la vie, le bruit des bus, les klaxons. La vie est dehors et moi je suis en dehors de la vie.

Ce n'est pas que j'ai l'impression de rater quelque chose, non. Comment pourrait-on avoir l'impression de rater une journée comme tant d'autres, une journée du quotidien... C'est simplement que je suis en dehors de la vie...

La sensation je m'en souviens a été plus forte encore un jour où j'étais allée en cours le matin, je me suis sentie si mal le midi que ma mère m'a dit d'aller me coucher. Je ne suis donc pas allée en cours l'après midi.

Aujourd'hui encore cela me fait le même effet. Lorsque l'absence se prolonge, comme pour les congés maternités, on se rend compte à quelle vitesse on a occulté le travail, les collègues, tout ce quotidien, on se demande si ils ont réellement existé, si ils continuent à exister quelque part... si loin et si près à la fois...

Pourtant cette sensation d'être en dehors de la vie n'est pas forcément agréable. Car quand je me retrouve à 14 h en train de regarder une ânerie à la télé, je me dis qu'une vie de femme au foyer, je n'en voudrais pas. Et que je ne suis pas pressée d'être à l'âge où on passe plus de temps chez soi que dehors parce qu'on n'a pas le choix.
Ça n'empêche pas d'aimer son foyer, sa maison ! Mais c'est tellement mieux de la retrouver le soir que d'y être  par obligation !