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C’est un grand jour pour la fille aînée de Maryse : Lydia se marie après 4 ans de vie commune avec Eric.

Pour Maryse c’est aussi la fin d’un marathon, de longs jours de préparatifs,  de détails à régler, de stress et de nuits quasi blanches. Aujourd’hui Maryse espère qu’il n’y aura aucun couac dans l’organisation, mais le plus dur est fait et elle est persuadée que tout ira bien, et rien ne viendra gâcher le bonheur de sa fille et le sien.

À ses côtés, son compagnon depuis plusieurs années. Même si il n’est pas le père de ses enfants, Sébastien a été un soutien très appréciable durant ces moments de préparatifs. Patient, drôle, toujours le mot pour rire, pour dédramatiser, ou changer de sujet quand elle avait besoin de penser à autre chose.

Là bas, au premier rang, de l’autre côté de l’allée centrale, elle aperçoit le père de ses enfants. Il se tient bien droit, presque guindé, une écharpe en soie autour du cou. Il a déjà des cheveux gris, il a vieilli, cette femme près de lui doit être sa compagne, Maryse ne l’a jamais vue de près, mais elle correspond à la description que Lydia lui en a fait.

Sans le vouloir Maryse se retrouve dans un rêve étrange, elle se demande ce qu’elle serait devenue si elle était avec un homme comme lui aujourd’hui.
Comment a t-elle fait ?

Elle se souvient de son sérieux, de ses principes, de son manque de fantaisie. Et aussi sa façon de jouer les redresseurs de tort, de toujours donner des leçons.

Trop autoritaire avec les enfants, jamais tolérant pour les petites erreurs. Avec elle aussi d’ailleurs. Maryse avait l’impression de toujours être prise en faute, jugée, décortiquée. Elle se souvient avec une pointe d’angoisse comme elle se sentait libre, détendue quand il s’absentait pour quelques jours pour son travail !

Elle n’était pas malheureuse, non, c’est ça qui est sournois. Son ex-mari savait faire en sorte qu’il passent des moments inoubliables. Restaurant, voyages de rêves, cadeaux.
Non elle n’était pas malheureuse, elle n’était tout simplement pas elle-même !

Et puis cet orgueil ! Il était tellement imbu de lui-même ! Jamais il n’aurait reconnu avoir tort ! Il pensait que le monde tournait autour de lui. Souvent il lui racontait que les gens pensaient ça de lui, ou disaient ça. Elle haussait les épaules, car elle savait que les gens avaient autre chose à faire que de penser à lui !

Le paraître était très important. Les relations aussi, il faisait en sorte de garder le contact avec les gens qu’il jugeait dignes ou influents. Et ne manquait pas de se vanter de connaître tel ou telle personne, quitte à exagérer un peu le degré d’intimité avec ladite personne. Je connais bien X ! Elle le regardait avec des yeux ronds, elle qui savait qu’il s’était contenté d’échanger leurs cartes de visite !

Toujours en compétition avec les autres, y compris elle. Si elle réussissait un bon petit plat, le lendemain il refaisait le même pour montrer qu’il faisait mieux, et qu’il avait ajouté une épice spéciale qui change tout.

Comme la vie est plus facile aujourd’hui ! C’est fou ce qu’on s’adapte vite. Au début la plus grande qualité qu’elle trouvait à Sébastien c’était : reposant !
Oui aussi simple que ça, reposant !

Fini les grands discours pour commenter le moindre fait du quotidien. Et quand elle levait le petit doigt, elle ne craignait plus d’avoir levé le mauvais doigt !

Et petit à petit elle s’est rendu compte, qu’elle était tout simplement elle-même avec Sébastien. Elle était aimée, certes, mais pas seulement. Maryse était elle-même, naturelle, car n’ayant plus peur d’être jugée !

Elle lève les yeux vers son compagnon et lui fait un grand sourire admiratif et ébloui. Lui qui n’a pas suivi le cheminement de ses pensées pense que c’est du à la joie de marier sa fille et de vivre un moment émouvant.

Il sourit à son tour et lui prend la main.