Didou j’ai déjà parlé d’elle, en parlant de l’histoire de Roselyne.

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Pour re-situer un peu, je l’ai connue à 20 ans, elle faisait partie de la bande formée par Roselyne, Damien et moi. Cependant Didou n’a jamais été une intime. D’abord par manque d’affinités, ensuite parce qu’il est impossible d’être intime avec Didou. C’est une cérébrale, qui peut être intarissable sur ses voyages ou sur les films, ses deux passions, qui peut parler sans problèmes de sa mère ou de son frère, mais jamais d’elle même.

Didou a été amenée dans la bande par Roselyne. Tandis que Roselyne et moi rêvions du prince charmant et accessoirement d’avoir des enfants, Didou ne rêvait que de voyages. Elle ne rêvait pas de vie de couple, son travail ne l’intéressait que parce qu’elle avait un salaire. Son surnom est “la baroudeuse”, elle a fait le tour du monde avec son sac à dos !

Lorsque que Roselyne l’a connue, Didou faisait tout pour s’enlaidir. Elle s’habillait comme lorsqu’elle avait 15 ans, ou plus exactement avec les mêmes vêtements que ceux de ses 15 ans. Vu qu’elle ne grossissait ni ne grandissait, elle ne voyait pas l’intérêt d’acheter des vêtements !
Côté coiffure, cheveux attachés avec un catogan, elle portait un chemisier blanc étriqué, un gilet en daim bordé de fourrure, un pantalon peau de pêche marron.
Les années 70 en 80, même les moins férues de mode, écarquillaient les yeux !

Roselyne l’envoya chez le coiffeur pour une coupe mi longue mieux structurée (depuis Didou va toujours chez le coiffeur) et lui fit jeter ses fringues de 15 ans. Depuis Didou a trouvé son style sportwear, adapté à son style de vie. Elle est incollable sur le gore-tex, anti froid, anti moustiques etc.  On aime ou on aime pas, mais elle n’a plus 10 ans de retard ! 

C’était difficile de connaître la vie de Didou. Nous ne lui connaissions pas de petit ami, ni dans  le passé, ni dans le présent, elle écoutait et commentait nos histoires sans problèmes et sans pudibonderie, mais ne racontait rien.
Nous la soupçonnions de n’avoir jamais eu d’histoires, mais n’en parlions pas.

Didou habitait à l’époque avec sa mère, Mme Folliingues, femme immature, stupide et égoïste et son frère Paul de deux ans son cadet. Mais c’était Didou la mère, celle qui s’occupait des courses, ménages, cuisine, et veillait sur son frère, volage et dépensier.
Mme Follingues travaillait, même si elle changeait souvent de boîte. Nous ne l’aimions pas mes amis et moi, mais Didou la vénérait et trouvait qu’elle avait toutes les excuses car elle en avait bavé pour les élever, elle et son frère.

En réalité Mme Follingues n’avait jamais élevé personne. Le père de Didou avait disparu dès qu’il avait connu l’état de Mme Follingues. Puis elle s’était remariée avec le père de Paul qui avait reconnu Didou, lui léguant un nom qu’elle déteste. Puis pour d’obscures raisons Mme Follingues avait divorcé et le père de Paul disparut lui aussi.

Durant tout ce temps, Didou, Paul et Mme Follingues vivaient chez la grand mère, seule personne capable d’apporter un semblant d’équilibre aux enfants. Quand la grand mère partit pour habiter dans le Sud, Domi prit la maison en main, tandis que Mme Follingues faisait des croisières dans le but de trouver l’homme de sa vie.

Plus tard Mme Follingues trouva ce qu’elle cherchait, un homme plus âgé capable de l’entretenir, et quitta son travail du jour au lendemain pour partir dans le sud. Didou trouvait ça normal, elle avait assez trimé pour les élever. Le tribunal des prud’hommes, lui ne fut pas de cet avis et la condamna à une amende et à quelques mois de travail pour rembourser sa boîte.

Didou dut donc veiller sur son frère. Paul était (est toujours) beau comme un Dieu. Incapable de fidélité, ses histoires d’amour étaient en dents de scie, disputes, réconciliations, plus tard mis à la porte de chez lui plus souvent qu’à son tour.
Entre deux histoires, il aimait tenter sa chance avec celles qui lui disaient :
- va te faire voir, tu te crois irrésistible, j’ai horreur de ça !
… dont je suis mais il ne faut pas rougir de ses ex !

Il était également un rien frimeur, dépensant sans compter pour des gadgets, mobylettes, puis voitures, s’endettant, plumant sa sœur régulièrement.  Plus tard Didou s’acheta un appartement, il a trouvé du travail même si il a souvent changé, et de temps en temps il squattait chez sa sœur quand sa femme le mettait dehors.

À 40 ans, largué pour de bon, il m’a confié un jour où je déjeunais avec lui qu’il entamait une psychanalyse et que ses problèmes venaient du fait qu’il ignorait pourquoi ses parents avaient divorcé, et pourquoi son père était en prison. Même Didou avait toujours refusé de lui parler.

Un rien assagi, ayant pris une claque en réalisant parce que son charme ne lui donnait pas tous les droits, en pleine remise en question, il m’aurait presque fait de la peine. Cependant il a gardé son côté dragueur (au fait tu es libre en ce moment ? ) aussi je pense qu’il s’en sortira !

Cela faisait 20 ans que je connaissais Didou quand elle m’avoua ce que j’avais deviné. Et encore pas avec des mots exacts : on peut dire ça comme ça, oui on peut appeler ça comme ça.
Par contre elle me raconta avec force détails sa déposition au commissariat, accompagnée par sa grand mère. La mère n’étant bizarrement jamais présente.

Pas besoin d’étudier la psychologie pendant 5 ans pour comprendre que Didou n’ait pas envie d’une vie de couple et que sa vision de la famille soit légèrement déformée.