Dans un épisode d’une de mes séries préférées, l’héroïne, plaqué par un séducteur après une nuit, phantasme  : elle rêve que le malotru se fait attaquer par d’horribles monstres sanguinaires, et qu’elle les combat avec dextérité au point de les faire fuir. L’indélicat la remercie chaleureusement et se répand en excuses sur son attitude passée !

Phantasme masculin il parait ! Et pourtant j’ai fait les mêmes rêves, sauf qu’il n’y avait pas monstres au dent longues, mais que je retrouvais l’homme blessé au bord de la route, que j’étais la seule passante, et que je lui tenais la main en attendant les secours.

Souffrir d’aimer l’inaccessible, qui n’a pas connu ça ? C’est une horreur sans nom, pire que tout, pire que la fin du monde. Mon auteur préféré Francesco Alberoni dit dans un de ses livres, que si nous avions la possibilité d’utiliser un filtre d’amour pour que l’autre nous aime enfin, toute notre vie, nous nous demanderions si l’autre nous aime pour nous, ou à cause du filtre d’amour !

Depuis je rêve d’un filtre d’amour réversible ! Imaginons un instant : le monsieur est fou amoureux, sauf que voilà je me suis trompée, pour moi ce n’était qu’un petit béguin !

Avec mon imagination débordante, j’en ai inventé des scénarios !

Je me retrouve sur un île déserte avec l’élu de mon cœur : oui celui là même qui prétend que je suis sa sœur, et qu’il ne me touchera jamais !
On verra bien combien de temps je serai sa sœur !

Ou alors nous sommes kidnappés tous les deux, et enfermés dans un sous sol glauque, avec juste un lavabo et une paillasse. Mais nous ne sommes pas attachés, il ne faut pas abuser, sinon comment va se réaliser mon fantasme ? (je sais je l’écris des deux façons, c’est fait exprès).
Comme nous sommes persuadés que nous allons mourir, inutile de penser à demain. Sa femme, quelle femme ?

Il a subi un accident de voiture. Il a frôlé la mort de près. Et quand il se réveille sur un lit d’hôpital il prend conscience de la fragilité de la vie, et du fait qu’à un cheveu près il n’était plus là. Il se met à penser à sa vie, à ce qu’il a vécu ou pas, il se demande si il n’est pas passé à côté de quelque chose. Et il se met à penser à moi !

Rêve qui s’inspire d’une presque réalité, puisque un jour il s’est bel et bien retrouvé sur un lit d’hôpital, et sa copine de l’époque lui a demandé si elle devait m’appeler.

Même lorsqu’il s’agit d’un petit béguin, d’un désir éphémère, d’un rêve qui sera oublié avant la fin de l’année, des scénarios comme ça, j’en ai des tonnes en magasin.

Je me demande parfois si aimer l’inaccessible n’est pas une manière d’être, destinée à nourrir mon imagination sans limites !

Il serait peut être temps que je grandisse ?
Bof je ne suis pas pressée finalement ! De toutes façons il est trop tard pour espérer atteindre le mètre soixante dix !

 Et puis je les aime mes phantasmes !