J’ai du déjà évoqué ce sujet par ci, par là. Tant pis si je radote.

Je devais être en avance sur mon époque mais déjà quand j’étais jeune, j’avais horreur, mais alors horreur d’entendre les jeunes coqs parler des filles comme des proies, des objets, enfin je ne vous fais pas un dessin. 
- Celle là est trop X. elle est mettable…Je me la tape, je te la file après… Je lui ferai bien X.  Je me la réserve. Celle-là juste bonne pour un coup d’un soir.. Rt l’autre tu as son… sa… ses..

Comme je ne suis pas du genre à fermer ma g… je me révoltais, je m’énervais, surtout si c’était mon frère et ses potes, ou alors juste mon frère entouré de ses sœurs.

Mais dans les années 70, 80 voire plus se révolter contre ce genre de conversations n’était pas dans l’air du temps !
Et les coqs n’avaient qu’un seul argument : 

Tu es jalouse ! 

Jalouse ? Si c’est mon frère qui parle, euh non je ne vois pas pourquoi je serai jalouse.

Jalouse ? Il faudrait déjà que je sache de qui on parle, et ce n’est pas toujours le cas. Et puis même en imaginant que ce soit une bombe, grand bien lui fasse.

Jalouse ? Ça sous-entend que je suis jalouse parce que j’aimerais que l’on parle de moi comme ça : je consomme et je te la refile ? 

Jalouse ? Ça sous-entend que je suis un laideron, une horrible chose qui n’est jamais sollicitée, donc forcément jalouse dès que l’on parle d’une fille supposée b..
Encore que les goûts et les couleurs. C’est gentil de me voir comme ça les coqs, mais ça va pour moi, merci !

Jalouse ? Très condescendant  ! À double titre. Premièrement : laisse-nous parler entre coqs tu n’y connais rien !
Et deuxièmement : vu que tu es le laideron évoqué ci-dessus, on se gêne pas pour parler comme ça devant toi. Si tu étais une bombasse, on se retiendrait, on essayerait de faire bonne impression. On ne parlerait pas devant une bombasse des mérites d’un autre bombasse… Enfin plutôt de son s*x-appeal. 

Jalouse ? Ça peut sous-entendre aussi que je suis une vieille fille aigrie, une bigotte coincée, une nonne frustrée, bref n’importe quelle femme privée de galipettes par la force des choses et qui se venge en clouant au pilori le premier coq qui parle de la chose tout haut. 

Mais jamais au grand jamais, une femme qui réfléchit un peu plus loin que le bout de son nez, qui trouve anormal de parler des femmes comme des objets, qui trouve lamentable que les coqs soient persuadés que la poule n’attends qu’eux !

Cependant je vous rassure, il y a une morale et j’ai bien rigolé sous cape : tous ces jeunes coqs se sont finalement mariés avec des ” madame tout le monde “, pas avec la bombe du lycée ! 

Et pour le reste, quand la vague est arrivée j’ai pensé ” Ah ben quand même ! “.
Oui maintenant j’ai le droit de me révolter ! Et le premier coq qui me dit que je suis jalouse, je l’embroche et le met au tourne-broche. Je n’ai jamais essayé de recettes de coq au vin ou autre, d’ailleurs !