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“Histoire intéressante mais l’écriture mériterait d’être un peu plus travaillée. Les personnages manquent de profondeur. Dans la première partie du récit, ils sont tous stéréotypées, puis dans la deuxième partie on découvre une face cachée ou plutôt une personnalité opposée à la première.

Ce qui est dommage c’est que l’auteur n’aie en rien laissé soupçonner cette “face cachée” des personnages. Comme si il gardait des surprises pour la partie après l’entracte ! Et puis qu’un personnage soit double, passe encore, mais tous !
Cela donne plutôt l’impression que l’auteur ne le savait pas lui-même ou a changé d’idée en cours d’écriture !

Il manque le petit plus qui fait que l’on est vraiment dans l’histoire, ou que l’on s’attache aux personnages. L’histoire est bâclée comme si on avait hâte d’arriver au but, que ce soit une scène ou la fin du récit.

Bref, une impression d’inachevé.”

Voilà un commentaire que j’ai écrit sur un livre auto-publié que j’ai lu sur ma kindle. Beaucoup de ces romans d’auteur auto-publiés me laissent cette impression !

À contrario, c’est aussi là que je me rends compte que parmi tous les livres que j’ai lu, même ceux que j’ai jugé nuls, il étaient bien au dessus de cette littérature !
Un écrivain que l’on aime ou non son style, que l’on aime ou non ses histoires, sait écrire ! C’est là que je m’en rend compte ! 

On sent que l’écrivain (mais je vais l’appeler l’auto-auteur pour la compréhension) a de l’imagination, des idées. L’auto-auteur sait écrire mais ne fait rien de plus.

Je suis tout à fait capable d’en faire autant ! Que dis-je ! J’en fais autant ! [1]

Écrire une histoire, inventer des personnages, faire un début et une fin, je sais faire !

Mais quand je me relis je trouve ça moyen, très moyen. De l’Arlequin amélioré, une histoire bâclée, des personnages sans aura, une écriture peu stylée.

J’aime les mots, la belle littérature. Je sais écrire “bien”.
Parfois je suis inspirée. Un poème, un billet mieux que les autres, une nouvelle. J’écris toujours mieux quand c’est court.

Et parfois je sais très bien que ce que je viens d’écrire est très moyen, voire nul !

Bref je sais qu’il faudrait travailler plus pour être un écrivain. Même pas pour publier, non, mais pour penser en être digne !

Écrire d’un seul jet, parce que “je tiens une histoire” ça oui, c’est bien et tout naturel !

Mais après il faut relire, et relire et plus encore ! Supprimer par ci, ajouter par là, étoffer un passage, retravailler un personnage. Faire des fiches pour les personnages, pour les lieux. Écrire dans le désordre (ça je l’ai fait aussi).

Laisser reposer, y revenir, laisser reposer encore. Un vrai roman à mon sens, c’est un an de travail minimum.

Ça peut ne jamais s’arrêter, mais au moment où je serais presque satisfaite, il faut aussi le faire lire à une personne de confiance, un œil extérieur capable de pointer du doigt le détail qui échappé à l’auteur. Quelqu’un qui ne soit ni trop complaisant, ni trop sévère !

Et tout ce travail, c’est simple, j’ai le courage d’avouer que j’ai la flemme !

Je ne dis pas que les auto-auteurs ne se relisent pas ! Mais peut-être qu’ils ne sont pas aussi exigeants avec eux-mêmes que moi.
Peut-être qu’ils n’ont pas le recul nécessaire pour se juger.
Ou peut-être qu’ils n’ont tout simplement pas de talent. Comme dit le bon sens populaire on ne fera jamais d’un âne un cheval de course.

D’autres encore se croient très doués. Ils ont peut-être entendu souvent : mais tu écris trop bien ! Tu devrais publier !

Je l’ai entendu aussi. Souvent ceux qui n’ont aucune imagination considère l’imagination comme un miracle, un don du ciel. Ceux qui ne savent pas écrire, ou n’auraient jamais l’idée de le faire croient que ceux qui écrivent sont des surdoués qui méritent la place en haut de l’affiche.

J’ai écrit beaucoup de choses que j’ai envie de faire lire… à mes proches ! Et encore pas tous ! Des romans qui sont tout à fait à leur place dans un contexte familial, dans un cercle d’amis, mais pas dans le rayon livres de Rauchan !

Tout comme mes albums photos, même les meilleurs, méritent la lumière du salon un dimanche en famille, mais il ne me viendrait pas à l’idée de faire une expo photo !

J’en parlais l’autre jour à Athéna en regardant les photos d’une amie. Elle a pris des photos du château, un endroit où je vais très souvent !

- Tu vois là, on sent tout de suite le talent, le regard du photographe ! Je prendrais le même endroit en photo, ce serait nul !

Idem je sais parfaitement juger mes photos, je ne fais pas d’illusions.

Peut-être que je manque d’orgueil ?
Peut-être suis-je tout simplement lucide !

N’est pas écrivain qui veut.
Et ce n’est pas parce qu’on peut maintenant s’auto-publier que tout le monde doit y aller de son petit roman.

La lassitude va se faire sentir, et il n’y aura plus de lecteurs, tout simplement !

Notes:

[1]  Et je ne suis pas la seule à pouvoir le faire d’ailleurs, ma sœur, des copines, mes filles, toutes nous avons écrit des histoires.